Le Conseil Constitutionnel vient de refuser le sixième referendum d’initiative partagé dûment sollicité par des parlementaires. En l’espèce, les parlementaires LR ont demandé de soumettre à un referendum d’initiative partagée les mesures restrictives concernant l’immigration que le Conseil Constitutionnel avaient refusées au moment de la loi sur l’immigration. Et patatras, les Sages déboutent une nouvelle fois les LR, sur un motif qui mérite, pour le coup, d’être rappelé à tous les partisans du referendum : non, en démocratie, le peuple ne décide pas de tout.
LR vient de subir un nouveau revers sur l’immigration, avec ce refus du Conseil Constitutionnel d’organiser un referendum sur une proposition de loi restreignant l’accès des étrangers en situation régulière à des prestations d’aide sociale.
Ce refus était prévisible, puisque le projet de referendum s’appuie sur une conception très socialiste et totalitaire de la loi, héritée du Comité de Salut Public de 1793 : la loi peut tout, dans cette vision étrange de la démocratie, qui anime également certains partisans du RIC. Ainsi, le peuple, par referendum, pourrait légitimement décider de tout.
Rappelons que cette croyance est en rupture complète avec la démocratie elle-même :
- la base de la démocratie est le respect du droit, et tout particulièrement des droits naturels de chacun, y compris si ce chacun appartient à une minorité
- le vote est une forme dégradée de décision démocratique
- le vote majoritaire est la forme la plus primitive qui soit du mode de décision… des votes comme le scrutin préférentiel sont beaucoup plus respectueux des nuances de l’opinion
- le totalitarisme démagogique se caractérise par l’illusion qu’un referendum peut décider de ne plus respecter le droit
- en l’espèce, on comprend mal comment nous pourrions concilier avec nos droits naturels le fait que certains, en France contribuent à des prestations auxquelles ils ont droit, pendant que d’autres seraient obligés de les financer sans y avoir droit
Il est assez étonnant qu’un parti de gouvernement véhicule une vision aussi dangereuse du referendum. Redisons-le, la démocratie, ce n’est pas le droit du peuple de décider de tout, c’est l’obligation faite au peuple de respecter les droits individuels. C’est quand même très différent…
Vous avez raison : le peuple ne peut pas décider de tout. C’est pourquoi il délègue son pouvoir à ses représentants élus à l’Assemblée nationale.
Le problème, c’est qu’il ne se passe plus rien dans cette assemblée sinon des numéros de cirque de plus en plus vulgaires.
Si LR veut être crédible, qu’il prenne l’initiative d’une motion de censure avant les élections européennes. Après, il sera trop tard et sa désintégration sera accomplie.
Il ne peut y avoir de démocratie sans capitalisme, donc sans marché libre.
Jusqu’à quelle accumulation? Est ce un dogme ?
Bonjour à tous.
>Qu’est ce que le vote préférentiel.
>je veux bien être éclairé la dessus.
« le vote est une forme dégradée de décision démocratique
le vote majoritaire est la forme la plus primitive qui soit du mode de décision… des votes comme le scrutin préférentiel sont beaucoup plus respectueux des nuances de l’opinion »
merci à vous
La représentation est un système aristocratique tandis que le tirage au sort est le seul système démocratique. Le système occidental est depuis le XVIIIe siècle un système représentatif. Il n’y a jamais eu de démocratie dans l’Occident moderne; en septembre 1789, Siéyès a réussi à convaincre les députés de ne pas choisir le système démocratique et d’adopter le système représentatif. Dans les démocraties de la Grèce antique, les magistrats étaient tirés au sort et les citoyens votaient directement toutes les lois sans qu’aucun sujet ne soit interdit.
Si certains sujets doivent être interdits, qui va décider des sujets autorisés ? Un collège de grands prêtres ? Au nom de quoi ? Quels grands prêtres ? Choisis par qui ? Le général de Gaulle pensait qu’en France, la Cour suprême, c’est le peuple. Dans certains pays occidentaux, il n’y a pas l’équivalent du Conseil constitutionnel. En république, c’est le peuple qui a le dernier mot; nous ne sommes donc pas, non plus, en république puisqu’un cénacle de personnes non élues décide de ce qui peut être débattu ou non. Le système politique représentatif, libéral, occidental devient une oligarchie ploutocratique (dixit Jeffrey Sachs) ce que Mirabeau avait prédit dès 1789. Quant au vote préférentiel, il ne changerait rien sur le fond; le système serait tout aussi représentatif ; or, le problème politique occidental actuel, c’est précisément la représentation qui aboutit nécessairement à l’oligarchie. Nous n’en sortirons qu’en adoptant le référendum d’initiative populaire.
Oui, c’est bien sympa, mais un des droits du citoyen est peut-être quand même de ne pas se faire piller par l’état afin de respecter les droits de chacun à son petit pécule étatique… à moment donné si le nombre de ceux qui ne contribuent pas continuent à augmenter plus personne n’acceptera de bosser dans ce pays.
Bonjour,
d’où sortez vous cette curieuse définition de la démocratie ?
je cite : « la démocratie, ce n’est pas le droit du peuple de décider de tout, c’est l’obligation faite au peuple de respecter les droits individuels »
Bien à vous.
Les Suisses ont été appelés aux urnes 323 fois depuis 1848 dans le cadre de votations de démocratie directe. La Suisse est un pays démocratique. Une large majorité de Français souhaite un référendum sur l’immigration. On leur refuse. Est-on vraiment en démocratie?
Que le peuple ne décide pas tout, soit.
A condition toutefois qu’on n’oublie pas que ce que le peuple ne peut pas décider,
* les représentants du peuple ne le peuvent pas non plus, car ils ne sauraient avoir plus de pouvoirs que le peuple qu’ils représentent (la constitution les met d’ailleurs exactement au même niveau — ce qui est déjà trop, ils devraient être en dessous)
* et de même (en pire) les personnes désignées par les représentants (comme les membres du conseil constitutionnel !) :
Qui sont-ils pour décider cela ? Pour qui se prennent-ils ?
Réponse : un conseil religieux sur le modèle iranien du « Conseil des gardiens de la Constitution ». Mais sans le garde-fou des textes religieux éternels qui servent de base en Iran : ils écrivent et récrivent à leur guise la « bible » républicaine en fonction du résultat qu’ils veulent sur le moment (ici : surtout ne mettre aucun frein à l’immigration)
On est donc dans le grand n’importe quoi nihiliste caractéristique des temps, et non dans le respect des droits individuels dont on pourrait se féliciter.
que le peuple ne décide pas de tout : c’est pourtant lui le souverain !!!
en revanche, que la loi ne décide pas de tout.
La représentation est un système aristocratique tandis que le tirage au sort est le seul système démocratique. Le système occidental est depuis le XVIIIe siècle un système représentatif. Il n’y a jamais eu de démocratie dans l’Occident moderne; en septembre 1789, Siéyès a réussi à convaincre les députés de ne pas choisir le système démocratique et d’adopter le système représentatif. Dans les démocraties de la Grèce antique, les magistrats étaient tirés au sort et les citoyens votaient directement toutes les lois sans qu’aucun sujet ne soit interdit.
Si certains sujets doivent être interdits, qui va décider des sujets autorisés ? Un collège de grands prêtres ? Au nom de quoi ? Quels grands prêtres ? Choisis par qui ? Certains pays occidentaux ne sont pas dotés d’un équivalent de notre Conseil constitutionnel (la Suisse et les Pays-Bas, par exemple) et pourtant elles ne sont pas des tyrannies. Le général de Gaulle pensait, lui, qu’en France, la Cour suprême, c’est le peuple. En république, c’est le peuple qui a le dernier mot; nous ne sommes donc pas, non plus, en république puisqu’un petit cénacle de personnes non élues décide de ce qui peut être débattu ou non. En fait, le système politique représentatif de l’Occident libéral devient une oligarchie ploutocratique (déclaration du professeur Jeffrey Sachs en mars 2024 à Vienne) ce que Mirabeau avait prédit dès 1789. Quant au vote préférentiel, il ne changerait rien sur le fond; le système serait tout aussi représentatif avec ce type de vote ; or, le problème politique actuel des pays occidentaux, c’est précisément la représentation parce que cette dernière aboutit nécessairement à l’oligarchie dans les sociétés très inégalitaires, et les sociétés occidentales le sont de plus en plus. Nous ne pourrons sortir de l’oligarchie ploutocratique qu’en adoptant le référendum d’initiative populaire mais les libéraux qui nous oppriment détestent le référendum et ils méprisent d’ailleurs le peuple, depuis toujours, pour sa supposée incompétence. Rappelons qu’Aristote disait qu’un peuple pris dans son ensemble est toujours plus intelligent qu’une minorité, même si cette dernière est constituée des gens les plus brillants et que le très républicain Machiavel pensait la même chose.
Que de platitudes pour expliquer qu’on n’écoute pas les autres, et faire croire que la République, c’est le fanatisme de ceux qui pensent avoir raison sans chercher à comprendre…