Pour renforcer sa capacité de surveillance, la junte militaire du Myanmar a équipé le pays de systèmes de reconnaissance faciale d’origine chinoise. Si la junte avait assuré que leur objectif était de garantir la sécurité en Birmanie et de préserver la paix civile avec une « ville sûre ». La sécurité des militants pour la démocratie et des groupes de résistance semble menacée. La junte du Myanmar utilise cette technologie pour traquer et éliminer ses opposants.
Pour accroitre ses capacités de surveillance, de plus en plus de pays usent de la technologie de reconnaissance faciale comme le logiciel de Clearview AI. Après le coup d’Etat du février 2021, la Birmanie a déjà eu recours à la technologie de reconnaissance faciale. A l’époque, les autorités avaient pour ambition de créer des « villes intelligentes » en installant des caméras de sécurité dans les villes de Tangon, Naypyidaw, Mandalay, Sittwe et la capitale de l’Etat de Rakhine, sous le gouvernement civil renversé dirigé par Aung San Suu Kyi. Mais à l’évidence, cette expansion des systèmes de technologie faciale s’agit avant tout d’une surveillance constante sur la population. Une emprise du pouvoir qui permettra de mater toutes sortes d’oppositions.
Une menace sérieuse pour les droits de l’homme
Comme la Chine a utilisé la technologie de reconnaissance faciale pour profiler la minorité ethnique ouïghoure. La junte de Myanmar a également commandé plusieurs caméras munies d’une technologie d’intelligence artificielle auprès des entreprises chinoises Huawei, Hikvision et Dahua, pour imposer une surveillance constante sur la population.
Selon DW, ces appareils sont dotés d’une technologie d’intelligence artificielle qui scanne automatiquement les visages et les plaques d’immatriculation des véhicules dans les lieux publics et alerte les autorités sur les personnes figurant sur une liste de personnes recherchées
Selon les experts, l’usage accru de la technologie de reconnaissance faciale d’origine chinoise met en danger tout individu qui ose s’opposer au régime militaire de Myanmar. Au mois de mars 202, un rapport publié par Human Rights Watch (HRW) dénoncé déjà l’usage excessif des systèmes de reconnaissance faciale chinois par la junte de Myanmar.
Certains équipements ont été placés dans les cantons situés autour de la capitale Naypyidaw, avant la prise du pouvoir par les militaires suite au coup d’Etat au 1er février 2021. Le 1er février 2021, les militaires ont pris le pouvoir démocratique et renversé le gouvernement civil démocratiquement élu dirigé par Aung San Suu Kyi. Le document a indiqué que cela constitue « une menace sérieuse pour les droits de l’homme ».
Un régime autoritaire numérique
La junte de Myanmar reste fidèle à elle-même. En contrôlant la plus grande société de télécommunications du Myanmar, Telenor, elle a également renforcé son emprise sur Internet, en mettant en place une censure des contenus en ligne.
Certaines informations révèlent qu’elle aurait installé des logiciels espions sur les services de télécommunications et les fournisseurs d’accès à Internet afin de mieux surveiller et combattre les “traîtres” en ligne.
Une des militantes d’Yangon, Thinzar Shunleo Yi, a déclaré qu’il faut désormais résister à « un régime autoritaire numérique, à tout moment la junte peut déterminer où nous sommes et ce que nous faisons…toutes nos informations peuvent être exposées ». Et d’ajouter qu’il est devenu « plus difficile d’organiser une grande grève dans différentes zones urbaines”. Selon la militante, la junte utilise largement son pouvoir numérique pour diffuser des fausses informations.
Actuellement, la situation sécuritaire continue de se détériorer dans le sud-est du Myanmar. En effet, plusieurs régions du sud-est de Myanmar sont devenues le théâtre des affrontements entre les militants et l’armée qui se sert d’artillerie lourde.
Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), depuis que le régime militaire a pris le pouvoir, la junte aurait tué plus de 2.100 individus. De nombreuses arrestations ont aussi eu lieu à Myanmar. Plus de 14.800 personnes ont été inculpées et condamnées.
Le directeur adjoint de HRW pour l’Asie, Phil Robertson, a même déclaré que la junte se sert des caméras de surveillance pour connaître les faits et gestes des opposants. Elle programme ensuite des raids pour les arrêter et les éliminer, cas des 4 militants exécutés à savoir Phyo Zeya Thaw, Kyaw Min Yu, Hla Myo Aung et Aung Thura Zaw.
Pour HRW, l’usage de la technologie de reconnaissance faciale est très courant dans le monde entier. Mais il est programmé pour des raisons de sécurité. En effet, les gouvernements s’en servent pour lutter contre la criminalité.
Par ailleurs les résultats sont loin d’être à la hauteur, selon les chercheurs du National Institute of Standards and Technology (NIST), un centre affilié au gouvernement américain, les systèmes de reconnaissance faciale actuels ne sont pas toujours fiables. Ils identifient à tort des personnes.
Dans tous les cas, son usage met en péril la liberté et l’intimité de milliers d’individus. Cette tactique « orwellienne », une méthode de surveillance généralisée des citoyens, commence de plus en plus à être contestée dans les démocraties occidentales et devrait faire l’objet de débat au sein des parlements.
Schwab a passé un contrat avec la junte pour tester le dispositif de surveillance de masse avant de l’appliquer en occident..belle coordination !