La prochaine présidence de la Commission Européenne commence à occuper sérieusement les esprits. Les marcheurs parient sur l’accession d’un Français à ce poste, ce qui constituerait pourtant une anomalie (Jacques Delors ayant exercé la fonction en son temps). Faut-il craindre, une fois de plus, un excès de naïveté française, alors que l’Allemagne devrait revendiquer la présidence de la Banque Centrale Européenne et imposer le “faucon” Weidmann?
Nathalie Loiseau, tête de liste En Marche aux européennes, n’en fait pas mystère: elle souhaite ouvertement que Michel Barnier, le Français en charge de la négociation du Brexit, prenne la présidence de la prochaine Présidence européenne. On comprend assez naturellement cet engouement: Barnier, comme Nathalie Loiseau, sont proches de ce centre droit qui domine la vie politique française aujourd’hui, et ses options majeures sont totalement compatibles avec celles d’Emmanuel Macron.
Petit problème: la France a déjà exercé la présidence de la commission, et on voit mal pourquoi elle l’assumerait une deuxième fois. Cette difficulté est d’autant plus forte (voire insurmontable) que l’influence française en Europe pâlit à vue d’œil sous la présidence Macron. Tout laisse à penser que nous trouverons d’autant moins d’alliés pour défendre cette ligne que la présence de députés britanniques ne devrait pas faciliter la vie à celui qui a négocié un traité de Brexit rejeté par toutes les forces politiques britanniques.
Accessoirement, Michel Barnier est marqué à droite, et rien ne prouve que celle-ci sortira vainqueur du scrutin. Or, la pratique du Spizenkandidat (que la France récuse) veut que le président de la Commission soit la tête de liste du parti vainqueur.
Enfin, l’Allemagne voudra vraisemblablement caser son banquier central Jens Weidmann à la tête de la BCE. Il n’est pas évident dès lors que la présidence de la Commission échoie à un grand pays. Il faut de la place pour tout le monde en Europe, même pour les petits pays…