La nomination de Jean-Paul Delevoye comme ministre des retraites est annoncée depuis plusieurs jours. Il devrait en charge des retraites. Selon toute vraisemblance, sa nomination interviendra mardi et soulignera le pari que le gouvernement fait désormais sur cette réforme à haut risque, dont nous continuons à pronostiquer qu’elle sera finalement reportée sine die. Sur le fond, cette annonce peut être interprétée de plusieurs façons…
Après une année de concertation sur le sujet des retraites, Jean-Paul Delevoye s’apprêterait à devenir ministre en charge du dossier. Selon les Échos, on ne sait pas encore s’il sera un ministre de plein exercice ou s’il sera délégué auprès d’Agnès Buzyn qui, paraît-il, souhaite conserver la main sur ce dossier. Dans tous les cas, sa nomination est, de notre point de vue, mauvais signe: elle montre que cette réforme ne va vraiment pas de soi, et que la concertation n’a pas suffi à déminer le terrain. Il faut, de l’aveu même du Président de la République, un portage politique fort dans cette affaire.
Dans ces colonnes, l’improbabilité d’une réussite de ce dossier est régulièrement évoquée. La nomination d’un ministre en est, selon nous, un signe supplémentaire: personne ne se précipite, visiblement, pour prendre la responsabilité de ce qui devrait s’annoncer comme un échec retentissant. Dans la pratique, l’effervescence syndicale a largement diffusé l’idée (juste…) que cette réforme aurait pour premier effet de diminuer le montant des pensions. Faute d’une communication claire, le gouvernement a laissé cette idée s’installer et devrait peiner à remonter la pente.
Plusieurs manifestations sont prévues en septembre pour dénoncer ce projet de réforme. En dehors d’Édouard Philippe, personne, au sein du pouvoir exécutif (Macron compris) ne semble trop croire au délai initial de la fin de l’année annoncé pour déposer le projet de loi réformant le système.
On continuera à parier sur le report sine die du projet, annoncé en catimini au cours de l’automne. D’ici là, le gouvernement devra trouver des expédients pour équilibrer le régime général dont le déficit menace..