Le Figaro, cette saison, aura bien mérité de la subvention. Renvoyant dos-à-dos agriculteurs et consommateurs français, il réussit le tour de force de pondre un article en forme d’aveu sur les hausses de prix (rebaptisées du nom trompeur « d’inflation ») qui fait totalement l’impasse sur le Great Reset (et son instrument du moment : ces sanctions qui ne sanctionnent que l’Europe). La politique non-souveraine atteint un degré sans précédent de pureté chimique.
Le véritable scoop (nié comme tel), c’est, comme d’habitude, le constat de départ, posé comme une évidence éternelle et non-problématique. Dans la plus pure tradition d’ouverture de la fenêtre d’Overton, cette hausse des prix alimentaires de 20%, encore niée au printemps, est désormais introduite dans le discours avec la même naturalité que jadis les phénomènes météorologiques (désormais eux-mêmes reclassés en événements climatiques).
La plumitive à la manœuvre pousse même l’effronterie jusqu’à accuser implicitement d’irresponsabilité démagogique l’Etat et les grands groupes, qui se sont donné le mot pour rendre cette glissade dans la cherté aussi progressive que possible :
« Soucieux de ne pas faire fuir leurs clients, nombreux sont ceux qui ont d’abord absorbé une partie de cette inflation, au moins dans la première moitié de 2022. (…) Ce qui a créé une incompréhension chez les Français. »
Pas un mot sur le coût de la Croisade contre le Poutinisme
Soucieux d’entretenir cette « incompréhension » le plus longtemps possible, le Figaro présente donc l’actuelle tombée du masque comme un sain retour au réalisme des prix : « la récente hausse des prix vient rappeler un implacable constat : produire de l’alimentation a un coût ».
Pas un mot, bien entendu, sur les facteurs réellement politiques (et notamment sur ce Green Deal déguisé en politique de sanctions antirusses) qui influencent ce coût.
Car, alors qu’il revient aux Russes – et à eux seuls – de déterminer si l’aventure ukrainienne de Vladimir Poutine en valait la chandelle, ce serait théoriquement à la nation française – jamais consultée sur l’abandon de facto de notre position de neutralité (étayée par une tradition d’amitié franco-russe) – de décider si elle souhaite ou non se dessaisir, au bénéfice d’une douteuse croisade kiévienne – des avantages d’un commerce international fondé sur cette réalité des prix que le Figaro défend si âprement quand elle s’exerce dans le cadre truqué du Protectorat parisien de l’Eurogoulag davosien.