Les Russes s’enterrent dans le Donbass et menacent Londres, par Modeste Schwartz

On entend d’une part que les Russes fortifient leurs positions d’Ukraine orientale, ce qui semble exclure l’hypothèse de nouvelles offensives terrestres. D’autre part, que les fameux « hackers russes » menaceraient le Royaume-Uni. Première victime de toute guerre, la vérité disparaît peu à peu du paysage.

Entre la ridicule propagande pro-Kiev des Gamelins de plateau BFM de la propagande de guerre institutionnelle et les délires de la propagande pro-Kremlin qui nous garantissent pour cet été un Kadyrov épurant l’Elysée de la Macronie, les complotistes de facture classique, dans leur habituelle chasse aux petits hommes verts, finissent par avoir l’air de traditionnalistes raisonnables.

Serait-ce le but poursuivi ? Ou, pour le dire dans une formulation moins « conspi » : serait-ce là un résultat qui, somme toute, fait bien l’affaire de tous les acteurs bien informés en présence – à l’exclusion, donc, de ces sans-dents qui, quelle que soit l’issue du conflit, semblent, pour leur part, avoir une très solide certitude d’en sortir désorientés et dépouillés ?

Et si les « hackers russes » c’était nous ?

On peut laisser cette question en suspense, mais le fait est que, d’une part, l’Indépendant (indépendant de qui ?) nous explique que « les Russes construisent un mur de 800 km en territoire occupé » (d’un point de vue historique et linguistique, il faudrait préciser : en territoire russe « occupé »), et que, d’autre part, un ministre du cabinet Sunak affirme que les « hackers russes » veulent « perturber ou détruire les infrastructures britanniques ».

Les deux hypothèses ne sont certes pas incompatibles. Pas plus, d’ailleurs, que leur inverse : les Russes pourraient très bien mimer les préparatifs d’une stratégie défensive pour mieux masquer des intentions offensives, tandis que le gouvernement britannique – conscient, d’après les fuites du Pentagone, de l’impossibilité d’une victoire ukrainienne – pourrait vouloir maintenir mordicus le moral belliciste de sa population en agitant l’épouvantail d’une cyberattaque russe.

Voilà bien pourquoi il sera toujours plus sage de s’en tenir à la vieille logique du cui prodest : vraie ou fausse, une information diffusée profite toujours à tel ou tel agenda. Et, dans le cas de la fameuse cyberattaque, cet agenda se trouve être celui de la mise sous tutelle d’Internet, vieux rêve mouillé des davosiens, promu en France par des personnalités aussi diverses (en apparence) que Kevin Bossuet ou Brigitte Macron.