Ismaël Émélien a décrit à l’IGPN le fonctionnement de la cellule secrète de propagande dont l’Élysée se sert pour produire des ripostes en cas d’attaque médiatique. Ces révélations interviennent dans le cadre de l’affaire Benalla.
L’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) a interrogé, au cours du mois de janvier, Ismaël Émélien sur son rôle dans l’affaire Benalla. Cette audition, intervenue six mois après les faits (ce qui illustre la frilosité des inspections administratives), est probablement un facteur qui explique le départ du conseiller de l’Élysée. Celui-ci est mis en cause pour avoir diffusé des images de vidéo-surveillance en principe réservées à l’usage exclusif de la Préfecture de Police.
Le Monde a révélé le contenu de sa déposition. On retiendra en particulier ce passage:
Lors de son audition, M. Emelien a assuré qu’il n’était pas sorti de son rôle à l’Elysée, celui d’un spécialiste de l’influence et de la communication de crise. Il partage ce rôle avec Sibeth Ndiaye, la responsable du service de presse : « Si on veut schématiser, elle est le vecteur, et je suis davantage sur le contenu. Elle agit sur le quotidien, là où je me situe sur le moyen terme, notamment en termes de stratégie ou d’éléments de langage. »
Une fois les bandes vidéos récupérées, Émélien a demandé à un salarié d’En Marche de les mettre en ligne sur les réseaux sociaux.
Il explique qu’il joint les deux vidéos de la chaise et de la Contrescarpe sur un fichier envoyé « en fin de matinée » à Pierre Le Texier, salarié de La République en marche chargé de la riposte numérique. « En début d’après-midi, M. le Texier m’indique que cela a été mis en ligne, vers 14 heures, de mémoire. » Il explique qu’« en fin d’après-midi », le service de presse de l’Elysée l’aurait alerté que des journalistes les interrogeaient au sujet d’une vidéo volée. « Je suis pris d’un doute et je demande à M. Le Texier de retirer la publication faite par ses soins. »
On retiendra donc que la communication politique de l’Élysée repose sur un fonctionnement “hors organigramme” où les services de la Présidence travaillent en connexion étroite avec En Marche pour diffuser sur les réseaux sociaux la version officielle des faits.