En Allemagne, la consommation d’alcool chez les jeunes reprend de plus belle après une accalmie forcée par la crise du COVID-19. Cette reprise inquiète les experts, car elle s’accompagne souvent de comportements à risque et de consommation excessive. Viktoria Joelle Moll, éducatrice au centre de prévention de la toxicomanie Update à Bonn, souligne l’importance de renforcer la prévention face à ces dérives. En effet, selon une étude, en Allemagne , l’alcool est devenu un fléau auquel les jeunes goûtent de plus en plus tôt. Pour autant dans certains pays, la «politique enfermiste » durant le Covid a largement favorisé les risques liés aux addictions, comme la consommation d’alcool.
La consommation d’alcool est depuis longtemps ancrée dans la culture allemande, en particulier lors d’événements festifs comme le carnaval ou Halloween. Ces occasions, marquées par une ambiance de célébration et de détente collective, incitent souvent les jeunes à dépasser les limites raisonnables. Il n’est pas rare de voir des adolescents hospitalisés après avoir consommé de grandes quantités de spiritueux mélangés à des boissons gazeuses. « Notre expérience dans les hôpitaux est que personne n’est admis pour avoir bu trop de bière. Ce sont toujours des spiritueux forts mélangés à des sodas qui causent des problèmes », explique Viktoria Joelle Moll, une éducatrice travaillant pour Update
Les jeunes hommes gros consommateurs d’alcool comme avant le COVID
« La disponibilité rapide d’alcool » dans le pays est la principale cause de la consommation excessive chez les jeunes, s’alarme selon Mme Moll. En Allemagne, à partir de 18 ans, il est possible d’acheter n’importe quelle boisson alcoolisée. La loi autorise même sa consommation en en public. Les jeunes de 16 ou 17 ans sont également autorisés à acheter et à boire de la bière et du vin.
Chaque année, des adolescents et des jeunes adultes atterrissent à l’hôpital après une consommation excessive de boisson alcoolique. Viktoria Joelle Moll leur rend visite environ 30 fois par an. Pendant la pandémie du Covid-19, le taux de consommation d’alcool des jeunes allemands a fortement diminué. On peut expliquer cela par la fermeture des bars et les règles drastiques de confinement.
Mais selon Viktoria Joelle Moll, depuis la fin de la pandémie, les jeunes Allemands ont repris leurs habitudes. Selon une enquête menée par le Centre allemand d’éducation à la santé (BZgA) auprès d’environ 7000 jeunes entre avril et juin 2023, dans le cadre de l’étude régulière du Centre sur l’affinité aux drogues (DAS), les jeunes hommes boivent plus que les jeunes femmes. 46% d’entre eux ont déclaré avoir bu jusqu’à l’ivresse. L’enquête a également indiqué une hausse de la consommation excessive l’alcool chez les jeunes de 12 à 17 ans. 17% des garçons de cette tranche d’âge ont avoué qu’ils ont déjà bu jusqu’à l’ivresse, contre 10% des filles.
Les périodes de fête telles qu’Halloween et le carnaval se révèlent particulièrement difficiles pour les professionnels de la prévention. Moll et son équipe commencent souvent leurs journées par des appels aux hôpitaux pour identifier les patients admis durant la nuit et proposer une intervention. Cette pratique réactive met en lumière l’ampleur du phénomène et la nécessité d’une vigilance accrue.
Pour un renforcement des efforts de prévention et d’éducation
Certes, le bilan est alarmant. Mais selon cette enquête, cette enquête a révélé une nouvelle plutôt positive. En effet, les gens sont moins attirés par l’idée de consommer régulièrement de l’alcool. En effet, seuls 39% des jeunes hommes âgés de 18 à 25 ans interrogés boivent de l’alcool au moins une fois par semaine. Ce chiffre chute à 18,2% chez les jeunes femmes.
Selon Mme Moll, le nombre de cas d’intoxication est inférieur à celui d’avant la pandémie. Elle a déclaré que le fait d’être admis à l’hôpital suffit parfois à convaincre les gens de modifier leur comportement vis-à-vis de l’alcool. Cela dit, elle estime qu’il est important de conscientiser les jeunes sur les effets néfastes de la consommation d’alcool.
« Plus les jeunes commencent à boire tôt, plus il est crucial de leur enseigner non seulement les effets de l’alcool et des drogues, mais aussi des compétences de vie essentielles pour s’imposer sans substances »,
ajoute Moll.
Parallèlement aux USA, les complications de santé associées à la consommation d’alcool ont progressé chez les femmes durant la crise COVID-19, selon une étude publiée dans la revue JAMA Health Forum. Si le Covid-19 a affecté physiquement les individus, il a également mis en exergue la hausse des syndromes d’addiction et de dépression.
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