Si Emmanuel Macron gagne des points dans les sondages, la macronie paraît fortement ébranlée par les semaines qui viennent de s’écouler. Les premiers craquements qui se font entendre devraient inquiéter le chef de l’État.
La remontée récente de Macron dans un sondage IFOP commenté très positivement par le très macronien Bruno Jeudy (par ailleurs éditorialiste sur BFM) dans la feuille encore plus macronienne appelée Paris Match, est évidemment pleine d’espoir pour le Président de la République. Sa stratégie de “curiaçage” des Gilets Jaunes lui redonne de l’air, en attendant que le Grand Débat ne se termine.
Du côté de la macronie, en revanche, les premiers chocs systémiques arrivent.
La macronie face à un début de fronde parlementaire?
Le signal le plus inquiétant tient à la défection marquée de 50 députés En Marche en première lecture de la loi anti-casseurs à l’Assemblée Nationale. L’article 2 de la loi, en particulier, qui crée une interdiction administrative de manifester, soulève des cas de conscience dans la majorité elle-même, jusqu’à justifier que des députés s’expriment publiquement contre ce texte.
Pour le gouvernement, qui a repris tardivement un texte présenté au Sénat par Bruno Retailleau, ce rejet fait un mauvais genre. Il montre qu’au sein de la majorité, une ligne de fracture apparaît entre partisans de l’ordre et partisans du “mouvement” (même si ce choix est encore timide).
Le Parquet a-t-il savonné la planche de Macron?
Parallèlement, la tentative de perquisition avortée dans les locaux de Mediapart met en lumière la proximité évidente entre le procureur général de Paris et le pouvoir exécutif. Mais des fissures sont apparues, qui pourraient mettre l’Élysée en difficulté. Certains magistrats sont probablement hérissés par la politisation extrême de la justice à laquelle on assiste.
D’où des confidences en off qui laissent planer peu de doutes sur les pressions que Macron exerce désormais sur les magistrats pour juguler les révélations toxiques pour son autorité.
Des médias plus réticents à soutenir le président
Des journalistes traditionnellement complaisants vis-à-vis du pouvoir commencent à faire connaître leur agacement vis-à-vis des agissements du Président. Le pourtant peu contestataire Claude Askolovitch a par exemple produit dans Slate (site lui aussi peu connu pour son hostilité à Macron) une tribune sanglante sur la liberté de la presse et de pensée malmenée par Emmanuel Macron. Il s’agit là d’un signal suffisamment fort pour être rapporté.
Macron lâché par son entourage?
Enfin, plusieurs voix influentes acquises à Emmanuel Macron ont émis d’étranges mais significatifs signaux de lâchage. On pense à François Sureau, avocat qui a soutenu Macron (et Fillon…), ennemi publiquement déclaré de la loi anti-casseurs. On pense à l’humoriste Yassine Belattar, qui conseillerait Macron sur les banlieues, dont les propos sur les députés En Marche qui forment un “ramassis d’incompétents” laissent planer des doutes sur l’amitié qui lie encore les deux hommes.
La coûteuse sortie de la crise des Gilets Jaunes
Ces différents signaux négatifs pour le Président de la République montrent que la dynamique En Marche n’a pas résisté à la crise des Gilets Jaunes. La ligne de fermeté et plutôt axée sur la répression suivie par Emmanuel Macron a un coût politique évident pour lui. Le mirage du nouveau monde a vécu et, peu à peu, le clivage gauche-droite reprend forme, avec, probablement, des difficultés internes fortes pour En Marche.
Retrouvez nos confidentiels! Benalla, garde du corps à 15 ans, selon la presse locale, aurait détruit des preuves pour échapper à la justice. Le procureur Heitz mène une perquisition politique manifestement peu soutenue par les magistrats, qui sèment des off gênants.
Merci pour cette synthèse très intéressante.