Dans cet entretien avec Florent Machabert, nous abordons la question épineuse des moyens de l’hôpital public. Que valent les rumeurs folles selon lesquelles l’Etat se désengagerait de l’hôpital, et selon lesquelles “Macron aurait baissé le budget des hôpitaux” ? Rien ne vaut un bon retour aux chiffres…
Dans cette capsule, nous faisons un point sur les dépenses hospitalières qui n’ont cessé d’augmenté plus vite que le PIB depuis 1997, date de la première loi de financement de la sécurité sociale.
- les dépenses des hôpitaux sont cadrées par un objectif national de dépenses d’assurance-maladie
- cet objectif a très fortement augmenté, de façon continue, depuis 1997
- régulièrement, les dépenses réelles ont d’ailleurs dépassé l’ONDAM, c’est-à-dire la prévision initiale en loi de financement de la sécurité sociale
- les graves problèmes des hôpitaux publics ne peuvent donc être imputés à une imaginaire baisse des budgets, même si de nombreux défenseurs du monopole public véhiculent (avec malice) cette fausse rumeur
- en revanche, l’extrême bureaucratisation de l’hôpital prive les services de soins de moyens importants, et entrave leur action
- la culture managériale de la centralisation et de la verticalité ajoute à cette perte d’efficacité
- le culte du “Big is beautiful” pousse à créer des hôpitaux géants qui déresponsabilisent les personnels
- la verticalité imposée par le ministère de la Santé et par les ARS achève de paralyser les compétences individuelles
Seule une introduction de l’ordre spontané dans les hôpitaux publics permettra de rétablir l’efficacité des soins.
passer l’hôpital public sous statut privé à but non lucratif comme en Allemagne paraît-il. Cela permettra au moins de s’affranchir de toutes les règles de la gestion publique (RH, achats,…). Sacrées économies en perspective.
1/ Il faut se souvenir que le dysfonctionnement de l’hôpital a été aggravé par les ordonnances Juppé de 1996 qui ont donné le pouvoir aux directeurs d’hôpitaux au détriment des médecins chefs de service. Inévitablement l’administration a préféré embaucher des secrétaires que des soignants . 2/ la responsabilité des médecins hospitaliers qui ont un statut de fonctionnaire relève du tribunal administratif qui est une anomalie française, le TA est reconnu pour sa lenteur. Ce n’est pas le cas du médecin libéral qui relève du tribunal civil. 3/ la responsabilité du médecin est un devoir de moyens non pas de résultat, la judiciarisation des erreurs médicales est exponentielle, la conséquence est que les postes de médecins hospitaliers (surtout en psychiatrie) sont vacants.
Tout cela paraît tenir la route. Mais un seul point est essentiel: combien de lits d’hôpital a-t-on supprimé? Combien de postes de soignants, combien d’hôpitaux “de province”? Même si une réforme administrative est sans doute indispensable, elle ne peut nous exempter de poser les questions première. Si l’on veut y répondre, l’intendance suivra.
Eh bien, on fera une vidéo sur la hausse des effectifs
Si on demandait aux personnels de soigner les patients au lieu de remplir des tableurs excel, ça irait un peu mieux.
Je corrige mon 3eme paragraphe « le médecin a une OBLIGATION de moyen pas de résultat » et « la judiciarisation des ÉCHECS médicaux est exponentielle » Bien entendu les erreurs médicales sont totalement condamnables mais il est très difficile d’évaluer les aléas thérapeutiques. C’est le rôle difficile de l’expert médical nommé par le juge.
Bonjour et merci, vous m’avez tenue debout pendant et depuis la mise en sommeil de la planète. Pour avoir reçu et écouté pendant 2 années, les soignants suspendus raconter au fil des ans leur infantilisation par la démarche qualité et toutes les restrictions de matériel essentiel pour payer les postes des contrôleurs qualité … oui un grand ménage serait à faire à condition de sortir des palmarès bidons et de la course aux agrandissements mais les exigences d’endettement viennent de l’état !
La technocratie s’est développée à partir d’objectifs financiers, mais aussi à travers l’inflation de normes et de codifications qui ont détourné (ou pu détourner) les médecins de l’objectif de soin, en les transformant en parties prenantes de la rentabilité de leur hôpital.
Le problème du nombre de lits ne vient pas de la diminution, mais de façon plus perverse, du fait qu’un lit vide est l’argent “perdu” pour l’hôpital.
Nous devons cette réforme à un certain Jean Castex…
https://www.youtube.com/watch?v=ceG8dd80JJU
(à partir de 11 mn)
La “crise sanitaire” a permis de comprendre, non seulement l’inflation de déclarations de cas Covid, mais aussi les dysfonctionnements de fond…
Les médecins ne sont pas des bons gestionnaires… mais les gestionnaires non médecins peuvent prendre des décisions qui ne visent que l’objectif financier.
Finalement, est en cause la déresponsabilisation à tous les niveaux qui va de pair avec le manque d’autonomie.
Si, les hôpitaux publics ont des problèmes d’argent car même si les budgets augmentent ceux ci vont principalement aux administratifs (HAS, ARS, etc…) au détriment des soins donc de l’hôpital. Et l’hôpital consiste à soigner, pas à entretenir des administrations redondantes, voire carrément paralysantes. Il y a donc un manque criant de personnel soignant car nos “élites” croient qu’ils vont résoudre les problèmes en engageant un surnombre de technocrates à la place des infirmiers, aides soignants ou médecins. Par dessus le marché un médecin à l’hôpital passe 20 minutes au lit des patients contre 40 minutes en paperasses, réunions plus ou moins utiles, problèmes informatiques, certifications, T2A etc.. Trop de bureaucrates en France, beaucoup trop. Une maladie Française.