Les professions libérales ne sont pas au bout de leur chemin de croix. Après des mois tumultueux où la crise économique a succédé au coronavirus, une extension de l’assurance maladie à compter du 1er juillet 2021 devrait les obliger à acquitter une nouvelle cotisation. En contrepartie, ils bénéficieront, en cas d’incapacité de travail, d’une indemnité journalière. Ce dispositif fait grincer des dents.
L’information fait grincer des dents dans les professions libérales : à l’instigation de l’UNAPL, présidée par l’agent général Axa Michel Picon, le gouvernement a déposé un amendement à la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 étendant les indemnités journalières de la sécurité sociale aux professions libérales. Cette extension leur vaudra une cotisation maladie nouvelle, qui ne tombe pas vraiment à point nommé pour eux…
Les professions libérales en réseau
Manifestement, le circuit de préparation de cet amendement ne satisfait pas tout le monde. C’est en effet à la demande de l’UNAPL, qui prétend avoir consulté ses adhérents sur le sujet, que le gouvernement a déposé cet amendement. Le circuit de la proposition ne surprendra personne : l’UNAPL est adhérente de l’U2P, dont l’ancien président (jusqu’en juillet) n’était autre qu’Alain Griset, devenu sous-ministre des PME dans le gouvernement Castex. Accessoirement, le président de l’UNAPL est aussi vice-président de l’U2P. Tout ce petit monde se tenant par la barbichette, la consultation des adhérents était de toute façon secondaire dans le dossier, puisque les décideurs étaient d’accord entre eux.
Voilà donc, ni vue ni connue, une extension du périmètre de l’assurance-maladie monopolistique décidée sans véritable débat.
« Cet amendement nous tombe dessus sans concertation », critique un acteur de la protection sociale des libéraux. « Il correspond à une demande de l'une de nos organisations représentatives, mais est-elle légitime ? », poursuit-il.
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L’UNAPL est-elle légitime ?
Selon Michel Picon cité par les Echos, 90% des adhérents de l’UNAPL étaient d’accord pour la mise en place d’un système qui permettra à chaque cotisant de recevoir une indemnité journalière durant ses trois premiers mois de maladie. Le problème est évidemment que l’UNAPL déclare 40.000 cotisants, et que les professions libérales représentent regroupent au bas mot 1 million de personnes en France. C’est un peu court, tout de même, pour décider de lever un impôt nouveau sur une catégorie de population.
Mais ce point est subalterne pour le président de l’UNAPL qui semble très heureux de pouvoir imposer au forceps une mesure aussi sensible à l’ensemble d’une profession : « Quand on laisse chacun faire à sa façon, ça démarre à 91 jours. Parce que ça coûte beaucoup trop cher si on ne mutualise les risques qu’à l’échelle d’une profession », déclare-t-il. Ne pas laisser chacun faire à sa façon, voilà un étrange réflexe de la part d’un syndicat « libéral ».
Le patronat toujours en soutien des monopoles publics
Comme le soulignent Les Echos, cet amendement s’inscrit dans la droite ligne du projet d’assurance maladie universelle, la PUMA, qui vise à terminer l’oeuvre entreprise en 1945 d’adhésion obligatoire à un opérateur public monopolistique en matière de santé. Une fois de plus, on notera que cette expansion constante du monopole public, à rebours de ce qui se passe en Allemagne par exemple, se fait à la demande expresse d’organisations patronales supposées « libérales ».
Cette particularité très française mérite une fois de plus réflexion.