Par Yves-Marie Adeline – On a envie de dire : rions un peu, dans ce climat morose ; mais en vérité, tout est lié, l’incident qui s’est déroulé au musée de Lisse, en Hollande, n’est qu’un aspect, certes moins cruel mais tout aussi déstructurant, de la crise de notre civilisation dont on ne peut prévoir si elle est mortelle ou bien si un sursaut parviendra à la guérir.
Lisse est une petite ville, mais très ancienne, on en retrouve le souvenir avec certitude à la fin du XIIe siècle, et son nom signifie « la barrière », comme nos lices pour maintenir nos chevaux dans un champ. Dans ce pays qui a engendré des peintres parmi les plus grands de l’histoire mondiale (de Jérôme Bosh à van Gogh en passant par Vermeer, Rembrandt, van Dick et tant d’autres), Lisse, évidemment, fait pâle figure, mais a toute de même produit quelques maîtres de qualité : entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, Abraham Rademaker, dont voici une œuvre très belle, une rivière traversant des ruines antiques :
Au XIXe siècle, Cornelis Kruseman nous offrit, entre autres choses, de beaux portraits comme cette Jeune fille à l’orange :
Et même au XXe siècle, pour peu que l’on acceptât de descendre plusieurs étages, on y trouvait encore un Geer van Velde et cette Composition inspirée de la génération précédente :
Bon, quand les artistes ont disparu, il reste encore les musées, et la petite ville en possède un. C’est dans ce genre de lieu, ou plus généralement dans des lieux revêtus d’un prestige culturel (la Galerie des glaces, la colonne Vendôme etc. etc., les exemples sont légion désormais) que se rendent les imposteurs, pour légitimer leur laideur en la posant à côté de la beauté. D’où viennent-ils ?
De la fabrique générale de l’idéologie moderne, dans ce qu’elle a de plus radical. L’exaltation de ma manière (modus, en latin) de voir le monde tient lieu de vérité de ce monde ; en conséquence, parce que j’en ai décidé ainsi, une chose sera belle dès lors que je la désignerai comme belle, une chose deviendra œuvre d’art si je le veux. Le modernisme, parvenu à son apogée, c’est cela : l’homme qui se fait dieu. Peu importe qu’on ne le croie pas, du moment qu’il a le pouvoir d’imposer son discours. Il en est de même pour tout le reste : un homme prétend être une femme, il prétend même avoir « transitionné », alors que la « transition » lui est impossible : malgré les piqûres, les implants, les traitements de tout sorte, il aurait toujours sa prostate, et s’il la faisait enlever, il n’aura jamais ses règles, et son bassin sera toujours celui d’un homme, non celui d’une femme dont la forme est prévue pour l’accouchement. Nous vivons dans l’ère du mensonge, et le mensonge du prétendu « art » contemporain est de même nature que tous les autres ; c’est pourquoi le combat culturel est indissociable des autres dans notre volonté de sauver notre civilisation.
Ainsi donc, dans le musée de Lisse, un homme d’entretien découvrit avec répugnance que deux malotrus avaient jeté par terre des canettes de bière en fer-blanc, vides. On imagine l’ouvrier surinamien, ou bien venu d’Aruba, plus habitué à la décadence morale de ses maîtres qu’à celle de leur culture ; mais animé de la vertueuse intention de bien faire son travail : les détritus furent jetés à la poubelle.
Catastrophe ! C’était une œuvre d’art ! Et de quelle valeur, en dollars, sur le marché international ! Devant la presse, la « conservatrice » a toutefois excusé le brave homme, peu instruit – le populo, quoi, la Hollande d’en-bas – qui croyait avoir nettoyé les lieux. Il ne faudrait tout de même pas que cela se reproduise, encore un coup comme celui-là et l’on ne serait plus loin de la faute professionnelle ; enfin, pour l’instant, « elle n’en conserverait aucune rancune ». On est contents pour lui.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Oh, le Béotien ! Il n’avait pas assez essstudié l’art, probablement…
Le financement des « réparations » s’annonce passionnant !
Ah bon! les canettes vides sont maintenant des œuvres d’art?!
Je reviens dans 5 minutes, je vais fouiller le tri sélectif.