Gentil organisateur du Club Med de l’Eurogoulag, Macron se retrouve promu au rang de Néron par le dépit boche. Confronté à la vacance du pouvoir dans une Allemagne gérée par une coalition dysfonctionnelle, Macron – qui ne demandait pourtant qu’à collaborer – a fini par prendre l’initiative, sous la forme d’un voyage en Chine dont les détails ont préalablement été mis au point avec Washington seulement (et non avec Berlin ou avec sa buanderie bruxelloise). Du coup, on peut comprendre que l’Etat profond allemand – qui l’a pourtant bien cherché – se sente un peu lésé, et ordonne à tel ou tel casque à plume de pourrir le mari de Brigitte, traité de « Néron » dans Der Spiegel.
Jusque-là, c’est de bonne guerre. Ce qui, en revanche, constitue assurément un signe des temps, c’est l’hypersensibilité de colonisés avec laquelle l’intelligentsia parisienne réagit à ces qualificatifs teutoniques.
Car, sous les gesticulations de Jupiter et les promenades en Chine qu’il organise pour ses copains du CAC40, en réalité, personne n’est dupe : le projet de la Macronie pour l’hexagone, ce n’est pas Stellantis, mais LVMH : comme la Hongrie socialiste, surnommée à l’époque « baraque la plus joyeuse du camp communiste », la France doit devenir la baraque la plus joyeuse du camp euro-davosien.
« Leben wie Gott in Frankreich »
D’où, aussi, l’obsession de ces JO qui – tout en servant de prétexte à un renforcement du flicage – devront « servir de vitrine »… à la vitrine qu’est en train de devenir la France. « Vivre en France comme des dieux », disaient les officiers du Reich accoudés au bar de ma grand-mère, en Moselle germanophone annexée.
Or les dieux, dans leurs promenades récréatives à travers ce Club Med, n’aiment pas trébucher sur des tas d’ordures. Qu’à cela ne tienne : on vient d’apprendre que les si vertes mairies des arrondissements parisiens intra muros, en galère d’incinérateurs, font tranquillement enterrer en banlieue les tonnes de déchets collectées à l’issue des grèves.
Du coup, on est bien obligé de corriger Der Spiegel dans ses outrances : ce n’est pas au matricide Néron que le mari de Brigitte mérite d’être comparé, mais à Grégoire Potemkine – cet aristocrate russe amant de Catherine II, qui, sur leur passage à travers la Crimée arriérée, faisait dresser le décor en trompe-l’œil de villages opulents, pour cacher la misérable réalité du pays.
“Leben wie Gott in Frankreich ”
Gott est au singulier. J’ai toujours entendu (ou lu) la traduction “vivre comme Dieu en France”.