Mediapart a produit des enregistrements de conversations privées où Alexandre Benalla, pourtant licencié, revendique haut et fort le soutien du Président de la République. Tout laisse par ailleurs à penser que Benalla a probablement menti à la commission parlementaire qui l’interrogeait sur un contrat avec un magnat russe. Derrière ces faits précis se pose une autre question majeure: qui a enregistré ces conversations? et dans quel but?
Les révélations faites par Mediapart sont intéressantes sans être capitales en soi. On apprend ainsi qu’Alexandre Benalla et un autre salarié de l’Élysée, Vincent Crase, se sont rencontrés plusieurs fois malgré l’interdiction judiciaire qui leur en était faite. On y apprend aussi qu’ils ont signé un contrat de protection avec un magnat russe (proche de Poutine et de la mafia russe, paraît-il) de plusieurs centaines de milliers d’euros. Compte tenu de l’origine de ces sommes, leur banque les a mis en garde…
On apprend en outre qu’Alexandre Benalla se targue régulièrement du soutien d’Emmanuel Macron. Il a par ailleurs à plusieurs reprises rencontré des proches du Président depuis son départ de l’Élysée.
Pourquoi ces enregistrements sont importants
De notre point de vue, le véritable enjeu ne tient pas aux révélations elles-mêmes, mais aux coulisses de ce énième rebondissement.
Depuis que l’affaire a éclaté, le « feuilleton » Benalla est parfaitement orchestré. Chaque accalmie dans l’actualité présidentielle, chaque moment d’éclaircie apparente ou de remontée dans les sondages est marqué d’une nouvelle révélation. Chaque révélation est incisive, elle mord là où il faut pour affaiblir l’image d’un Président fiable et transparent qu’essaie de se donner Emmanuel Macron. La question est évidemment de savoir si cette orchestration sera suivie d’autres futures révélations, et si elle obéit à un but précis.
Sur ce point, la publication de « podcast » par Mediapart montre que des âmes bien intentionnées ont souhaité qu’un media d’investigation fasse savoir que la vie privée d’Alexandre Benalla n’était pas inaccessible. Voilà qui pose quelques problèmes…
Mais qui donc veut tant de mal au Président de la République?
L’hypothèse d’un enregistrement par un ami de Benalla
Sur BFMTV, Dominique Rizet, consultant de la chaîne sur les affaires de police, suggérait que ces enregistrements avaient été réalisés par le comparse de Benalla, Vincent Crase lui-même.
Techniquement, cette hypothèse est plausible: tous les podcats sont enregistrés à l’occasion de rencontres entre Alexandre Benalla et Vincent Crase. Rien n’exclut donc que ce dernier ait enregistré clandestinement Benalla, ou ait été informé de l’enregistrement de ces conversations, et n’en ait pas informé son co-accusé.
Vincent Crase peut avoir intérêt à agir de cette façon, dans la mesure où ces enregistrements qui montrent un Benalla fanfaron et fier-à-bras, minorent son propre rôle dans ces affaires.
Mais pourquoi Crase voudrait-il nuire à Emmanuel Macron?
Toutefois, Vincent Crase ne peut pas ignorer l’effet collatéral de ces enregistrements pour Emmanuel Macron. Même s’il n’est plus salarié de l’Élysée, ce gendarme de réserve n’a probablement pas intérêt à devenir l’homme qui fait tomber le Président de la République. Sauf, bien entendu, à disposer d’une solide porte de sortie professionnelle.
Pour cet homme de 45 ans, ce choix pourrait s’avérer risqué.
De notre point de vue, il est assez peu probable que Vincent Crase ait, en lien avec Mediapart, prémédité d’enregistrer Alexandre Benalla à son insu, souhaité le faire parler sur l’affaire, pour ensuite permettre la publication de ces enregistrements. Même dans une stratégie de défense judiciaire, le choix de transmettre ces enregistrements à la presse paraît suicidaire.
Benalla est-il personnellement surveillé par les services?
Une autre hypothèse pourrait mieux tenir la route. Elle implique que Benalla soit surveillé par des services de renseignement (lesquels? cela reste à éclaircir), et que ceux-ci aient fourni les enregistrements à la presse pour nuire à Alexandre Benalla.
Dans ce schéma, la discrétion de Vincent Crase pourrait s’expliquer assez simplement par le fait que ledit Vincent Crase soit prévenu de l’existence de cette surveillance rapprochée, et soit suffisamment averti des règles du pouvoir pour ne pas imaginer qu’un Président de la République puisse tout couvrir ou excuser. Il est en effet probable que dans cet univers élyséen lié aux questions de sécurité, Vincent Crase bénéficie de quelques « tuyaux » et de quelques consignes de discrétion.
Les signaux faibles qui penchent en faveur de cette hypothèse
Plusieurs éléments intriguent dans l’enquête de Médiapart. Celle-ci est publiée quelques semaines après la révélation, par un autre média, du contrat conclu entre Crase et un oligarque russe. Elle montre que Benalla se situait dans la même boucle, mais évite (pour l’instant) de montrer en quoi il est intriguant qu’Emmanuel Macron, qui mène une croisade personnelle contre l’influence russe en France, dispose dans son entourage de gens qui concluent d’importants contrats avec « l’ennemi ».
Accessoirement, l’enquête de Mediapart cite le nom rarement évoqué de Ludovic Chaker, et de Nicolas Bay, dont nous rappelons qu’il fut épinglé pour d’éventuels liens avec le Qatar.
Mediapart et Ludovic Chaker
Chaker est l’homme mystère de cette séquence, alors qu’il est le chaînon manquant entre Emmanuel Macron et Alexandre Benalla. Mediapart prend soin de mentionner qu’il a rencontré Benalla à plusieurs reprises depuis le licenciement de celui-ci.
Mediapart prend soin de souligner que Chaker est un ancien du 44è régiment d’infanterie, mais précise qu’il n’est pas l’homme des services secrets qu’il prétend être. En même temps, ce régiment est connu pour abriter des personnels de la DGSE.
Faut-il lire dans cet article de Mediapart un coup de semonce plus appuyé sur les liens obscurs entre l’Élysée et les services? L’avenir nous le dira, mais il est évident que le feuilleton, en l’état, n’est pas prêt de s’arrêter, et que les révélations à venir pourraient être très intéressantes.
D’autres boules puantes à venir pour Macron?
Pour le reste, on notera que, avec le début de la campagne pour les municipales à Paris, les boules puantes commencent à pleuvoir. Elles visent Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au Numérique et présenté en son temps comme le héraut de la lutte contre les interventions russes dans la campagne présidentielle (à l’occasion des Macronleaks).
Ce proche d’Emmanuel Macron pourrait passer un sale quart d’heure dans les semaines à venir. Voilà qui ne fera pas les affaires du Président de la République.
Plus sur Ludovic Chaker? Cliquez ici. Plus sur Mahjoubi? Cliquez ici.
Tout lanceur d’alerte est un heros. Il n’a rien a craindre s’il fait tomber un pourri, fut il president de la republique.
Cette republique est nauseabonde, et Macron l’incarne on ne peut mieux. Seulement voila, Elle est ce que le peuple ne veut plus. Elle diffuse l’image d’un pays corrompu, ou les liens inofficiels dominent sur les organigramnes etablis et ou les arrangements entre copains prevalent sur l’interet commun. Un grand coup de balai s’impose!
Pour l’instant, je ne vois de tous côtés que des cocus.
Tant qu’il n’y a ni éborgnés, estropiés ou gazés , tout va bien.
Tout ceci est une magouille fort bien orchestrée, que l’on appelle, en terme de métier, de l’intoxication…
…où les média s’en donnent à cœur joie, comme prévu.