L'affaire Polanski n'en finit pas de susciter des remous. Officiellement, le cinéaste est critiqué pour des agressions sexuelles sur des mineures, motif de détestation inattaquable. Mais plusieurs indices troublants soulignent l'ambiguïté de ces critiques, qui fleurent bon l'antisémitisme des années 1900. Et si la gauche bien-pensante qui le conspue, notamment du côté des féministes et autres intégristes de la morale, retrouvait naturellement son vieil antisémitisme bon teint ?
L’affaire Polanski déchire l’opinion et soulève des tempêtes de haine, apparues au grand jour lors de la cérémonie de remise des Césars. Alors que le film de Polanski consacré à l’affaire Dreyfus était donné parmi les favoris, l’équipe qui l’a joué et réalisé a décidé de boycotter la cérémonie pour éviter les troubles à l’ordre public. Cette absence en dit long sur le climat qui domine le débat public en France, où tout sujet est désormais conflictuel et clivant.
Mais sommes-nous sûrs que la détestation dont le réalisateur fait l’objet est seulement inspirée par la volonté de protéger les petits enfants contre les prédateurs sexuels ? Qu’il soit permis d’avoir ici un doute. Voici pourquoi.
Affaire Polanski : les bonnes raisons d’une détestation
Comme nous l’avons déjà indiqué à l’occasion de l’affaire Matzneff, la banalisation des relations sexuelles avec des mineures d’âge fait partie des scandales qui n’ont jamais gêné personne dans les cercles fermés parisiens tout au long des années 80, puis 90. Ce silence, qui a concerné des publications donneuses de leçons comme Libération, est à peine moins déshonorant que le principe lui-même d’une sexualité avec des mineures non consentantes.
Jusqu’ici, à tort ou à raison, Roman Polanski a toujours échappé à la justice sur ces dossiers. Que l’opinion publique ou qu’une partie d’entre elle le rattrape fait partie du jugement ordinaire auquel chacun s’expose par son comportement. Et l’on ne trouvera rien à redire sur ce point.
Le troublant procès contre son film consacré à Dreyfus
Ce qui trouble ici tient aux circonstances et à l’ambiance qui entourent cette sorte de chasse à l’homme à laquelle les bienpensants se consacrent avec acharnement. Si l’on peut soupçonner Polanski d’avoir consacré un film à l’affaire Dreyfus en s’identifiant lui-même à une victime d’erreur judiciaire, et ce faisant lui faire reproche de vouloir se disculper ou se victimiser à bon compte, il n’en reste pas moins que l’affaire Dreyfus, ce n’est pas rien. La défense posthume du capitaine envoyé un temps à Cayenne pour une faute qu’il n’avait pas commise, tout cela parce qu’il était juif, mérite d’être prise.
En pourchassant Polanski à travers son film et les prix qu’il peut justifier, c’est un peu le devoir de mémoire vis-à-vis de l’autre affaire, l’affaire Dreyfus, qui est écorné et mis à mal. Et c’est bien ce qui nous gêne, car on se demande si cette éclipse ne répond pas à des motifs malicieux.
Affaire Dreyfus contre égalité hommes-femmes
Allons jusqu’au bout du raisonnement. Il faudrait aujourd’hui refuser de primer un film consacré à l’affaire Dreyfus sous prétexte que son réalisateur a des crimes ou des délits sexuels à se reprocher. Cela signifierait donc que l’histoire qu’on raconte est moins importante que celle ou celui qui la raconte.
S’agissant de l’affaire Dreyfus, cette échelle de valeur contribue quand même à minimiser un moment où l’antisémitisme en France fut non seulement violent, mais pratiqué par l’État. Lutter contre l’antisémitisme serait donc secondaire par rapport à d’autres bonnes causes.
Dans une sorte de hiérarchie de l’horreur, la défense de l’État de droit, la protection de la communauté juive, passeraient après la lutte contre les prédateurs sexuels. Ce genre de raisonnement est évidemment indécent.
Mais le trouble ne s’arrête pas là. La cérémonie des Césars l’a montré.
L’étrange message passé à la cérémonie des Césars
Cette cérémonie qui a tout du rituel religieux pour le cinéma français a conduit à un étrange retournement des valeurs. D’un côté, Polanski n’y avait plus sa place. D’un autre côté, l’actrice franco-sénégalaise Aïssa Maïga est venue expliquer d’un ton mal ajusté qu’il n’y avait pas assez de Noirs dans le cinéma français.
Ensuite, c’est le film de Ladj Ly “les Misérables” qui a reçu de nombreux prix, à la satisfaction générale des mêmes bienpensants qui se sont sentis écoeurés à l’annonce des prix remis à Polanski et à son film. L’animatrice de la soirée, Florence Foresti, a même craché dans la soupe après la cérémonie en se déclarant écoeurée par le palmarès qu’elle avait présenté.
Bref, il y avait deux mondes ce soir-là. Le monde des méchants blancs patriarcaux qui agressent les petites filles, et le monde des gentils africains victimes d’oppression qui défendent malgré nous l’avenir de notre pays.
L’étrange cécité vis-à-vis du passé judiciaire de Ladj Ly
Pourtant, on voit mal pour quelle raison le réalisateur franco-malien Ladj Ly n’est pas lui-même l’objet de critiques aussi virulentes que celles essuyées par Polanski.
Comme l’a souligné le magazine Causeur, Ladj Ly a eu ces dernières années des comportements qui n’ont rien à envier à ceux de Polanski. En particulier, il a écopé d’une condamnation à une peine de prison pour avoir participé à l’enlèvement et à la séquestration de l’amant d’une cousine. Le prisonnier a eu la bonne idée de s’enfuir au bon moment, car, après avoir été passé à tabac, il était manifestement destiné à brûler vif au fond d’une forêt, en représailles pour cet adultère.
À moins que la justice tribale dans ce qu’elle a de plus barbare ne paraisse plus défendable que la violence sur des mineurs, on ne comprend pas pourquoi les pourfendeurs de Polanski ne sont pas aussi des pourfendeurs de Ladj Ly.
Cette indulgence vis-à-vis de l’un, et cette intolérance vis-à-vis de l’autre, sont suspectes.
Le judaïsme de Polanski est-il un argument à charge ?
Il se trouve que le film de Ladj Ly parle des vedettes imaginaires du moment : ces immigrés musulmans prétendument discriminés par les méchants blancs qui ont la mauvaise idée de leur proposer des écoles gratuites, des hôpitaux gratuits et des droits sociaux, preuve que le colonialisme sévit toujours. En revanche, le film de Polanski parle des suspects du moment : les Juifs qui aiment l’argent et oppriment les pauvres Palestiniens.
Il se trouve que Ladj Ly est un franco-malien, donc Noir, donc victime du colonialisme et de l’esclavage, c’est bien connu, alors que Polanski est un petit juif de Cracovie, statut dont l’étoile pâlit à mesure que le gouvernement israélien refuse d’appliquer les résolutions des Nations Unies sur son sol.
Il est très tendance de défendre cette image modernisée du bon nègre, de ce grand enfant attardé dans l’histoire de l’espèce humaine, rajeunie sous l’aspect de l’immigré victime de discrimination à qui on pardonne tout (y compris la participation à une vendetta quasi-religieuse), puisqu’il est un enfant. Et il est curieusement tendance, à gauche, de commencer à jeter des regards torves sur les Juifs, spécialement sur ces Ashkénazes cosmopolites qui ont créé Israël.
Tout ceci n’est évidemment jamais avoué, jamais dit clairement. Mais on sent bien que les grands schémas de pensée de la gauche bobo dominant avant l’Holocauste commencent tout doucement à reprendre leurs droits.
La gauche bobo ou l’histoire d’un antisémitisme bon teint
Selon une légende tenace laborieusement entretenue par la gauche bobo, l’antisémitisme serait le monopole de l’extrême droite. Un homme ou une femme de gauche ne peuvent pas être antisémites. Cette croyance relève évidemment de la farce.
Nous publions en incipit de ce post une caricature antisémite sur l’affaire Dreyfus signée de Pépin, le collaborateur du Grelot, qui se déclarait journal de la gauche républicaine farouchement anticlérical. On a oublié qu’à l’époque, on pouvait être de gauche et ouvertement haineux vis-à-vis des Juifs comme l’était Jean Jaurès par exemple.
On a aussi oublié que des gens comme Pierre Laval ont commencé leur carrière politique à la SFIO. Laval n’a rompu avec la gauche qu’à partir de 1930, soit 10 ans seulement avec le statut des Juifs sous Vichy. L’essentiel de son engagement politique fut mené à gauche.
Bien entendu, cet antisémitisme n’est pas le rejet racial du Juif comme ce fut le cas avec la doctrine nazie. C’est plutôt un mépris ordinaire, le renvoi à un statut secondaire, inférieur, plutôt proche de ce que proposait Charles Maurras.
De l’anti-sionisme à l’anti-polanskisme, la montée d’un antisémitisme qui ne dit pas son nom
C’est à la résurgence de cet antisémitisme bon teint auquel on assiste.
Rassurez-vous : on ne dit plus “Mort aux Juifs”, ni “les Juifs cette vermine”. Les arguments sont plus subtils. On attaque Israël à tout bout de champ. On explique que Zemmour est un dangereux islamophobe. On explique que Polanski doit être banni parce qu’il viole les petites filles.
Le bannissement des Juifs ! On l’a toujours justifié par de bonnes raisons. Il a d’ailleurs commencé, si l’on en juge au nombre d’enfants juifs qui fréquentent encore l’école publique. Mais il présente toujours un inconvénient : on sait toujours où il commence, on ne sait jamais où il s’achève.
Humm… là vous faites du BHL pour qui l’antisémitisme est le fond de commerce, chez lui tout est sujet à ça. Le danger de telles interprétations est de ne plus reconnaître l’antisémitisme lorsqu’il en est réellement question.
En revanche, la France est sous la pression d’une gauche (en fait d’un progressisme, je n’aurais de cesse de le dire, le progressisme contient toutes les autres idéologies et ce depuis les Kennedy) qui ne fait jamais que ce qu’elle sait faire, à savoir, positionner le curseur sur tout et en toutes circonstances avec une partialité totalement assumée.
Polanski tout le monde en parle mais in fine personne n’en sait rien, Griveaux vous dirait qu’il s’en branle, en revanche, le cinéma français ou prétendu tel est en totale déliquescence, ces gens, à l’instar de la presse, n’existent que par les subsides versés par l’Etat, tout le monde le sait, et le sérail de “l’exception culturelle” aussi.
Il reste quoi ? toujours les mêmes, une minorité hurlante et vociférante dont le point commun est qu’ils soient affublés d’un crétinisme congénital.
La seule véritable question est de savoir qui parle ? Une fois fait, vous n’allez plus au cinoche, vous n’achetez plus de presse écrite ou web, vous ne regardez plus les informations, vous laissez de coté les réseaux sociaux. Vous passez de l’autre coté de la barrière et du coup vous y êtes en bonne compagnie et tous ces crétins sont morts, car s’ils existent, c’est seulement parce que nous en parlons…
Analyse assez juste: certains masquent leur antisémitisme par une défense des mineures. ( cf l’opposition à Polanski)
MAIS: pourquoi comparer Polanski à Ladj Ly?
Tout d’abord dans l’échelle des crimes s’attaquer à un adulte de son âge est condamnable et punissable, mais violer une enfant est certainement pire.
De plus il y en a un qui a commis un crime et qui a été condamné et donc a payé sa dette à la société. L’autre a été accusé, et a toujours fui la justice.