Et si le premier défaut du macronisme, et d'Emmanuel Macron à rebours de la promesse "d'ouverture" faite aux "amateurs" en 2017, était de ne faire confiance qu'à l'entre-soi des amis et des gens qui vous ressemblent, des courtisans recrutés dans de petits cercles d'initiés où les mêmes opinions circulent en boucle et en circuit fermé ? La semaine qui vient de s'écouler donne l'étrange sentiment d'un fonctionnement du pouvoir en vase clos, en conversations de salon qui se défient non seulement des Gaulois réfractaires (ça, on le sait depuis longtemps), mais aussi de plus en plus ouvertement des institutions républicaines, parce qu'elles obligent à la démocratie. Et c'est peut-être le grand drame d'Emmanuel Macron dans le pilotage d'une crise rare : au lieu d'ouvrir grandes les fenêtres du pouvoir à des airs qu'il n'a pas l'habitude de respirer, il se replie dans un boudoir confiné et réservé à quelques initiés.
Et si le principal vice du macronisme n’était autre que la consanguinité élitaire, cette façon de se retrouver dans l’entre-soi de gens qui se ressemblent et qui sont convaincus de détenir une vérité unique, si unique qu’elle les dispense d’écouter les petites voix de la société française ? Plusieurs indices montrent que, après trois ans et demi de pouvoir, Emmanuel Macron souffre désormais de cette surdité caractéristique des Présidents qui se coupent de l’opinion. Plus que jamais, son absence d’ancrage local lui coûte, cher, très cher.
Castex, un second couteau sorti de l'ENA de plus en plus en difficulté
Le projet de loi de sécurité globale se transforme en chemin de croix pour Castex, technocrate choisi par Macron pour ne pas lui faire d'ombre. Dès la semaine dernière, Dupond-Moretti prenait ses distances avec le texte, laissant le duo Darmanin-Castex seul à une manoeuvre de plus en plus délicate. La multiplication des polémiques sur le sujet a rendu inaudibles les réactions de Castex sur le sujet : proposition de saisir le Conseil Constitutionnel, d'abord, puis de créer une commission spéciale que le président de l'Assemblée, Richard Ferrand, proche de Macron, a vivement dénoncée. Le Premier Ministre apparaît de moins en moins capable de gérer une situation qui le dépasse.
Darmanin, le billard à trois bandes qui fragilise
Par ses surenchères systématiques et son manque évident de flair dans le dossier de la sécurité globale et de son projet de loi, la carte Darmanin que Macron a abattue cet été pour séduire la droite à l'approche des élections présidentielles apparaît de plus en plus comme un calcul tordu un billard à trois bandes, qui clive et met en péril l'ordre public. Ce ministre soupçonné de viol qui a atterri à l'Intérieur comme un coup politique improbable constitue aujourd'hui un point faible. Le projet de loi de sécurité globale déstabilise l'édifice gouvernemental. Accessoirement, Darmanin est aussi le ministre des Cultes, mais il est aux abonnés absents sur la jauge à 30 personnes pour l'autorisation des messes. N'est pas Sarkozy qui veut.
Remboursement de la dette : retour à l'ancien monde
Cinq personnalités devraient créer une nouvelle commission : celle-ci serait chargée de réfléchir à la meilleure façon de rembourser la dette créée à l'occasion du COVID. On n'y retrouve que des "experts" de l'ancien monde, dont Laurence Parisot et Marisol Touraine... Rappelons que Marisol Touraine a quitté le ministère des affaires sociales avec une sécurité sociale en déficit, et que Laurence Parisot n'a jamais renégocié les 35 heures quand Nicolas Sarkozy le lui demandait. L'ancien monde revient, avec une crédibilité proche de 0. Mais ces choix participent de l'entre-soi présidentiel.
Deux conseillers présidentiels sans innovation
La semaine dernière, Macron avait officialisé le recrutement de Thierry Solère, député LR passé à LREM, et de Stéphane Séjourné, concubin du porte-parole du gouvernement, comme conseillers politiques. Là encore, l'entre-soi, la proximité sociale, le "copinage", paraissent les critères de sélection essentiels du pouvoir. Ce manque d'imagination illustre une nouvelle fois les "limites" du macronisme, et son incapacité à sortir des personnalités qui hantent le tout-Paris et ses réseaux affinitaires.
Ambiance délétère entre énarques au sommet de l'Etat
Il semblerait que le fonctionnement de la Présidence ne soit vraiment pas au beau fixe. Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, semble avoir des relations détestables avec le directeur de cabinet du Premier Ministre, Nicolas Revel, homme de gauche, fils de Jean-François Revel, mis à ce poste par Emmanuel Macron. Cette mésentente complique singulièrement la relation entre l'Elysée et Matignon. Là encore, l'entre-soi des cabinets et des écuries parisiennes joue un mauvais tour au fonctionnement de l'Etat.
De l’air, vite…
Tout indique que l’Elysée vit plus que jamais en vase clos et se transforme en une forteresse putride où une petite cour se dispute le pouvoir sans s’intéresser réellement au destin du pays, ou en s’y intéressant secondairement. La déconnexion est forte.
Il devient urgent d’ouvrir les fenêtres et de renouveler le personnel politique qui prend les décisions.
les institutions ripoublicaines qui obligeraient à la démocratie ?? mais lesquelles : je n’en vois aucune !!!! la ripoublique c’est le contraire de la démocratie : nous l’avons encore vu en 2017 !!!!
Bonjour Un petit rappel intéressant
Intellectuels idiots ?
Nassim Nicholas Taleb parle des “IYI” (Intellectual Yet Idiot, traduit en français par “IENI” : intellectuel-et-néanmoins-idiot) pour désigner la caste des intellectuels proches du pouvoir ou de l’État, que leur fonction apologétique transforme en bureaucrates obséquieux. Scientistes mais peu rigoureux, ils se trompent continuellement tout en faisant preuve de la plus grande arrogance :
L’« intellectuel-et-néanmoins-idiot » (IENI) étant un produit de la modernité, son apparition s’est accélérée au moins depuis le milieu du XXe siècle pour atteindre son apogée un peu partout aujourd’hui, au point que les gens qui ne mettent pas leur peau en jeu l’ont emporté. Dans la plupart des pays, le rôle du gouvernement est de cinq à dix fois plus important qu’il y a un siècle (en pourcentage du PIB). (Nassim Nicholas Taleb, Jouer sa peau: Asymétries cachées dans la vie quotidienne, 2017)
Et pour terminer
il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéienne
Les honneurs et la célébrité n’empêchent pas la déchéance ou la chute d’arriver.
Bonne journée et un grand merci pour tous vos articles ..passionnants .
Bonjour
Il reste au Président Emmanuel Macron une porte de sortie par le haut tel qu’un référendum dont il assumerait pleinement la décision du peuple inclue dans l’esprit de la constitution de 1958 et de la V ème République en suivant l’exemple du président d’alors le Général Charles De Gaulle en 1969
Hélas n’est pas De Gaulle qui veux …C’est là toute la différence entre servir la France et se servir de la France
Bonjour,
De l’air! En effet, c’est au fonds l’une des deux ou trois plus grandes urgences pour notre pays.
D’où l’une de mes réformes marottes:
Pour tous les fonctionnaires de catégories A, à tous les niveaux hiérarchiques, dans toutes les administrations (y compris juridictions administratives, judiciaires et financières): pas plus d’un tiers du personnel venant d’une même école. Démerdez-vous.
A bon entendeur…
tous ces dégénérés du macronisme se ressemblent bien (castex, véran, dupont sans oublier la sibete !!) et vont bien finir par se bouffer entre eux après avoir mis la FRANCE par terre et avoir asservi les FRANCAIS trop lâches et couards pour réagir aux mensonges et manipulations de la bande à macron
C’était plus ou moins prévisible et terriblement effrayant
Et les plus à condamner c’est sans doute Attali et le Club de la Redoute qui ont mis à l’Elysée un gamin comme a dit publiquement Luc Ferry.
Comment vont s’en sortir la France et surtout les SDF, les pauvres et les mal logés français et plus globalement l’ensemble des bœufs i-e les veaux qui ont, émasculés, forcément vieilli ?
Hélas tout cela serait le fruit d’un nième vote , comme aux USA pour ce qui est de Trump, “””””démocratique”””””.
Or on aura beau dire, on aura beau faire « Dès que nous disons le mot « démocratie » pour nommer notre mode de gouvernement qu’il soit américain, allemand ou français, nous mentons. La démocratie ne peut jamais être qu’une idée régulatrice, une belle idée dont nous baptisons promptement des pratiques très diverses. Nous en sommes loin, mais encore faut-il le savoir et le dire »(A.E)
« Nous sommes victimes d’un abus de mots. Notre système (les « démocraties » occidentales) ne peut s’appeler « démocratique » et le qualifier ainsi est grave, car ceci empêche la réalisation de la vraie démocratie tout en lui volant son nom. » (S-C.K)
« La démocratie, c’est le nom volé d’une idée violée » (J-P.M).
Malheureusement la sophocratie, c’est pas encore pour demain.
Complément .
Une idée réaliste de la sophocratie : une co-présidence tournante entre cinq « sages » de moins 65 ans dont impérativement au moins deux femmes, élus pour cinq ans non renouvelables et se partageant les responsabilités des actuels ministères régaliens dont évidemment celui des affaires étrangères. Sans coûteux et relativement efficaces ministres, mais avec une vingtaine de directeurs généraux des diverses administrations tous « renouvelés » un an après la nouvelle élection de cinq nouveaux sages co-présidents .
Et tant pis pour les politiciens professionnels peu ou prou estimables et efficaces essentiellement soucieux d’être réélus jusqu’à plus soif parfois au Palais Bourbon ou/puis au Palais du Luxembourg, en sus de quelques années comme ministres. pour arrondir la retraite /
Provenant de vous qui avez fait également l’Ena me semble t’il, ce constat de la consanguinité Enarchique est d’autant plus pertinent. L’idée des 1/3 max de la même école dans les services est intéressante mais en fait les Ena sont des bons hauts fonctionnaires, le problème est qu’ils ne devraient simplement pas être au pouvoir.