La baisse des dépenses publiques est devenue la tarte à la crème du débat politique en France depuis au moins une vingtaine d’années. Sa physionomie est d’ailleurs particulièrement instructive sur la flexibilité des convictions portées par les élites de notre pays.
Depuis la signature du traité de Maastricht, nous savons à quelles règles du jeu nous devons nous tenir. Mais cette parfaite conscience de nos obligations n’a pas empêché, au fil des scrutins, un grand nombre d’élus de cumuler, dans le même discours, des professions de foi la main sur le coeur en faveur de l’Europe, et des annonces tonitruantes sur leur ferme intention de ne pas respecter les critères de Maastricht.
De telles injonctions paradoxales, quoiqu’on en dise, expliquent largement la supposée émergence d’un populisme en Europe. Disons même que, dans de nombreux cas, la théorie du populisme est un moyen commode de ne pas remettre en cause les faillites politiques successives, au rang desquelles on mettra en premier cette contradiction constante entre la foi européenne et les actes des dirigeants qui la professent.
La hausse ininterrompue de la dépense publique en France
France Stratégie, l’organe gouvernemental chargé de la prospective, vient de publier une note que nous reproduisons ci-dessous. Elle dresse un benchmark très utile des expériences menées dans l’Union Européenne depuis une vingtaine d’années (au passage, on se félicitera de l’évolution opérationnelle de ce think tank gouvernemental).
Le document a l’immense intérêt de marteler l’ampleur de la hausse constante des “dépenses structurelles primaires” en France depuis 1998. Certes, la crise de 2008 a accéléré ce phénomène. Mais il était largement entamé dix ans plus tôt.
Si les dépenses publiques ne baissent pas (et l’ère Macron n’échappe pas à la règle contrairement à ce que laisse penser le discours sur le prétendu libéralisme du Président), la raison est là aussi bien connue de tous. Toute coupe dans les dépenses se traduit immanquablement par des manifestations dans les rues. Le dossier SNCF en constitue une caricature.
Dans ces conditions, les gouvernements élus ont toujours à choisir entre la popularité et la fidélité à leurs promesses européennes (et économiques en général). Pour des raisons qu’on comprend, le choix se porte d’ordinaire sur la popularité, qui permet la réélection.
Sauf que, à force de ne pas pratiquer de réformes systémiques, la dépense publique est de moins en moins active, et de plus en plus inefficace. Elle produit un choc fiscal négatif et ne garantit en rien la qualité des services délivrés au public. Elle appauvrit progressivement le pays et crée une frustration grandissante dans l’opinion publique.
Dans le cas de la France, elle se heurte à l’ire de la Commission Européenne. La France peine en effet à tenir les engagements qu’elle a souscrits en 1992.
La recherche d’une “méthode Assimil” pour réduire les dépenses
La note de France Stratégie fait le tour des méthodes suivies en Europe pour baisser les dépenses publiques. Dans l’essentiel des cas, deux recettes ont été empruntées: diminuer la masse salariale de l’administration (parfois dans d’importantes proportions comme aux Pays-Bas ou en Scandinavie), et diminuer les transferts sociaux (comme en Allemagne avec les réformes Hartz).
Ces deux stratégies constituent bien évidemment des repoussoirs forts en France. Il suffit de voir avec quelle lenteur Bercy aborde la question de la rémunération des fonctionnaires pour comprendre que la dépense publique n’est pas près de baisser dans notre pays.
En fait, les gouvernements qui se succèdent, y compris depuis 2017, sont tous à la recherche d’une méthode Assimil pour diminuer la dépense publique. Leur rêve est de réduire la taille du secteur public en 90 jours sans peine.
Malheureusement, et comme l’indique très bien France Stratégie, cette méthode sans peine est un leurre, et le passage par l’impopularité pour y parvenir est incontournable.
L’inévitable choc sur les dépenses publiques
Comme beaucoup avant lui, Emmanuel Macron a compté sur la “reprise” pour masquer l’ampleur de la tâche. Il n’est ni le premier ni le dernier Président à espérer qu’une cause exogène lui évitera de tailler dans le vif des dépenses. Le pari est bien connu: le retour de la croissance stimule les recettes publiques et diminue d’autant les déficits.
Malheureusement, avec une pression fiscale plus élevée que chez ses concurrents directs (sur la production, en tout cas), la France peine à retrouver le chemin de la croissance. La méthode Assimil se révèle donc au mieux un leurre inutile.
Qu’on le veuille ou non, il faudra tôt ou tard adopter des mesures ingrates et impopulaires pour assainir les finances publiques. On ne pourra éternellement compter sur une hausse des recettes pour améliorer la situation. Il faudra aussi finir par baisser les dépenses. C’est une simple question de réalisme…
À moins bien sûr que la France ne fasse collectivement le choix de basculer dans une aventure où la pression fiscale serait alourdie… Sauf à opter pour cette extrémité, Emmanuel Macron n’aura d’autre choix, s’il veut tenir ses engagements européens et redonner une crédibilité continentale à la France, de pratiquer un choc sur les dépenses.
Il n’y a rien à attendre de Macron dans ce domaine car c’est un étatiste keynésien dévoyé dans l’âme. Ne jamais oublier qu’il a été pendant 4 ans conseiller économique de Pignouf 1er et/ou son ministre de l’économie… C’est donc un socialiste. Le seul qui (peut-être) aurait été capable de faire quelque chose c’est Fillon.
Et oui Fillon que l’on a massacré avec l’aide de ses ‘amis’ politiques!
Inutile de dire qui fera les frais de la baisse des dépenses, car ce n’est certainement pas la rémunération “au mérite” qui changera quoi que ce soit au bouzyn administratif où la compétence n’a jamais été prise en compte, ou alors, à ses balbutiements, mais où l’échelle des grades et salaires est le saint graal et la promotion, automatique.
Ce qui fait que deux équations ne seront pas résolues, la première, celle, vérifiée et inquiétante, de Ch.Gave: 1 poncktionnaire = 3 chômeurs, et la seconde, totalement insolvable dans l’état actuel des choses, qui consiste à croire que dans un pays où la pression fiscale globale est devenue insupportable et où l’instabilité législative est chronique, le bon peuple va continuer longtemps à payer pour des privilégiés dont un pourcentage non-négligeable ne branle rien.
Je serai curieux de voir les stats (les vraies, ça changerait, pour une fois) des départs et délocalisations dans le temps restant au plan quinquennal…