A quelques jours du scrutin européen, il est bon de rappeler l’enseignement d’un analyste visionnaire, l’allemand Günther Anders, qui en 1956 publia un livre prémonitoire, L’Obsolescence de l’homme. Ayant été un témoin des totalitarismes de son époque, il prévoyait que l’avenir des grands desseins d’aliénation collective ne passerait plus par la violence, mais par un conditionnement fondé sur la limitation de nos aptitudes personnelles à être soi-même.
Il s’agira, prédisait-il, de réduire de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une simple insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité, sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles médiocres qui lui interdisent d’exercer son libre-arbitre. L’information destinée au grand public sera anesthésiée, on diffusera massivement, via la télévision – nous sommes alors en 1956…- des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, avec un bavardage et une musique incessants, d’empêcher l’esprit de s’interroger, penser, réfléchir. On fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de façon à ce que l’euphorie de la publicité, de la consommation, deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. La sexualité sera placée au premier rang des intérêts humains comme un puissant anesthésiant social. Anders concluait : « Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclu du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions matérielles nécessaires au bonheur ». Il en résultera une sorte de nouveau produit qu’il appelait « l’homme de masse ».
Ce contenu est réservé aux abonnés
Pour profiter pleinement de l'ensemble de nos contenus, nous vous proposons de découvrir nos offres d'abonnement.
Curieusement, François Monchatre, artiste peintre et sculpteur né en 1928 a développé à partir des années 1960 une œuvre protéiforme, avec des auto-maboules, machines à rêver, crétins formatés en nombre ou imbus d’eux-mêmes accrochés à leurs attachés cases et leurs cibiches.
En 2006, l’auteur Jean Paul Brighelli publie son livre bien documenté : La Fabrique du Crétin: La mort programmée de l’école.
Merci monsieur Adeline il faut faire connaître les penseurs à contre courant qui éclaire notre temps, il y a aussi René Girard et jean Baudrillard. Dans le registre religieux il y a Etienne Couvert qui dénonce la gnose « portes de l’enfer » qui a manipulé la FM et aujourd’hui infiltré l’Eglise.
Devant cette obsolescence programmée de l’humanité, le WEF et son Sapiens Harari proposent ni plus ni moins de rénover l’humanité par le transhumanisme. Les outils sont là, modification génétique, intelligence mimétique, transfusion artificielle des connaissances en cours de développement. Cette division de l’espèce humaine ne peut conduire qu’à la barbarie qui se déchaîne dès à présent. C’est la renaissance du surhomme qui veut divise l’espèce humaine, notre mère à tous et fondement de la fraternité universelle.
La prochaine étape c’est l’essor de l’intelligence artificielle qui fera des nous des inutiles. Comment dans ces conditions promouvoir l’horizontalité comme principe de distribution du pouvoir ? Dans un autre article j’avais relevé un commentaire qui invitait » le courrier des stratèges » à débattre de ce sujet avec V Bugault qui a développé un projet de reconstruction de la société sur des bases similaires. Il me semblerait intéressant d’avoir son point de vue sur cette idée de » démocratie liquide ».