Le mouvement Extinction Rébellion, qui s’est illustré à Paris en occupant la Défense (et en bloquant l’accès au siège de la Société Générale), mène aussi des actions en faveur du climat à Londres. Il appelle surtout à une forme de lutte qui pourrait se montrer dangereuse si elle venait à faire des émules: renoncer à rembourser ses crédits bancaires. Cette lutte citoyenne s’inscrit dans la recherche actuelle de nouveaux modes d’action collective. Elle s’illustre pour l’instant en Grande-Bretagne. À quand son arrivée en France?
Le mouvement Extinction Rébellion est à suivre de près, car il pourrait bouleverser les techniques d’action collective déjà malmenées par les Gilets Jaunes. Au mois d’avril, on se souvient que cette mouvance dédiée à la lutte contre le réchauffement climatique, avait occupé, lors d’une action coup de poings la dalle de La Défense en bloquant plusieurs sièges sociaux. Cette action pacifique avait provoqué une réaction virulente de la police qui avait utilisé force gaz lacrymogènes pour déloger les gêneurs. Ceux-ci avaient réagi au chant de:
“Police, doucement! on fait ça pour vos enfants”.
Cette fois c’est à Londres que ce mouvement agit. La fondatrice du mouvement, Gail Bradbrook a organisé onze jours de blocages dans Londres, et propose désormais une autre idée pour forcer les décideurs à s’emparer du sujet écologique:
“La croissance économique nécessite généralement de puiser les ressources de la Terre. Il faut donc changer quelque chose à cette économie basée sur la dette”, dit Bradbrook, assise à côté d’un cercueil sur lequel est écrit “Notre avenir”.
“Cela passerait par un refus massif de rembourser les prêts immobiliers et les prêts étudiants”, ajoute-t-elle.
Un refus massif de rembourser les prêts immobiliers? Une vraie bombe pour les banques européennes, qui devraient s’intéresser de près à cette question… avant qu’elle ne leur éclate à la figure.
Pour les prêts immobiliers et les biens associés d’enregistrements notariés, garanties, cautions et engagements divers, la pirouette qui consiste à ne pas payer est hasardeuse.
Pour les prêts étudiants, lorsque les études sont terminées, le sujet peut devenir d’actualité dans les pays anglo-saxons où les sommes à rembourser sont parfois considérables. La dissymétrie de conception avec nous peut prendre du relief !
À un ami français “ingénieur-docteur” installé aux USA depuis quelques années, je disais “Tu as l’air de faire un beau parcours là-bas “. Il me répond “Oui, mais c’est facile, les jeunes ici s’arrêtent lorsqu’ils ont leur diplôme d’ingénieur, les études sont chères. Pour nous français, le doctorat est accessible, ça nous ouvre un boulevard, c’est un diplôme apprécié partout”.
Une disparité idéologique qui n’est pas mince entre Européens et Américains sur le cout des études.
À l’heure où les idées sont virales sur la toile, le sujet peut devenir rapidement brulant. Victor Hugo disait ” Rien n’est plus puissant qu’une idée, lorsque son heure est venue”.