La bulle Internet s’apprête-t-elle à éclater? Plusieurs signaux inquiétants le laissent supposer. On retiendra en particulier les péripéties de l’introduction en bourse de WeWork, ces jours-ci, qui paraissent un prélude significatif à un retournement du marché qui s’approche dangereusement du précédent de 2000.
Les valeurs technologiques n’ont jamais atteint de tels sommets. Pour le seul premier semestre, les introductions en bourse ont dépassé les 17 milliards de dollars. Le record de 2000, qui avait préfiguré l’éclatement de la bulle, est fixé à 22 milliards. Les analystes estiment qu’il devrait être battu en 2019. Si tout va bien…
Car les signes de retournement se multiplient. Après le soap opera d’Elon Musk, notamment, ce sont les malheurs de WeWork qui animent le marché.
The We Company, propriétaire du spécialiste de la location de bureaux en partage WeWork, pourrait viser une valorisation nettement moins élevée que prévu lors de son introduction en Bourse, à un peu plus de 20 milliards de dollars (18,1 milliards d’euros), a appris Reuters jeudi de sources proches du dossier.
Ce serait plus de moitié moins que la valorisation de 47 milliards donnée par son dernier tour de table auprès d’investisseurs privés en janvier.
Le fait que les investisseurs commencent à douter des performances à long terme d’entreprise lourdement endettées pour financer leur croissance est un indice fort d’un retournement possible du marché. Rappelons que des entreprises dont les perspectives financières sont douteuses ont réussi de très belles levées de fonds. En 2019, cinq des dix licornes technologiques américaines ont levé plus de 1 milliard USD chacune : Uber (8,1 mds USD), Lyft (2,3 mds USD), Pinterest (1,4 mds USD), TradeWeb Markets (1,1 mds USD) et Chewy (1,0 md USD).
La levée de WeWork tablait sur un record historique. Il ne sera pas atteint. On peut y voir l’indice d’une frilosité soudaine du marché vis-à-vis de placements trop valorisés par rapport à leurs fondamentaux. Cette lucidité salutaire pourrait se traduire par l’éclatement de la bulle Internet.
Il semble clair que ce jeux de dupe de la survalorisation devra cesser à un moment donné. Certaes, beaucoup d’investisseurs ont en tête Amazon, dont les pertes abyssales ont longtemps fait douter et qui, aujourd’hui s’affiche comme un des GAFA les plus puissants – jusqu’à quand ? – mais une exception ne constitue pas la règle. Aussi, une crise financière est à présent quasi inéluctable. Le plus à craindre, ce ne sont pas les valeurs technologiques, mais plutôt les valeurs spéculatives de même nature que celles de 2008: elles se sont encore démultipliées malgré les avertissements nombreux de certains analystes. Et là, il y a fort à parier que la chute sera violente pour le monde entier.