En Martinique, les révoltes populaires s’intensifient, malgré la censure des médias français et le silence total du gouvernement français. Chaque jour, le mouvement social de grande ampleur se renforce contre la vie chère, dénonçant les inégalités économiques imposées par l’Hexagone et les grands groupes. Alors que la répression s’intensifie, le mouvement ouvrier se joint à la lutte, amplifiant une contestation qui pourrait bouleverser l’équilibre de l’île. Le préfet de l’île à décréter un couvre-feu et l’interdiction des manifestations sur l’ensemble du territoire.
Les manifestation contre la vie chère a débuté en Martinique depuis le mois de septembre. Les mesures de répression mises en place par Paris n’ont pas découragé les manifestants. Ils ont par exemple effectué une marche à l’appel du RPPRAC le lendemain de la publication de l’arrêté interdisant la manifestation. Les manifestants ont envahi une partie de l’autoroute 1 pendant une heure.
La colère monte face à la vie chère
La Martinique est en proie à une profonde crise sociale marquée par une flambée des prix, exacerbée par la dépendance aux importations depuis la France métropolitaine. Selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les prix à la consommation en Martinique étaient en moyenne 14 % plus élevés qu’en France métropolitaine en 2022. Cependant, les écarts sont encore plus marqués selon les catégories : + 40 % pour les produits alimentaires, + 37 % pour les services de communication, + 14 % pour les dépenses liées aux loisirs et à la culture, et + 13 % pour les frais de santé.
Les prix y sont en moyenne 40 % plus élevés que dans l’Hexagone, plongeant une grande partie de la population dans des difficultés économiques. La colère des Martiniquais s’est manifestée ces derniers jours par des actions violentes, dont des incendies de grandes surfaces comme Carrefour Market, accusées de pratiquer des marges exorbitantes sur les produits de première nécessité.
Les manifestations, souvent accompagnées de pillages et d’affrontements avec les forces de l’ordre, ont conduit à une situation de chaos dans l’île. Des bâtiments publics, dont une brigade de gendarmerie au Carbet, ont été incendiés, et près de 400 véhicules ont été détruits. L’aéroport de Fort-de-France a également été envahi par des manifestants, entraînant sa fermeture temporaire. Cette vague de révolte traduit le ras-le-bol d’une population étouffée par une vie chère insoutenable. Par ailleurs, le taux d’emploi des jeunes serait seulement 32%, contre 49% dans l’Hexagone.
Plusieurs secteurs appellent à la grève
La mobilisation s’intensifie et s’étend à différents secteurs du mouvement ouvrier. Fin septembre, la Confédération Générale du Travail de Martinique (CGYM) revendiquaient la hausse « du salaire minimum, des pensions de retraite et des minima sociaux à 2000 euros nets par mois ».
La CGYM demande également une « indexation des salaires, pensions et minima sociaux sur l’inflation ; instauration du contrôle des prix des produits de première nécessité ». Les syndicats CGTM (Samar, Servair, Transair) de la zone aéroportuaire ainsi que les routiers Martiniquais affiliés à l’UNOSTRA ont aussi décidé de rejoindre les militants. Ce mouvement peut prendre une grande ampleur en cas d’alliance ouvrière et populaire.
L’intensification de la répression étatique
Face à l‘ampleur de la contestation, l’État français a déployé des mesures répressives sans précédent, avec l’annonce d’un couvre-feu dans certaines zones et l’interdiction des manifestations dans plusieurs communes. En soutien aux forces locales, la CRS8, unité d’élite spécialisée dans le maintien de l’ordre, aurait été envoyée en Martinique selon les manifestants. Ce retour des CRS sur l’île, après 65 ans d’absence, a une signification historique forte, les unités de CRS ayant été bannies en 1959 suite à la mort de trois jeunes Martiniquais lors d’affrontements.
Pour Paul-François Chira, directeur de cabinet de la préfecture de Martinique, l’arrivée imminente de CRS en renfort en Martinique est une fausse information diffusée sur les réseaux sociaux , ce qui a provoqué une escalade des événements. En réaction, une centaine de personnes ont envahi la piste de l’aéroport de Fort-de-France pour empêcher ce prétendu débarquement, avant que les affrontements ne se poursuivent à l’extérieur.
Néanmoins, cette présence renforce l’impression d’un durcissement des méthodes répressives de l’État, à l’image des interventions de cette même unité en Kanaky et lors de l’opération Wuambushu à Mayotte. Ce climat de répression accrue témoigne de la difficulté de l’État à contenir une contestation qui prend des allures de révolte coloniale.
Le Courrier des Stratèges
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14% selon la police, pardon l’INSEE, 40% selon les manifestants…