L’Amérique est toujours en guerre, un peu comme sa marâtre anglaise, dénoncée en son temps par Kant ou Chateaubriand ; elle a fait détruire l’Ukraine et prépare l’anéantissement de l’Europe comme en 1942-43 (on rasa l’occident et on laissa l’orient à Staline) ; ensuite l’infatigable ira exterminer russes et chinois ; et si elle peut au bout détruire une nouvelle fois le monde, elle sera exaucée car on pourra tout reconstruire ou faire des croisières au milieu des ruines (Julius Evola sera bien attrapé). Anatole France explique pourquoi dans l’Ile aux pingouins, roman de SF publié en 1912. France fut nobélisé en 1921.
C’était il y a plus de cent ans. Avant la guerre, on fait les présentations (Titan, Babel, géant, Walhalla du business comme dans le film Network, etc.) :
« Après quinze jours de navigation son paquebot entra, la nuit, dans le bassin de Titanport où mouillaient des milliers de navires. Un pont de fer, jeté au-dessus des eaux, tout resplendissant de lumières, s’étendait entre deux quais si distants l’un de l’autre que le professeur Obnubile crut naviguer sur les mers de Saturne et voir l’anneau merveilleux qui ceint la planète du Vieillard. Et cet immense transbordeur charriait plus du quart des richesses du monde. »
On arrive dans la Nouvelle Atlantide façon Francis Bacon (on y reviendra à celui-là) :
« Le savant pingouin, ayant débarqué, fut servi dans un hôtel de quarante-huit étages par des automates, puis il prit la grande voie ferrée qui conduit à Gigantopolis, capitale de la Nouvelle-Atlantide. Il y avait dans le train des restaurants, des salles de jeux, des arènes athlétiques, un bureau de dépêches commerciales et financières, une chapelle évangélique et l’imprimerie d’un grand journal que le docteur ne put lire, parce qu’il ne connaissait point la langue des Nouveaux Atlantes. Le train rencontrait, au bord des grands fleuves, des villes manufacturières qui obscurcissaient le ciel de la fumée de leurs fourneaux: villes noires le jour, villes rouges la nuit, pleines de clameurs sous le soleil et de clameurs dans l’ombre. »
Le très naïf professeur obnubilé se croit dans un pays pacifique (il n’a pas lu Smedley Butler) :
« —Voilà, songeait le docteur, un peuple bien trop occupé d’industrie et de négoce pour faire la guerre. Je suis, dès à présent, certain que les Nouveaux Atlantes suivent une politique de paix. Car c’est un axiome admis par tous les économistes que la paix au dehors et la paix au dedans sont nécessaires au progrès du commerce et de l’industrie. »
Gigantopolis est une dromocratie (comme dirait Virilio) :
« En parcourant Gigantopolis, il se confirma dans cette opinion. Les gens allaient par les voies, emportés d’un tel mouvement, qu’ils culbutaient tout ce qui se trouvait sur leur passage. Obnubile, plusieurs fois renversé, y gagna d’apprendre à se mieux comporter: après une heure de course, il renversa lui-même un Atlante. »
On arrive au parlement (style grec néoclassique) :
« Parvenu sur une grande place, il vit le portique d’un palais de style classique dont les colonnes corinthiennes élevaient à soixante-dix mètres au-dessus du stylobate leurs chapiteaux d’acanthe arborescente.
Comme il admirait immobile, la tête renversée, un homme d’apparence modeste, l’aborda et lui dit en pingouin:
—Je vois à votre habit que vous êtes de Pingouinie. Je connais votre langue; je suis interprète juré. Ce palais est celui du Parlement. En ce moment, les députés des États délibèrent. Voulez-vous assister à la séance?
Introduit dans une tribune, le docteur plongea ses regards sur la multitude des législateurs qui siégeaient dans des fauteuils de jonc, les pieds sur leur pupitre. »
La séance commence – et les justes guerres et autres guerres du droit commercial ou autre. On commencera par la Mongolie (c’est entre la Chine et la Russie…) :
« Le président se leva et murmura plutôt qu’il n’articula, au milieu de l’inattention générale, les formules suivantes, que l’interprète traduisit aussitôt au docteur:
—La guerre pour l’ouverture des marchés mongols étant terminée à la satisfaction des États, je vous propose d’en envoyer les comptes à la commission des finances….
»Il n’y a pas d’opposition?…
»La proposition est adoptée.
»La guerre pour l’ouverture des marchés de la Troisième-Zélande étant terminée à la satisfaction des États, je vous propose d’en envoyer les comptes à la commission des finances….
»Il n’y a pas d’opposition?…
»La proposition est adoptée. »
Après Anatole nous explique pourquoi cette grande nation commerçante adore comme l’Angleterre faire tout le temps et partout la guerre. Lisez bien c’est génial :
—Ai-je bien entendu? demanda le professeur Obnubile. Quoi? vous, un peuple industriel, vous vous êtes engagés dans toutes ces guerres!
—Sans doute, répondit l’interprète: ce sont des guerres industrielles. Les peuples qui n’ont ni commerce ni industrie ne sont pas obligés de faire la guerre; mais un peuple d’affaires est astreint à une politique de conquêtes. Le nombre de nos guerres augmente nécessairement avec notre activité productrice. Dès qu’une de nos industries ne trouve pas à écouler ses produits, il faut qu’une guerre lui ouvre de nouveaux débouchés. C’est ainsi que nous avons eu cette année une guerre de charbon, une guerre de cuivre, une guerre de coton. Dans la Troisième- Zélande nous avons tué les deux tiers des habitants afin d’obliger le reste à nous acheter des parapluies et des bretelles. »
La suite n’est pas mal non plus :
« À ce moment, un gros homme qui siégeait au centre de l’assemblée monta à la tribune.
—Je réclame, dit-il, une guerre contre le gouvernement de la république d’Émeraude, qui dispute insolemment à nos porcs l’hégémonie des jambons et des saucissons sur tous les marchés de l’univers.
—Qu’est-ce que ce législateur? demanda le docteur Obnubile.
—C’est un marchand de cochons.
—Il n’y a pas d’opposition? dit le président. Je mets la proposition aux voix.
La guerre contre la république d’Emeraude fut votée à mains levées à une très forte majorité.
—Comment? dit Obnubile à l’interprète; vous avez voté une guerre avec cette rapidité et cette indifférence!… »
Cerise sur le gâteau, le coût humain :
—Oh! c’est une guerre sans importance, qui coûtera à peine huit millions de dollars.
—Et des hommes….
—Les hommes sont compris dans les huit millions de dollars. »
N’oublions pas que nos commerçants anglo-saxons sont malthusiens aussi. Il leur faudra 500 millions d’hommes, comme indiqué en Géorgie.
On laisse le maître conclure :
« Alors le docteur Obnubile se prit la tête dans les mains et songea amèrement:
—Puisque la richesse et la civilisation comportent autant de causes de guerres que la pauvreté et la barbarie, puisque la folie et la méchanceté des hommes sont inguérissables, il reste une bonne action à accomplir. Le sage amassera assez de dynamite pour faire sauter cette planète. Quand elle roulera par morceaux à travers l’espace une amélioration imperceptible sera accomplie dans l’univers et une satisfaction sera donnée à la conscience universelle, qui d’ailleurs n’existe pas. »
Mais si que la conscience universelle existe, ou la communauté internationale, ils l’ont dit à la télé !
On répète car c’est merveilleux :
—Les hommes sont compris dans les huit millions de dollars. »
Sources :
http://www.bouquineux.com/index.php?telecharger=1970&France-L_%C3%8Ele_Des_Pingouins
https://fr.wikisource.org/wiki/Nouvelle_Atlantide_(trad._Lasalle)
merci pour ce texte !
1908 c’est ça? C’est aussi bien une critique des puissances européennes encore dominantes à l’époque.
Waoh !
« L’Histoire future décrit le monde contemporain et sa fuite en avant, un monde « où le goût s’était perdu des jolies formes et des toilettes brillantes », où règne « une laideur immense et régulière »… La condition humaine alterne alors entre constructions démesurées, destructions et régressions : « On ne trouvait jamais les maisons assez hautes… Quinze millions d’hommes travaillaient dans la ville géante… » C’est l’histoire sans fin, cycle infernal qui, pour Anatole France, rend improbable l’idée d’une société future meilleure. »
120 ans d’avance si j’en juge par ce qui précède.
Texte merveilleux à toujours relire, comme Jonathan Swift narrant à peu près les mêmes conjectures dans les Voyages de Gulliver. On a compris assez rapidement en mars 2020 que la pandémie était une guerre d’extermination et de réduction de population, fait confirmé par la vaccination ARNm Pfizer mengeléenne. Il suffisait d’observer les vies personnelles stériles quasiment sans familles des élites mondiales qui gouvernaient ou annonçaient l’Apocalypse démographique. Malthus avait de nouveau des adeptes au pouvoir, les écologistes français – aujourd’hui fusionnés dans la forge de l’enfer NUPES, ou NASDAP, ça sonne pareil ! – disciples d’Hitler proposaient de « moissonner le trop plein », de manière urgente selon Bill Gates. L’Event 201 avait présenté Le Plan à « tout ce qui compte » sur cette terre – dernière belle locution qu’on retrouve au bilan des guerres économico-impériales sous ces 8 millions. Le Projet « Car c’est notre Projet ! » de Gouvernement Mondial des cinglés (Attila par exemple) est assez simple au fond : créer Metropolis (Soleil Vert, Blade Runner, Total Recal) pour contrôler, diminuer, asservir la population. L’émission de France 5 n’est plus disponible sur le web où Yves Cochet, mathématicien émérite et ancien Ministre de l’Ecologie de Lionel Jospin, annonce sans sourciller devant Anne-Élisabeth Lemoine dans l’émission C à Vous (février 2020, au tout début de la pandémie de Covid-19 en Chine pas encore arrivée en Europe – sauf par les lignes Wuhan-Roissy mais on ne le saura que plus tard) que « le bon étiage de population mondiale serait de 700 millions ». J’ai vu cette émission en direct, effaré que la journaliste ne vire pas immédiatement le théoricien cynique du plateau pour nazisme affirmé sans aucun complexe… Quand on voit ce qu’on fait subir à Z par ailleurs, on est vraiment à Radio Paris ! Mais c’est juste un programme politique, dont le nom annoncé par ces mêmes élites depuis belle lurette est « Les Heures les plus sombres de notre Histoire », répété à l’envi pour reduire ad Hitlerum les dénonciateurs, les Cassandres et les lucides. Tout un programme qui va rentrer à l’Assemblée Nationale en juin 2022 sous l’acronyme NUPES, que l’on pourra traduire plus simplement par « Nuit et Brouillard ». Qui n’a pas encore pigé ?
Anatole France ne comprenait rien à l’économie. Ce texte est navrant. Le commerce est source de paix. Le colonisateur, l’envahisseur ne sont jamais des commerçants, mais des prétentieux et des voleurs. Votre obsession anti-américaine (voir Revel) vous fait oublier les bases mêmes de l’économie libérale. Je me désabonne de votre journal pétainiste, ou munichois, comme vous voulez.
Dommage, yavait du bon dans votre idée de sécession. D’ailleurs j’ai déjà fait sécession en Thailande, depuis bien longtemps.
PS : j’ai aussi passé 8 ans dans un pays communiste (année 80). Je n’ai pas oublié comment fonctionne la propagande communiste, dont Poutine est l’héritier direct. Déjà là-bas, ayant accès aux journaux français, j’étais consterné par la naiveté, le manque d’intelligence, l’irrécupérable stupidité des journalistes et autres diplomates qui ne comprenait rien au fonctionnement des sociétés communistes et gobaient la propagande comme des vérités. Poutine marche à la désinformation à flots continus, et vous gobez ça. Navrant ! Le courrier des stratèges n’est qu’un courrier des trouffions. Incapable de sortir le nez de leur tranchée mentale.