L’OCDE vient de publier son Panorama annuel de la Santé, qui constitue une mine d’informations et de documentations sur la réalité de notre système de santé, et sur la réalité de ses performances. Comme chaque année ou presque, ce rapport permet de documenter la réalité du pays : non, la santé ne souffre pas de problème de moyens en France, mais elle souffre d’un problème de performances et d’organisation. Dans la pratique, la France consacre 30% de plus que les pays industrialisés à la santé de ses habitants… et elle possède encore beaucoup trop de lits d’hôpitaux.
Il faut absolument lire le Panorama annuel de la Santé, de l’OCDE, qui permet de comparer objectivement les systèmes de santé des pays industrialisés, et d’éviter les poncifs lamentables qui reviennent si souvent sur ces sujets, comme “la santé aux USA est hors de prix, preuve que la privatisation ne marche pas” ou “les hôpitaux français manquent de moyens”. Toutes ces tartes à la crème, qui bloquent toute évolution de notre système de santé, sont chaque fois battues en brèche par la réalité des chiffres.
Par commodité, je reproduis ici la fiche de synthèse publiée sur la France par l’OCDE. La simple consultation de ce document permet de tirer quelques conséquences intéressantes :
- la France consacre 12% de son PIB à la santé, contre 9,2% dans la moyenne de l’OCDE – affirmer que l’Etat se désengage de la santé relève donc du fantasme pur
- le taux de mortalité après un AVC ou un infarctus aigu est plus faible en France que dans la moyenne de l’OCDE, signe que la prise en charge hospitalière est de bonne qualité
- si les Français fument plus et boivent plus que leurs voisins industrialisés, ils sont moins obèses, et meurent moins du fait de la pollution atmosphérique
- les remboursements des frais de santé est très supérieur à la moyenne de l’OCDE
Bref, ce qui est étonnant, c’est la différence entre les chiffres sur des faits précis et le sentiment général des Français, ressenti comme négatif dans les “micro-trottoirs”, vis-à-vis de l’état de notre système sanitaire.
Archi faux. Il suffit de constater le manque de personnel dans les hôpitaux, les patients qui en meurent aux urgences, la destruction de la médecine libérale, et donc le manque de médecins en ville etc.. pour en déduire que ces statistiques sont faites par des personnes assises devant leur ordinateur. Des dépenses de santé importantes? Oui, mais surtout dans le secteur administratif (HAS, ARS etc..). Un problème? Allez hop on paye très cher un “spécialiste” pour le résoudre, c’est à dire un administratif. embaucher du personnel soignants?? Vous n’y pensez pas!
Y a toujours quelqu’un pour contester les chiffres les plus évidents avec un lapidaire “archifaux” qui repose sur ce qui se passe devant son clocher. Alors je vais vous expliquer : on va créer un hôpital dans chaque ville de plus de 5.000 habitants, et je vous garantis que non seulement nous serons ruinés, mais qu’il y aura des problèmes de personnel dans la moitié des hôpitaux. Les hôpitaux français ne manquent pas de moyens, ils sont juste trop nombreux et servent pour la plupart à faire de la bobologie.
La caste n’a aucun problème pour accéder à l’hôpital, mais ce n’est pas le cas de tous les Français.
A partir du constat que notre système de santé coûtait cher, la caste n’a rien trouvé de mieux que de le bureaucratiser tout en diminuant les dépenses directement liées au soin. Et la bureaucratie a besoin d’être nourrie. D’argent et de chiffres.
A l’hôpital, au moment des “transmissions” en fin de journée, vous pouvez toujours appeler, vous n’aurez personne. Je cite juste cet exemple parce qu’il est significatif: il donne à penser que la communication de ce que l’on fait est plus importante que l’action elle-même. Comme nos politiciens au fond….
Bien plus, depuis la réforme que l’on doit â Castex (alors inconnu du public), le financement des hôpitaux dépend des codifications bureaucratiques.
https://www.youtube.com/watch?v=ceG8dd80JJU
Concrètement, j’ai pu constater que cela a des conséquences sur la manière de traiter les patients (par exemple pressions pour imposer une intervention chirurgicale). Ce tropisme sur les financements explique d’ailleurs en partie l’inflation de cas Covid.
Les DGF avaient certes des inconvénients, mais elles préservaient la liberté des directeurs d’hôpitaux (qui par ailleurs étaient médecins). C’est bien pire maintenant.
Il y a d’autres études qui rejoingnent ce que disait le précédent commentaire ; en effet on dépense plus mais moins bien.
D’autres pays dépensent moins mais ont un ratio personnel administratif vs personnel soignant plus faible et sont d’autant plus efficaces.
Nous avons aussi la palme de la consommation de médicaments ; je ne sais pas si c’est un point positif ou négatif, cela dépendra de chacun sans doute.
Nous avons aussi une espérance de vie bien supérieure à l’espérance de vie de beaucoup de pays dans le monde. Il faut le reconnaître ; les chiffres le disent.
Mais les chiffres disent aussi que notre espérance de vie en bonne santé est très faible pour un pays développé.
Tout ça pour dire que l’on peut toujours trouver des chiffres ou des études qui vont mettre en avant tel ou tel aspect pour arranger notre discours mais qu’au final il est très difficile de pouvoir être affirmatif sur tel ou tel point.
De plus des chiffres moyens balancés comme ça à l’échelle nationale ne reflète en rien la réalité de certains territoires abandonnés à la faveur de d’autres qui sont favorisés ou mieux gérés.
C’est un peu le fameux : tout cela nous coûte de plus en plus cher, on nous fait de plus en plus les poches mais pourtant les services publics diminuent… reculent voire disparaissent à certains endroits. La réalité des uns n’est pas forcément la réalité des autres et pourtant tout cela ne remet pas en cause les chiffres d’une étude globale.
Autre exemple pour exprimer le propos : si on prend une classe de 40 élèves et que la moyenne de taille de ces élèves est de 1,65m ; c’est factuel et chiffré ! Il n’y a pas à revenir là-dessus. Pourtant dans la réalité on sait très bien qu’il peut y avoir des personnes de 1,40m et d’autres de 1,9m. On fait quoi du coup des portes de 1,7m parce que la moyenne est de 1,65m. Les études, les chiffres, on a vu ce que ça donnait pendant la crise sanitaire, on voit comment c’est manipulé en période de guerre, cela ne suffit pas à tout expliquer et on passe au sujet suivant.
C’est malheureux mais changer les choses demande plus d’effort que cela ; c’est mon avis du moins.
Bonne journée Yves
On aimerait approfondir
De quand datent les indicateurs qui ont servi à cette comparaison?
Vous êtes mal tombé cher monsieur. J’ai fait 25 ans de médecine générale en libéral et 17 ans dans les hôpitaux, dont l’AP-HP, et je sais donc parfaitement de quoi je parle contrairement à vous. De la bobologie? Vous pensez que l’on se fait hospitaliser pour des bricoles ?? Les problèmes de personnel que vous évoquez existent déjà dans pratiquement TOUS les hôpitaux en France actuellement, ce qui est parfaitement voulu et organisé par nos “élites”. Là où il y avait 10 aides soignants, par exemple, il y a 15 ans dans certains services, il n’y en a plus que 5 pour la même quantité de travail. L’épuisement est considérable. Et revenons, bis repetita, sur le terrain : si il y avait autant d’argent pour soigner les patients certains ne mourraient pas aux urgences en raison du manque de personnel après avoir attendu, en vain, des heures et des heures qu’on les prenne en charge.
Vous connaissez l’AP-HP, donc vous connaissez les problèmes des hôpitaux de village, à Remiremont ou à Carhaix, c’est ça ? Vous êtes médecin donc vous avez tout vu et vos affirmations ne peuvent être remises en cause. Vous parlez comme un énarque.
J’ai travaillé pendant 40 ans dans un petit hôpital de province de 600 lits environ de soins et chirurgie, au début nous avions un Directeur, un Sous-Directeur, un Ecomome, un petit service administratif, Deux “Surveillante Chef et une surveillante dans chaque services. Puis nous avons perdu un cinquantaine de lits ; mais par ailleurs nous avons augmenté le personnel administratif : 1 Directeur, 9 Sous-Directeurs qui avaient chacun 3 Attachés et une secrétaire. Nous avons même un Sous Directeur de la communication !!!!! Le service informatique de 3 à 4 personnes s’est grandement étoffé (une douzaine d’année pour créer un programme qui puisse permettre de “rentrer les patient sur une liste de lit par services !!!!! Au niveau soignant création de poste de Cadres : 1 par service puis des cadre de Pôle etc…. un nombre très important de strates entre le cadre de service et la direction : personnes qu’on voyaient peu dans les services de sont car toujours en réunion. Nous sommes arrivé à avoir presque plus d’administratifs que de soignants. L’administratif à pris le pouvoir, apparition des ARS (encore une strate Administrative de plus), avec la T 2A en 2007 avec des protocoles de soins adapté à la marchandisation de la santé et ceux-ci et pas toujours adapté aux besoin du patient. Nous aimions notre métier et avions à coeur d’apporter ds soins efficaces et de qualité aux malades qui sont de venu des patients, puis des “clients” à cause de la marchandisation des soins. Et cela coûte de plus en plus cher puisque l’on continu de privilégier les postes administratifs (parfois contestables dans leur utilité) au détriment des soins !!! Si nous n’avons pas les moyens de payer ses dépassement d’honoraire, pourrons nous être encore pris en charge correctement ? Combien de personnes reportent une intervention car la somme demandé et non remboursée reportent ou annule celle-ci pourtant nécessaire pour (même à l’hôpital dans le cadre des consultations privée souvent proposées pour un délais plus court). Et cerise sur le gâteau : une dizaine de logement de fonction, ainsi qu’un flotte de véhicule de fonction. En conclusion oui beaucoup d’argent mais combien dépensé dans des poste autre que le soins et dont la création peut être contestable quand à son utilité et son efficacité !!!
Ce n’est pas tant la quantité d’argent que “où va l’argent” (où va notre pognon comme disait l’autre), et comment il est dépensé
« La France dépense beaucoup plus pour la santé que les autres pays industrialisés »
Quand on dit « santé », il s’agit surement de la (très bonne) santé des actionnaires de l’industrie pharmaceutique, et celle de ses divers affidés (ministres de la santé, labo, pharmaciens et médecins).
Cela dit, là où les français dépensent le plus, c’est au contraire pour leur mauvaise santé (et là pour le coup, c’est vraiment la leur), car, rappelons-le, en 2023, les contribuables français devront verser la somme de 55 milliards d’€ aux banquiers privés, dans le cadre du remboursement des seuls intérêts de la dette.
Blog : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/
Voyez le commentaire de Marie, Mr Verhaeghe : mêmes problèmes dirait on, et je n’ai pas travaillé qu’à l’AP-HP. Les Enarques (dont vous êtes, sauf erreur de ma part) ne savent pas, en général, ce qui se passe dans les hôpitaux. Il faut être sur le terrain et le voir.
Bien sûr, les énarques ceci, les énarques cela. Les médecins savent. Et on maintient des hôpitaux sans avenir dans des villages où vous n’iriez jamais habiter, ni même exercer, en expliquant qu’il y a des problèmes de personnel. Vos platitudes d’homme de terrain de l’AP-HP, on les connaît par coeur. Cela fait 30 ans qu’on les entend. Cela fait 30 ans que VOUS condamnez un système coûteux et inefficace, en passant sans cesse votre 78 tours.
En 2013 j’ai été victime d’une ischémie médullaire, une attaque à la moelle épinière.
Elle était lente, j’étais en rendez-vous de travail et à la fin de mon intervention je ne pouvais plus me lever.
En banlieue sud de Paris les pompiers m’ont emmenée à Antoine Beckler de bonne réputation.
On m’a laissée sans soins pendant 4h.
C’est mon mari qui est intervenu, mais trop tard, j’étais complètement paralysée jusqu’au dessous des bras.
On ne m’a même pas donné d’antalgiques.
Transportée au Val de Grâce( un mois) puis aux Invalides (5mois)
J’ai personnellement observé les dis fonctionnements liés à l’administration et l’informatisation.
Les transmissions sont catastrophiques, et beaucoup de soignants admirables en sont écœurés et épuisés.
Beaucoup s’en vont. Durée moyenne d’un infirmier : 7 ans.
À cause de cela j’ai failli perdre l’usage de ma vessie. Erreur de transmission.
Du fait du payement à l’acte, on me faisait des radios pour un oui ou pour un non.
On m’a bourré de médicaments dont je n’avais nul besoin qui m’ont envoyé aux urgences un an plus tard avec une hépatite fulgurante médicamenteuse. 40 de fièvre.
Urgence de St Joseph.
À nouveau, abandonnée sur un banc à minuit c’est mon mari qui est intervenu.
Erreur de transmission.
Et là j’ai vu des couloirs qui ressemblaient à une scène de guerre.
Des gens couchés partout, à même le sol, presque les uns sur les autres.
J’ai été couchée à côté d’un homme.
Un personnel agressif, brutal parce qu’épuisé, exaspéré et donc maltraitant.
Je vais régulièrement à St Anne au pôle neuroscience, ils sont en sous effectifs, plusieurs services sont fermés faute de personnel.
Je pourrais en raconter…
Il y a un vrai problème d’attribution de cette masse d’argent qui va aux fonctionnaires qui étouffe l’hôpital et dissuade les vocations réelles de soignants souvent remarquables.
Les profiteurs du système ne commentent pas. Pas de commentaires des maires accrochés à leurs hôpitaux fournisseurs d’emplois administratifs peu qualifiés, ils ont déjà perdu les casernes. Pas de commentaires des boîtes de BTP, des équipementiers, des pousse-papiers de la Secu.