Ce 17 octobre au matin, la Russie a frappé le siège d'Ukrenergo, principal pourvoyeur d'électricité du pays. La question se pose d'une intensification des opérations russes contre Kiev, dans l'objectif de renverser le gouvernement Zelenski. De nombreux signes convergent pour penser que la Russie pourrait exploiter le flottement des élections de mi-mandat américaines et la plongée de l'Europe dans la crise.
A première vue, la bataille d’Ukraine poursuit son cours, avec une intensification progressive.
+ Samedi 15 octobre, les troupes kiéviennes ont tenté un nouvel assaut, dans la région de Kherson. En fin de journée, il avait été repoussé. Il semble qu’un nouvel assaut soit en préparation.
+ L’armée ukrainienne a continueé ses tirs d’artillerie sur Donetsk et sur Belgorod. Dans la région de Belgorod, toujours, un commando aurait attaqué un camp d’entraînement russe; une organisation affirmant défendre les droits des Tatars de Crimée a revendiqué l’action.
+ Les frappes russes sur les infrastructures électriques ukrainiennes ont continué, systématiquement. Enumérer la liste des villes ou des régions frappées serait fastidieux puisqu’en fait c’est toute l’Ukraine qui est visée. Outres les installations électriques, les centres de décision, les noeuds ferroviaires, les centres de logistique militaire, les dépôts de carburants, des silos de stockage de réserves alimentaires pour l’armée ukrainienne ont été visés.
Le pouvoir russe voudrait-il en finir vite avec le gouvernement Zelenski?
On remarque cependant ce lundi matin 17 octobre une intensification dans les frappes sur Kiev. A la fin de la journée, il y a eu, en tout, quatre vagues de frappes (drones et missiles) sur la capitale.
En particulier, des drones Geran-2 ont frappé des bâtiments d’Ukrenergo, l’entreprise qui contrôle la distribution de l’électricité dans tout le pays.
On a remarqué aussi, dans la journée du 16 octobre, que les ressortissants de plusieurs pays amis de la Russie (Serbie, Biélorussie, Chine, Kazakhstan, Egypte) ont reçu l’ordre de quitter Kiev.
Des transferts de troupes russes vers la Biélorussie ont été observés, tout comme un renforcement de troupes biélorusses à la frontière avec l’Ukraine. En particulier, un nombre important d’unités russes et biélorusses serait regroupé à Gomel. On a par ailleurs observé ce matin des MIG-31 équipés de missiles hypersoniques, qui survolaient Minsk.
Faut-il penser qu’une opération pour s’emparer de Kiev soit en préparation, qui serait précédée d’une destruction systématique des centres de décision de la capitale?
Le nouveau commandant en chef de l’armée russe en Ukraine, le Général Sourovikine, a déclaré: “Je ne veux plus sacrifier de soldats russes dans une guerre de guérilla contre des fanatiques armés par l’OTAN. Nous avons suffisamment de forces et de moyens techniques pour amener l’Ukraine à la capitulation totale.”
Vladimir Poutine veut-il mettre à profit les trois semaines qui viennent, avec les élections intermédiaires aux Etats-Unis, qui vont de fait rendre plus incertain le soutien américain à Kiev? On parle de plus en plus ouvertement aux Etats-Unis d’un épuisement des stocks d’armes à livrer à l’Ukraine.
Et tout ceci est à replacer sur la toile de fond d’un possible effondrement de la finance occidentale, à commencer par Londres, comme le rappelait Eric Verhaeghe hier.
Le FMI et la Banque Mondiale ne sont plus des organisations internationales mais des outils occidentaux
Les actionnaires du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale ont choisi vendredi le ministre ukrainien des finances, Sergiy Martchenko, comme prochain président tournant des conseils des gouverneurs des deux institutions en 2023.
Cette décision, qui a été annoncée lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Washington, signifie que M. Marchenko présidera également l’assemblée annuelle des institutions l’année prochaine, qui doit se tenir au Maroc.
Le président de la Banque mondiale, David Malpass, a déclaré vendredi aux actionnaires des deux institutions que le Groupe de la Banque mondiale avait mobilisé 13 milliards de dollars de financement d’urgence pour l’Ukraine depuis le début de la guerre
Le point de vue de Bhadrakumar
Le pouvoir russe pourrait donc être désireux d’exploiter les circonstances. C’est bien ce que sent M.K.Bhadrakumar, l’un des hommes les mieux informés au monde:
“Les représailles de la Russie contre les “infrastructures critiques” de l’Ukraine, dont Moscou s’est abstenu jusqu’à présent, ont de graves implications. Depuis le 9 octobre, la Russie a commencé à cibler systématiquement le système électrique et les chemins de fer ukrainiens. Le célèbre expert militaire russe Vladislav Shurygin a déclaré à Izvestia que si ce rythme était maintenu pendant une semaine environ, il “perturberait toute la logistique de l’armée ukrainienne – système de transport du personnel, de l’équipement militaire, des munitions, des marchandises connexes, ainsi que le fonctionnement des usines militaires et de réparation”.
Les Américains sont enfermés dans le monde surréaliste de leur récit égocentrique selon lequel la Russie a “perdu” la guerre. Dans le monde réel, cependant, Ivan Tertel, chef du KGB en Biélorussie, qui a une vue de l’intérieur de Moscou, a déclaré mardi dernier qu’avec l’augmentation des effectifs de la Russie dans la zone de guerre – 3 000 soldats mobilisés plus 70 000 volontaires – et le déploiement d’un armement avancé, “l’opération militaire va entrer dans une phase clé. Selon nos estimations, un tournant se produira entre novembre de cette année et février de l’année prochaine. (…) En résumé, la Russie cherche à remporter une victoire totale et ne se contentera de rien d’autre qu’un gouvernement amical à Kiev. Les politiciens occidentaux, y compris Biden, comprennent que rien n’arrête les Russes à présent. La réserve d’armes des États-Unis est en train de se tarir alors que Kiev en demande toujours plus“.
A toutes fins utiles :
https://mobile.twitter.com/UPR_Asselineau/status/1581654477337395201?cxt=HHwWgoDQ8b-XlfMrAAAA
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Je ne dis pas autre chose depuis février.
Il est évident sauf à être aveugle, que la Russie joue avec le temps et pourrait bien “l’emporter à l’usure” via un effondrement énergétique et économique européen s’ajoutant à une destruction systématique de toute l’infrastructure cruciale ukrainienne. Le tout en ayant son territoire protégé par son parapluie nucléaire; l’Ukraine n’étant pas en mesure de mener une quelconque offensive en territoire russe.
@ M. Husson : vous écrivez “3 000 soldats mobilisés plus 70 000 volontaires”… je suppose que vous vouliez écrire “300.000 soldats mobilisés” ?
un drone Shahed-136 ca coute 20000 usd c’est à dire pas cher avec une porté au moins de 1500 km. ceci a comparer avec le cout du crotale qui à une porté bien moindre par exemple
même à 60% de perte c’est “rentable”
la munition 155 bonus 45 000 euros unité
“donnée sur le web”
la guerre low cost pour l’instant perturbe plus que le high tech
Ce fut la stratégie du chancelier Bismarck et du général von Moltke en 1870 : assiéger Paris pour annexer l’Alsace germanophone et unifier la Germanie. Le résultat souhaité a été acquis et s’en est suivi 40 ans de paix.
Il y a toujours le point de vue fort pertinent de M. Bhadrakumar – à lire aussi son papier sur l’état de la Grande-Bretagne – qui est à comparer avec celui des “Occidentaux”. En particulier, ce jour, dans Le Figaro Vox, la tribune de M. Philippe Bas, ancien secrétaire général de la présidence de la république sous Chirac. C’est désolant d’aveuglement.
Bas est un mouton de pré salé de la Manche, rien à en attendre.
Ce n’est pas le peuple ni les russes qui renverseront Zelinsky, mais ceux qui l’ont mis là et financé, les oligarques ukrainiens… Or, qui sont les propriétaires des infrastructures bombardées ? Ni le gouvernement ukrainien, ni l’occident ne veulent négocier, à force de perdre du pognon, eux seront pragmatiques…
Bonne nouvelle : ils vont nous finir de Boston plus vite au Covid – ou de Kiev plus vite au nucléaire.
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/10/17/notre-derniere-emission-avec-gilbert-dawed-linconscience-francaise/