Durant la crise COVID-19, de nombreux gouvernements ont adopté des technologies émergentes pour encourager la vaccination. L’utilisation de chatbots interactifs sur des plateformes comme WhatsApp s’est révélée particulièrement efficace. Une étude menée en Argentine montre que ces outils, intégrant des fonctionnalités comportementales, ont significativement augmenté l’adhésion vaccinale. Pour autant les injections Covid constituent toujours une source de débat. Nombreux sont les arguments scientifiques qui vont à l’encontre de ces vaccins, notamment sur leurs effets indésirables, la sécurité des vaccins…
Bien que les effets secondaires de la vaccination Covid soient particulièrement à risque, les autorités sanitaires ont accéléré la vaccination Covid-19, pour mettre fin à l’urgence sanitaire mondiale. Jusqu’à présent, plus de 13 milliards de doses de vaccins ont été administrées à travers le monde. Il faut dire que de plus en plus de gens développent une fatigue liée à ces rappels incessants. Désormais, l’utilisation de l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles possibilités pour inciter les gens à recevoir le rappel saisonnier. Selon une étude menée dans le Chaco, en Argentine, un chatbot informé sur le comportement a permis de promouvoir la vaccination COVID.
Un chatbot WhatsApp pour promouvoir la vaccination
Dans le Chaco, une province défavorisée du nord-est de l’Argentine, les gens étaient peu enthousiastes à l’idée de recevoir un rappel de vaccin contre le Covid-19 pendant la pandémie. En effet, seulement 33% des personnes éligibles avait reçu une dose de rappel.
Des scientifiques ont alors décidé de remédier à ce problème. Ils ont développé un chatbot WhatsApp intéractif afin de promouvoir la vaccination contre le Covid-19 dans la province du Chaco. Le service intègre 5 fonctionnalités comportementales de bases.
Tout d’abord, les utilisateurs ont reçu un message initial, renfermant des informations personnalisées concernant leur éligibilité aux vaccins anti-Covid, selon les recommandations de vaccination en vigueur. Ils ont ensuite eu droit à un outil de localisation qui leur permettra de localiser les centres de vaccination les plus proches de chez eux. Il leur suffisait de saisir leur code postal ou d’utiliser la fonctionnalité « Partager la localisation » de WhatsApp.
Les utilisateurs sont ensuite invités à planifier le moment et l’endroit où ils se feraient vacciner. La veille de la date choisie, le Chabot leur envoyait un message de rappel. Enfin, le jour J, les utilisateurs ont eu accès à un lien avec les instructions de Google Maps leur permettant de se rendre au centre de vaccination choisi.
Toutes ces fonctionnalités ont été conçues afin d’éliminer les obstacles qui pourraient se présenter et réduire l’enthousiasme de la population du Chaco à se faire vacciner. Le but des scientifiques était de fournir aux utilisateurs des informations personnalisées afin de les pousser à adopter un comportement positif face à la vaccination, de les inciter à planifier eux-mêmes leur vaccination et à leur envoyer des rappels.
Un essai contrôlé randomisé à grande échelle
Cet essai a impliqué près de 250 000 participants répartis en trois groupes : un groupe témoin, un groupe recevant un rappel unidirectionnel, et un groupe bénéficiant du chatbot interactif. Les résultats ont montré une augmentation de 1,6 point de pourcentage dans le groupe chatbot par rapport au groupe témoin, et de 1 point de pourcentage par rapport au rappel unidirectionnel. Cela représente des milliers de doses supplémentaires administrées.
Ces résultats démontrent que les chatbots peuvent avoir un impact significatif, même dans des contextes où la demande vaccinale est faible, comme c’était le cas au moment de l’essai.
Notons qu’avant de créer le Chatbot, les scientifiques ont mené une recherche qualitative exploratoire auprès des habitants de Chaco. Ils ont constaté que la faiblesse du taux de vaccination dans cette province de l’Argentine est liée au manque de communication directe du gouvernement concernant l’éligibilité aux vaccins, aux informations obsolètes sur l’emplacement et les horaires d’ouvertures des centres de vaccination ainsi qu’à l’insuffisance des informations sur la disponibilité des vaccins.
Les participants à cette étude étaient des adultes âgés de 18 ans ou plus, habitant la province de Chaco, et qui possédaient un numéro mobile enregistré auprès de WhatsApp. Ils ont été recrutés via les sources de données fournies par le Ministère de la santé. 12% des participants avaient déjà reçu une dose du vaccin contre le Covid-19, 46,9% avaient reçu 2 doses et 40,3 % avaient reçu trois doses. Seul 0,6% en a reçu 4. Les scientifiques ont également formé un groupe témoin. Les membres ont reçu un message unidirectionnel.
L’impact des chatbots sur l’adoption vaccinale
L’étude menée dans la province du Chaco a utilisé un chatbot WhatsApp, conçu pour offrir des informations personnalisées sur la vaccination contre la COVID-19, et tester si une interaction bidirectionnelle était plus performante que les rappels unidirectionnels traditionnels. Les résultats sont frappants : l’adoption vaccinale a plus que triplé dans le groupe utilisant le chatbot par rapport au groupe témoin.
Les principales fonctionnalités du chatbot incluaient la personnalisation des informations selon le profil de l’utilisateur, la localisation des centres de vaccination les plus proches, l’incitation à planifier une date et un rappel avant le jour choisi. Ces fonctionnalités comportementales simplifiaient le parcours vaccinal et incitaient à l’action.
D’après le résultat de cette étude, au cours de la période d’observation de 4 semaines, 1.882 individus du groupe qui a utilisé le service du chatbot ont reçu une nouvelle dose de vaccin, soit 1.300 de plus que dans le groupe témoin. Selon les scientifiques, si tous les participants à cette étude ont utilisé le chatbot, 6.000 personnes auraient pu recevoir une dose de rappel. Ils ont donc conclu que l’usage de ce programme information basé sur le comportement est beaucoup plus efficace que l’envoi d’un message unidirectionnel.
Toutefois, les scientifiques ont indiqué que dans cette étude, on n’a pas pris en compte l’efficacité du chatbot sur les groupes résistants à la vaccination, vu que les individus qui n’avaient reçu aucune dose de vaccin contre le Covid-19 ont été exclus de l’échantillon. Par ailleurs, ils ont déclaré que l’étude a été menée au moment où le risque d’infection était faible. Ainsi, ils ne peuvent pas certifier si les résultats sont les mêmes lorsque la demande de vaccination sera plus élevée.
Les chatbots sont de plus en plus utilisés, notamment dans les secteurs des services à la clientèle et de la santé. En intégrant des interventions comportementales, ils peuvent jouer un rôle crucial dans l’augmentation de l’adoption de comportements de santé, comme la vaccination. Pendant la pandémie de COVID-19, plus de 100 pays ont adopté des chatbots pour fournir des informations sur les symptômes, les tests et les vaccinations. L’étude en Argentine montre que ces outils peuvent surpasser les méthodes traditionnelles de communication à faible coût et à grande échelle.
Le Courrier des Stratèges
Pensez par vous-même
Donc le groupe d’étude était constitué uniquement de gens vaccinés et donc par définition, plus sensible à n’importe quelle incitation. Quant au groupe témoin, on ne sait pas…
En réalité, quelle que soit la méthode d’influence utilisée, le pourcentage de personnes capables de s’affranchir de l’effet de groupe est stable. Les autres se laissent juste influencer plus ou moins vite.