Le chocolat deviendra-t-il un luxe réservé à une élite ?

Le chocolat deviendra-t-il un luxe réservé à une élite ?


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La pénurie de cacao a entraîné une hausse spectaculaire des prix, impactant à la fois les chocolatiers et les consommateurs européens. Cependant, les producteurs africains, à l’origine de la majeure partie de l’offre mondiale, ne bénéficient que très peu de cette situation.

Depuis quelques années, le prix du cacao mondial n’a cessé d’augmenter. Mais depuis 2024, il a grimpé en flèche. L’industrie chocolatière mondiale est donc en crise. Face à cette flambée brutale du cacao, de nombreux chocolatiers se retrouvent dans une situation délicate. Si certains d’entre eux ont déjà fermé boutique, d’autres ont dû augmenter le coût de leurs produits. La situation pénalise tout autant les fins gourmets.

Les causes de l’explosion des prix du cacao

Près de 65 % du cacao mondial provient de quatre pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun. La flambée des prix trouve son origine dans une combinaison de facteurs :

  • Les maladies des plantations : Le virus du gonflement des pousses du cacaoyer (CSSV) a touché 81 % des plantations ghanéennes et 60 % des cultures en Côte d’Ivoire, provoquant une chute drastique des rendements.
  • Le changement climatique : Des températures plus élevées et des conditions météorologiques extrêmes, notamment en raison d’El Niño, ont aggravé la situation. Cette forte humidité a également contribué à la baisse des récoltes en 2024.
  • Des problèmes structurels : Une agriculture peu modernisée et le manque d’investissements dans les cultures résilientes rendent les producteurs vulnérables aux chocs extérieurs.

De nombreux chocolatiers encore en activité ont été obligés d’augmenter les coûts de leurs produits. En Allemagne, les prix du chocolat ont grimpé de 40% depuis 2020. Evidemment, la crise du cacao pénalise aussi les consommateurs.

Un impact inégal sur les différents acteurs de la filière

Si les chocolatiers et les consommateurs européens subissent les effets de cette crise, les producteurs africains continuent de percevoir des revenus très faibles.

Les grands groupes chocolatiers comme Lindt parviennent à répercuter la hausse des prix sur les consommateurs tout en maintenant des profits élevés. Son chiffre d’affaires mondial a par exemple augmenté de 7,8% en 2024. Sur le marché européen, la marque a enregistré une forte croissance de 9,5%.  Tout cela indique que les consommateurs ont continué à acheter du chocolat malgré la hausse des prix.

De leur côté, les producteurs africains subissent une exploitation persistante et des conditions de travail précaires. Le système de fixation des prix par les multinationales leur laisse peu de marge de manœuvre, alors même que la crise pourrait théoriquement leur être bénéfique.

Le chocolat deviendra-t-il un luxe réservé à une élite ?

La question se pose dès lors : le chocolat deviendra-t-il un luxe réservé à une élite ?

Certains experts estiment que la consommation restera stable en raison du caractère réconfortant du chocolat, même en période de crise économique. Toutefois, la durabilité de la production est menacée à long terme.

Des efforts sont nécessaires pour rééquilibrer la filière. Le gouvernement ivoirien, par exemple, tente d’imposer des règles plus strictes aux géants du cacao comme Cargill et Barry Callebaut afin qu’ils respectent un prix plancher et une prime de durabilité.

Si ces mesures ne suffisent pas, les jeunes générations d’agriculteurs pourraient abandonner la culture du cacao, menaçant l’approvisionnement mondial et accélérant la transformation du chocolat en un produit de luxe inaccessible pour beaucoup.


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