Officiellement, Bercy a tenu le cap du déficit budgétaire pour 2018 en le limitant à 2,7 points de PIB. Les services du ministère des Finances pavoisent même en soutenant que la réalisation est plus favorable de 4 milliards que la prévision inscrite en loi de finances rectificative. Mais quand on gratte, une entourloupe apparaît.
Le déficit budgétaire pour 2018 devrait s’élever à 76 milliards d’euro, un record historique. Dans la pratique, le déficit s’est creusé globalement de 9 milliards en un an. En soi, ce chiffre n’est pas glorieux, mais il est conforme aux prévisions inscrites en loi de finances. Mais…
10 milliards de recettes fiscales en trop
La situation mensuelle du budget de l’Etat pour décembre 2018 permet de débusquer l’arnaque.
En effet, la loi de finances pour 2018 avait prévu des recettes fiscales de 303 milliards. L’atterrissage de décembre montre que ces recettes se sont finalement élevées à 313 milliards! Autrement dit, le déficit s’est creusé de 9 milliards, alors que les recettes ont progressé de 10 milliards.
Si la prévision de 2018 avait été tenue, le déficit aurait dû se creuser de 19 milliards, et passer allègrement la barre des 3% de PIB.
Qui a payé pour ces ratés budgétaires?
L’examen détaillé des chiffres montre que tout le monde a contribué à ce trop perçu de 10 milliards. Autant les entreprises que les particuliers, autant la consommation que le patrimoine, ont contribué plus que prévu aux recettes de l’Etat.
Si la crise des Gilets Jaunes montre que cette pression fiscale excessive épuise le pays, à quelque chose malheur est bon. Ces 313 milliards n’ont pas été perdus pour tout le monde.
Le salaire des fonctionnaires dérape de 2 milliards
Pour les fonctionnaires, en effet, ce dérapage budgétaire à l’envers a permis de mieux arrondir les fins de mois. Alors que la prévision pour 2018 limitait la masse salariale de l’Etat à 127,6 milliards, la dépense réelle aurait été de 129,6, soit une jolie hausse de près de 2% que les fonctionnaires se sont concoctés pour leur plus grand bonheur.
Les collectivités ont financé l’Union Européenne
Autre point noir: les prélèvements au profit des collectivités ont baissé de 3 milliards d’euro, quand la prélèvement au profit de l’Union Européenne a augmenté de 4 milliards. Autrement dit, les collectivités locales ont financé l’essentiel de l’effort en faveur de l’Union. Rappelons que celle-ci coûte 20,6 milliards d’euro au contribuable français.
Au total, il y a bien eu une dégradation des dépenses par rapport à la loi de finances de 2018 d’environ 4 milliards d’euro. Mais grâce à une année record en termes d’impôts, Bercy peut afficher de meilleurs résultats que prévu.