Moderna, l’un des géants de la biotechnologie mondiale, traverse une période de turbulences après l’annonce de ses plans visant à réduire ses dépenses de 1,1 milliard de dollars d’ici 2027. Cette décision intervient alors que l’entreprise ambitionne de lancer dix nouveaux produits d’ici 2027. Selon les analystes, cette chute des actions met en évidence la fin du pactole COVID, entraînant « la détérioration de la situation financière de Moderna ». Pourtant, le processus de réduction des coûts ne sera rentable que vers 2028.
Les actions de la société biotechnologique Moderna ont chuté de 17% jeudi. Pourtant, le même jour, la biotech américaine a annoncé son projet de réduction de coûts suite au déclin des ventes de ses produits Covid. L’entreprise a également déclaré qu’elle est en attente de l’approbation de 10 nouveaux produits d’ici 2027.
Des mesures drastiques pour survivre
Face à une baisse des revenus générés par son vaccin contre le Covid-19, Moderna a annoncé des mesures drastiques pour réduire ses coûts opérationnels. L’entreprise prévoit de limiter ses dépenses de recherche et développement (R&D) à une fourchette de 3,6 à 3,8 milliards de dollars en 2027, contre les 4,8 milliards initialement prévus pour 2024. Cette révision stratégique inclut la suspension ou l’arrêt de certains projets, notamment ceux liés aux virus latents, une catégorie de virus qui persistent sans provoquer de symptômes mais peuvent réapparaître plus tard avec des complications graves.
Le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, a souligné que cette réduction est essentielle pour permettre à l’entreprise de “se rythmer” en matière de nouvelles dépenses. Cependant, cette annonce a également soulevé des inquiétudes chez les analystes. Mani Foroohar, de Leerink Partners, a critiqué la direction de Moderna, soulignant que les réductions de la R&D sont trop éloignées dans le temps pour être crédibles et reflètent une détérioration de la situation financière.
Le géant américain a aussi déclaré qu’elle était en attente de l’approbation de 10 nouveaux produits d’ici 2027. Mais dans la foulée, elle prévoit de suspendre ou d’abandonner les travaux de recherche sur certains produits figurant dans son pipeline d’après son PDG, Stéphane Bancel.
Moderna a aussi publié des données concernant son vaccin expérimental contre la grippe pour les adultes de 65 ans et plus. Au total, Moderna dispose dans son pipeline 5 vaccins respiratoires, dont les résultats des essais de phase trois sont très positifs. Elle prévoit de demander l’autorisation de mise en vente de trois de ces produits cette année. Ils incluent évidemment le vaccin combiné ciblant le Covid-19 et la grippe, le vaccin contre le VRS ainsi qu’une version actualisée plus efficace de son vaccin anti-Covid.
Dans un communiqué, la société de biotechnologie a également annoncé qu’elle dispose actuellement de 5 produits contre le cancer, les virus latents (non respiratoires) et les maladies rares. Ils pourraient obtenir une approbation d’ici 2027. Le lancement et la vente de ces nouveaux produits devraient générer un chiffre d’affaires de 2,5 à 3,5 milliards de dollars en 2025. Moderna se montre très optimiste. Il espère enregistrer un taux de croissance annuel de plus de 25%.
Une décision un peu tardive selon les analystes
Les analystes estiment que malgré ces mises à jour, Moderna n’est pas prêt à voir la valeur de ses actions augmenter. Mani Foroohar, l’analyste de Leering Parteners, a annoncé dans un courriel jeudi que la société de biotechnologie venait tout simplement de « mettre fin aux éléments clés de la thèse haussière » de son action. Selon l’expert, ces mises à jour mettent en évidence la « détérioration de la situation financière » de l’entreprise.
Foroohar a également indiqué que les réductions des dépenses en R&D sont « trop éloignées dans le temps pour être crédibles de la part d’une équipe de direction qui, selon nous, s’est révélée entérinée incapable de projeter les performances de leur entreprise ». L’analyste de Jefferies, Michael Yee, a aussi donné un avis plutôt négatif dans une note de recherche publiée jeudi. Il a annoncé que la réduction des coûts prévue par Moderna ne pourra pas générer les économies souhaitées avant 2027. Ainsi, sa rentabilité n’est attendue que vers 2028.
Stéphane Bancel a également vanté le taux de réussite de Moderna en matière de développement de médicaments, soulignant que la société est “six fois plus performante” que le reste de l’industrie biotechnologique et pharmaceutique. Ce succès repose en grande partie sur les technologies avancées d’ARNm qui ont permis à Moderna de se distinguer dans le développement rapide de vaccins.Depuis le début du Covid, les laboratoires pharmaceutiques sont les principaux bénéficiaires de la crise sanitaire et profitent grassement de l’argent public. Pourtant, chaque jour, les effets indésirables des injections ARN COVID deviennent de plus en plus difficiles à dissimuler.