La Russie veut-elle faire la guerre à l’Europe? Cette question qui hante, en toile de fond, la plupart des discours sur Poutine servi aux opinions publiques européennes, vient d’être abordée de façon particulièrement intéressante par les services secrets néerlandais (si, si, ça existe: il paraît même que le vice-président de la Commission, Timmermans, en fit partie). Le diagnostic porté est manifestement inquiétant. L’OTAN, selon les espions bataves, serait en mauvaise posture si l’envie prenait à Vladimir Poutine de se servir de l’ex-Armée Rouge. L’intérêt de l’analyse est enrichi par la prise en compte de la “propagande” dans le déploiement d’une éventuelle opération militaire.
Le site Opex360 donne un très bon compte-rendu de l’analyse menée par les services secrets néerlandais en cas d’attaque russe contre l’OTAN en Europe. Selon ce document, la Russie a mené un véritable effort de modernisation et d’amélioration de ses troupes conventionnelles et de ses forces nucléaires. Elle a par ailleurs déployé des efforts importants pour développer des capacités d’influence en Europe.
Grâce à ses efforts elle surclasse désormais les forces de l’OTAN. En cas de confrontation, tout laisse à penser que le rapport de force serait donc favorable à la Russie.
Toutefois, les services néerlandais ajoutent quelques idées modératrices:
Cela étant, le MIVD pense que la Russie fera preuve de prudence dans ses actions à l’égard de l’Europe… Du moins tant que les États-Unis assureront cette dernière qu’ils viendront à sa rescousse le cas échéant. En réalité, tout dépendra de la solidité du lien transatlantique.
« La Russie ne lancera une opération militaire contre l’Otan que si elle estime qu’un intérêt essentiel à sa sécurité est immédiatement menacé ou si ses dirigeants pensent qu’il est possible d’empêcher une réponse concertée de l’Otan. C’est là que la guerre hybride joue un rôle important », poursuit le MIVD.
Voilà qui tempère fortement le mythe d’une Russie agressive ou expansionniste volontiers nourri en Europe pour diaboliser Poutine et justifier des aventures comme en Ukraine.
Une guerre de la Russie contre l’OTAN peu crédible ? Mais il y a DÉJÀ une guerre de l’OTAN contre la Russie. On peut donc s’attendre à une réponse du berger à la bergère, mais quand le moment sera favorable, c’est à dire chaque chose en son temps.
Il faut d’abord finir d’atteindre les objectifs en Ukraine,.dénazification et démilitarisation.
Dénazifier, c’est éliminer l’idée bandériste de cerveaux intoxiqués depuis 1933 avec les idées de Gross Europa, et depuis 1990 avec le mythe de la prospérité germanique, cela ne peut se faire qu’au prix d’une guerre longue qui rend l’idée de la guerre intolérable et montre la réalité derrière les promesses illusoires de la Propaganda Staffel.
Démilitariser, c’est l’élimination des capacités de l’OTAN en Europe qui alimente ce conflit depuis au moins 2004, avec la formation des troupes de Kiev. Sur ce point, une incertitude persiste sur les capacités réelles, car l’erreur n’est pas permise et le “Mur des Mensonges” reste plus ou moins solide, mais toujours possiblement debout.
Pourquoi cette guerre, ce serait la bonne question. Elle semble inévitable pour parachever l’intervention en Ukraine, nécessaire pour faire reculer, sinon éclater l’OTAN.
Les garanties de sécurité que réclame la Russie depuis toujours semblent aujourd’hui plus encore que lors des accords de Yalta, impliquer la neutralité des pays de sa bordure ouest, allant maintenant de la Norvège à la Bulgarie, c’est à dire encore plus largement que ne le fut le Pacte de Varsovie, qui rappelons le, n’a été créé que SIX ans après l’OTAN.
Il reste à méditer sur ce que l’on peut comprendre des principes énoncés par Sun-Tzu il y a 2500 ans : une guerre doit être profitable, il faut donc la gagner sans la faire, ou au moins prendre un pays avec le moins de ravages possibles. Pour gagner une guerre, il faut l’avoir préparée sur tous les plans, et choisir son terrain et son temps, et ainsi, avoir les capacités pour durer dans un temps long.
Il semblerait que Vladimir Poutine ait mieux compris Sun-Tzu que nos stratèges et “amis” qui nous ont mis à poil depuis “la fin de l’Histoire”, mais qui se croient encore les rois du Monde.
Le Roi est nu, qu’il fasse chaud ou froid, ses sujets vont souffrir.