Marine Le Pen a pris une position étrange sur les retraites, qui peut s’analyser comme un suicide politique à l’approche des présidentielles de 2022. Elle a soutenu, devant Jean-Jacques Bourdin, que la retraite à 60 ans était défendable politiquement. Cette position fantaisiste, qui suivait des propos sérieux et audibles sur la valeur du point, signe, de notre point de vue, un renoncement anticipé à être une candidate sérieuse contre Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, et prépare sa nouvelle défaite face à lui.
Marine Le Pen est aussi étatiste qu’irresponsable. Alors même qu’Emmanuel Macron procrastine et recule sur la réforme des retraites (10 milliards d’euros de déficit prévu en 2025), Marine Le Pen propose de creuser le trou d’encore 20 milliards d’euros. La France mérite mieux. https://t.co/wA3PSWhfms
— les Républicains (@lesRepublicains) September 17, 2019
Marine Le Pen est opposée à la réforme systémique des retraites, combat que nous partageons pour des raisons libérales. Sur ce terrain, la présidente du Front National dispose d’un boulevard: tous ceux qui vont y perdre dans la réforme des retraites peuvent la suivre, et il lui suffirait de présenter une alternative crédible au projet macronien pour se crédibiliser à l’approche de 2022. Dans son interview de rentrée face à Jean-Jacques Bourdin, elle avait bien commencé son oeuvre en tenant des propos sur la valeur du point que des syndicalistes éminents, spécialistes de la question, ont jugé intéressants.
Et puis patatras! La voilà qui s’enferre dans une défense de la retraite à 60 ans qui n’a ni queue ni tête en dehors des quelques démagogues qui proposent de soviétiser l’économie française pour financer une mesure de conservatisme. On serait d’ailleurs intéressés de savoir quel sexagénaire souhaite encore arrêter définitivement de travailler sous prétexte qu’il a passé le cap des 60 ans.
Si l’on admet l’hypothèse que ce sujet est un marqueur fort de crédibilité, les propos de Marine Le Pen la disqualifie définitivement pour rassembler au-delà de son noyau dur. Dans tous les cas, ses propos sur la retraite à 60 ans l’ont coupée de toute ouverture vers la droite libérale que Marion Maréchal s’emploie à draguer. Aucun électeur sérieux non rallié au Front National n’aura envie de se vénézuéliser en élisant Marine Le Pen. preuve est faite que celle-ci préfère le confort d’être la cheffe d’un parti d’opposition à l’exercice du pouvoir.