L'Union Européenne s'inquiète officiellement de l'impact du coronavirus sur notre approvisionnement en médicaments. Fidèles à leurs réflexes bourgeois élitaires, les pouvoirs publics français dénient les dangers évidents qui se font jour (au nom: il ne faut pas alerter la population, constituée de Gaulois réfractaires irresponsables). Et pourtant, la perte de notre souveraineté sanitaire constitue aujourd'hui une menace fondamentale pour notre équilibre.
Le coronavirus fait aujourd’hui pesé une menace sur notre approvisionnement en médicaments. Même si les pouvoirs publics français se sont employés à le nier, la Commission Européenne ne fait aucun mystère sur ce point.
Le coronavirus et notre approvisionnement en médicaments
C’est une réunion jeudi des ministres européens de la santé, qui a permis de faire le point sur les dégâts causés par le coronavirus. Plusieurs sujets étaient à l’ordre du jour, dont la coordination des mesures de prévention sanitaire dans les différents pays de l’Union.
Cette réunion intervenait dans un contexte spécial, puisque l’on sait désormais que la technique utilisée par la Chine pour dénombrer les victimes du coronavirus lui a permis de minimiser les chiffres, et puisque l’on sait aussi que le gouvernement chinois ne cesse de déployer des moyens nouveaux pour venir à bout du fléau. Face à ce contexte pour le moins mouvant, il est bien temps que l’Europe s’interroge sur sa stratégie globale.
Or le coronavirus pose au moins deux problèmes d’approvisionnement majeurs pour les Européens. Le premier est lié au matériel de protection (notamment les masques) contre la propagation de l’épidémie, mais c’est un problème secondaire tant que l’épidémie ne frappe pas directement l’Europe. Il n’est pas impossible que ce matériel, désormais exclusivement fabriqué en Chine, soit rapidement en rupture de stock.
Surtout, les laboratoires pharmaceutiques occidentaux ont délocalisé leur production en Chine et rien n’exclut que le ralentissement économique imposé par la propagation du virus ne mette la production mondiale en difficulté. On remarquera que ce point n’a été soulevé que par la ministre finlandaise de la santé lors de la réunion à Bruxelles.
Soulignant également que "l'industrie pharmaceutique de l'UE est fortement dépendante d'importation de substances actives de la Chine", la Finlandaise Krista Kiuru a averti que la poursuite de l'épidémie "pourra(it) avoir un impact sur l'approvisionnement en médicaments".
Les inquiétantes assurances des laboratoires pharmaceutiques
Pour répondre à ces craintes, les laboratoires ont tenu un discours particulièrement… inquiétant. Chez Sanofi comme GSK, les entreprises indiquent qu’elles ne sont pas inquiètes, mais qu’elles suivent la situation de près.
Voilà le genre de discours que l’on tient lorsque le pire est à craindre, mais n’est pas encore arrivé. Sur le mode du “Jusqu’ici tout va bien”, en réalité, les laboratoires pharmaceutiques croisent les doigts pour que l’épidémie s’arrête au mois d’avril, avec les premières chaleurs, et pour que la production industrielle en Chine reparte comme avant.
Les encore plus inquiétants dénis d’Agnès Buzyn
Déjà harponnée l’an dernier sur les pénuries de certains médicaments produits en Chine (rappelons que les pénuries de médicaments n’ont pas besoin du coronavirus pour exister), Agnès Buzyn a adopté, sur le sujet du coronavirus, la même attitude que dans l’affaire Lubrizol : tout va bien ! dormez tranquilles bonnes gens ! l’Etat veille au grain.
Une réalité est désormais ancrée dans ce pays: lorsqu’un ministre prend la peine d’expliquer qu’un risque n’existe pas, il faut commencer à se méfier. Le déni des réalités constitue en effet le réflexe premier des élites au pouvoir en France. Ceci ne signifie pas que l’Europe va forcément connaître une rupture d’approvisionnement dans ses médicaments. En revanche, ce risque existe et il n’est pas négligeable. On saluera la culture des pays du nord de l’Europe où les gouvernants ne se sentent pas obligés de prendre les gouvernés pour des crétins en les berçant en permanence d’illusions en tous genres.
La souveraineté sanitaire, un enjeu crucial
Comme l’a évoqué l’industrie pharmaceutique elle-même, la question de la souveraineté sanitaire est désormais posée en Europe. Les délocalisations industrielles massives en Chine ont privé l’Europe de sa capacité à s’auto-suffire en matière pharmaceutique.
Rien n’exclut que l’épidémie de coronavirus ne permette à chaque Européen de mesurer durement les inconvénients de cette dépendance.