Le mouvement paysan qui vient d’éclater, et qui s’éteint doucement après une habile dilution par la police que nous avons abondamment annoncée et décrite, a révélé l’exaspération due à la misère dans nos campagnes. En profondeur, ce qui se joue, c’est l’épuisement d’un modèle hyper-étatiste, hyper-réglementé, et hyper-contraint, où les normes et les charges épuisent les petits producteurs. Pour contourner l’obstacle, Macorn avait proposé en 2017 une “montée en gamme” pour l’agriculture française. Nous dressons aujourd’hui le bilan de cette stratégie qui a manifestement échoué, et qui repose intégralement la question que nous posons régulièrement du trilemme agricole.
Nous évoquons régulièrement le trilemme agricole dans nos colonnes : comment assurer des revenus décents et une qualité de vie aux agriculteurs français, tout en apportant une nourriture abondante, à prix abordables, et de qualité ?
Nous touchons ici à la complexité du problème. Pour le résoudre, Emmanuel Macron a préconisé, lors de son discours du 11 octobre 2017, une “montée en gamme” des produits agricoles français, afin de se concentrer sur des produits à prix de vente élevé, dont rémunérateurs.
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Merci pour cette analyse à laquelle je voudrais ajouter quelques remarques:
1) “les Français ne sont pas prêts à acheter plus cher”… je dirais plutôt “certains Français” et sans doute “de plus en plus de Français” sur fond d’appauvrissement.
Il existe néanmoins des ménages qui choisissent de sacrifier d’autres postes de dépenses au profit de l’alimentation. Les plus pauvres n’ont pas le choix, beaucoup d’autres l’ont. Nos priorités sont le reflet des discours ambiants et d’une forme de pression sociale.
2) beaucoup sont sensibles au fait d’acheter français. Cependant, même en mettant de côté les cas de fraude (comme relevé par les agriculteurs pour ces fûts de miel d’Ukraine vendus à une entreprise dont les clients vendent ce même miel sous l’étiquette “100% produit en France”…), la provenance des produits n’est pas toujours claire. Et nous sommes dans un pays où l’Etat se fait fort de tout contrôler…
3) Dans un contexte de libre-échange généralisé, comment des producteurs français peuvent-ils tenir au vu de leurs charges? On en revient toujours au poids de l’Etat et de de notre protection sociale… Même s’il y avait la volonté politique en ce sens, difficile d’ouvrir un tel chantier en période de récession…
Reste que, si l’agriculture est une priorité pourquoi ne pas y appliquer ce qu’on a fait pour les salaires, c’est-à-dire des charges très réduites, voire nulles, pour les plus bas? Un pis-aller quand on souhaite une économie libérale (dont les acteurs sont libres de leurs décisions et responsables de ce qu’ils font dans le cadre de règles de droit simples et claires…)
4) enfin, au risque de paraître complotiste, je pense que Macron n’élabore pas lui-même ses politiques, il n’est qu’un porte-voix. Il n’a pas plus réfléchi aux conséquences à moyen et long terme que Jospin quand il a décrété l’arrêt de la moitié des réacteurs nucléaires. Orienter toute l’agriculture vers le bio assurait des bénéfices politiques immédiats mais comportait les grands risques induits par une décision centralisée.
Qui gouverne la France en réalité, en voulant de plus réglementer jusqu’au moindre détail tous les comportements.? D’accord avec vous, il n’y a pas que l’UE. Combien d’idéologues et de défenseurs des intérêts étrangers dans nos administrations (comme l’OFATE pour l’énergie… ).
Nous avons beaucoup d’excellents rapports et commissions parlementaires, pourquoi restent-ils lettre morte la plupart du temps?
Macron n’a jamais eu l’intention d’appliquer quelque stratégie que ce soit pour aller vers ces soi-disant objectifs. C’est de la pure communication comme on ne peut que le constater des années plus tard au vu des résultats. On peut toujours tout justifier a postériori, votre analyse reste superficielle et reprend juste les arguments des industriels en leur donnant raison et ne va pas à mon sens au coeur des pb, écoutez bien votre invité Sébastien Béraud 🙂
– Beaucoup de chose à dire;
– D’accord avec le constat perte de confiance, informations illisibles
– Ils savent déployer un pass sanitaire mais ils ne savent pas organiser l’information sur la filière française. Cherchez l’erreur. C’est pourtant pas compliqué. référencement global, volontariste, technologie simple et efficace mise en œuvre, traçabilité et contrôle. ==> Informer correctement , je flash , je sais ce que j’achète. Et si je veux en savoir plus, je peux on me donne les moyens. Information simple du citoyen sur les moyens. Reprise de confiance.
– je me souviens d’une initiative locale (en savoie je crois), quelqu’un avait fait un site pour référencer les producteurs et les artisans autour de lui, site commercial j’entends. Et bien cela devrait être le travail de la nation d’organiser ses filières et d’informer correctement.
– La PAC ne marche pas pour tout le monde, OK. Définir les priorités et quelle autonomie alimentaire on veut, à quel cout, quelle qualité, quels moyens. Le 100% pas possible et pas forcement souhaitable, travailler sur les bonnes stratégies et les bonnes alliances. Ce que l’on met dans la PAC on le met dans une stratégie nationale, cela donne une enveloppe budgétaire + le bénéfice de vente, cela entre dans l’équation pour définir : quoi – qualité – cout. Ce qui est subventionné entre dans le deal nation – producteur. Liberté totale de vendre ailleurs tout ou partie de sa production si le marché est meilleur ailleurs bien sur, ca c’est la libre entreprise. Mais respect des aspects contractuels, mutualisation des risques. La transformation et la distribution doit également faire parti du deal. La marge sur cette partie là doit aussi être mutualisée. Et pourquoi pas imaginer qu’il y ait un retour sur investissement du coté de l’état (plutôt voir cela comme une pompe qui participe à son propre entretien). Coté consommateur ? visibilité sur notre assiette, un pays que l’on choisit, et pourquoi pas baisse de TVA ou pas de TVA sur un panier de produit de ce new deal ?
Pourquoi pas essayer un modèle tri parties : une partie PAC à la française, PAC européen pour ceux qui on avantage à continuer avec (il faut partager cette partie pour alimenter la première partie, je sais pas comment), la partie libre entreprise selon le marché (TVA et impot son le retour).
Ah, je n’y connait rien. Mais je suis pas sur que ce soit une bonne idée d’industrialiser entièrement l’agriculture. En général la diversification dans la nature tend à la bonne santé et à l’équilibre des écosystèmes. Donc si on veut pas paupériser nos assiettes et nos campagnes (pas pour tout le monde on peut en etre sur) au propre et au figuré, il faut essayer de nouvelles recettes.
La réponse à la concurrence étrangère ne serait-elle pas les droits de douane ?
Bien sûr, la conséquence sera une montée des prix qu’il faudra expliquer, et dont le pilotage nécessitera des arbitrages qui devraient faire l’objet de votes.
Il me semble que la Suisse gère très bien ce genre de problème.
Le libre échange a des limites en matière d’autonomie agricole comme en matière d’énergie électrique.
Pourquoi la France, au lieu de se prostituer auprès de l’Europe, n’instituerait pas des normes qualitatives pour autoriser l’entrée sur son sol des produits concurrents.
L’empire romain avait ruiné les agriculteurs italiens en introduisant des produits agricoles ( vin, huile d’olive etc…) provenant des autres parties de l’empire à des prix très inférieurs.
Si on impose des normes de production à nos agriculteurs , il faut imposer les mêmes aux concurrents sinon c’est une concurrence déloyale.
Quand on voit les poulets ukrainiens qui sont transformés aux Pays Bas et qui se retrouvent sur les rayons des grandes surfaces , qui ne serait pas scandalisé ?
Qui plus est la commission européenne qui nous donne des leçons d’écologie à tout bout de champ ne trouve rien à dire au sujet des transports polluants et énergivores pour importer des produits du bout du monde !
Il est temps de réagir , il n’y a pas d’autres solutions que de quitter cette Europe ultra libérale et vendue aux monopoles.
Il ne faut pas confondre le libéralisme et l’impérialisme qui n’est que l’antichambre du communisme.