René Descartes, à travers son célèbre cogito : « Je pense donc je suis »nous disait que penser est une chose mais avoir la certitude que nous existons vraiment, métaphysiquement, doit passer par la conscience de notre pensée et avec elle, la probabilité que tout ce que l’on croyait connaître et savoir pourrait être faux, que nous pouvions avoir fait fausse route et dès lors, tout re-penser s’impose.
Comprendre, oui, mais comprendre que nous avons compris est essentiel et profiter de la compréhension de la compréhension pour en faire quelque chose. Pour avancer vers d’autres expériences et d’autres moments clés de compréhension. Nous connaissons tous les joies que comprendre nous procure.
Le déclic de la compréhension
Quelle est cette joie ? Analysons-là et que provoque-t-elle ? Cette joie est le déclic d’un accord entre les différentes parties de notre cerveau mises à contribution dans le mécanisme de mise en place des informations qui se présentent à nous. Tout à coup les connections se font et la compréhension est là, une joie se fait sentir immédiatement. Si nous ne faisons pas le travail suivant, celui de la conscience de la compréhension, nous resterons au stade premier de l’enfant qui résout un problème simple. Il nous faut faire le travail d’analyse qui vient juste après ce déclic de compréhension, celui qui nous mènera à une petite transformation de notre conscience, celui qui nous fera sortir de nous, quitter notre en-soi et qui nous fera nous observer, nous-même, dans ce moment de joie. Nous connaîtrons alors, la compréhension absolue. Le spectacle sera double: celui du déclic joyeux de la compréhension, doublé de celui de la réjouissance d’avoir compris que nous avons compris. Nous serons alors face à nous, extérieur à nous et c’est à cette condition que nous parviendrons à évoluer vraiment, à nous transformer. Nous serons devant le spectacle de la compréhension de la compréhension. Plus encore, cette observation de nous sera faite par notre esprit et ce sera alors le moment de faire le travail de compréhension dialectique que nous sommes en présence de notre esprit qui se ravit de notre pour-soi en observation de compréhension. Nous aurons fait le tour de la complexe question de la compréhension quand nous aurons expérimenté cette dialectique. Si nous ne faisons rien de tout ça, nous resterons de pauvres hères, nerveusement hilares d’avoir eu l’intelligence toute provisoire et accidentelle d’avoir compris quelque chose que nous oublierons bien vite. Alors que réaliser la dialectique de compréhension en observation de soi est un moment qui restera ancré dans notre conscience et qui décuplera notre satisfaction sur le temps et pas sur l’instant.
De la compréhension à la conscience de la compréhension
Pour comprendre, il ne suffît pas d’être très attentif et de se concentrer sur un problème, sur une situation. Il faut plus que ça, il faut être actif et embrayer le pas de la compréhension en agissant tout en écoutant. Il faut scruter, chercher, ne pas se satisfaire de l’information la plus visible parce que celle-là, c’est certainement la plus fausse, la plus manipulée. Il faut activer notre sacrée curiosité et compter sur elle pour être insatisfait des réponses les plus accessibles. Mais ces opérations seront dès lors réalisables puisque nous avons fait le travail sur notre esprit et avons déjà réussi à nous désaliéner de la société du profit pour donner du sens à notre vie grâce à l’activation de notre esprit. Il aura toujours une approche distante et divine, une approche métaphysique des problèmes auxquels nous sommes confrontés.
Y parvenir par la seule volonté n’est pas la méthode la plus simple, une autre méthode plus progressive est celle de l’effacement de soi ou de l’effacement de son en-soi. S’effacer face à une situation permet de nettoyer toutes les mauvaises habitudes de notre persona et nous permet d’accéder à une analyse neutre de toute pollution de notre éducation. Le glissement peut alors se faire de l’abandon de soi vers le retour à soi après avoir saisi parfaitement une situation complexe. Ce retour à soi est le stade ultime de compréhension absolue puisqu’il nous aura fait voyager à travers tout le cycle, qui va de l’abolition de l’en-soi pour sortir de nous et nous observer, nous analyser, nous critiquer dans le pour-soi et finalement revenir à nous en accord avec tout notre voyage dialectique.
L’action comme étape ultime de la compréhension
Dès que nous aurons acquis la compréhension absolue, les sujets d’attention se multiplieront et il deviendra un jeu de les affronter, de les décrypter les uns après les autres pour comprendre, à la fin, qu’ils sont tous liés dans le grand ordre cosmique du déterminisme universel. C’est à ce moment-là que nous nous sentirons réellement nouveau, une même enveloppe mais un esprit alerte et actif qui prend plaisir à vivre et à rencontrer des problèmes. Ces problèmes du passé seront des sujets d’attention futurs et deviendront un ensemble riche et complexe, mais de compréhension désormais immédiate. Nous nous dirigerons alors vers le contrôle de notre pour-soi dans un monde qui n’aura plus de secrets pour nous. Le moment sera venu de passer à l’Action.
Extrait de « Philosophie du devenir » à paraître.Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même