Les États-Unis trouvent que les Européens abusent – en particulier l’Allemagne – et ont décidé de lancer une première salve de menaces contre le Vieux Continent. C’est le sens de la visite de Mike Pompeo, le secrétaire d’État US, en Europe, dont la première étape n’est autre que… l’Allemagne. L’ordre du jour de ces rencontres en dit long sur les trépignements américains en cours, et sur l’isolement grandissant du géant d’Outre-Atlantique. Pour la France (où Mike Pompeo ne fera pas escale) et pour son industrie, l’évolution de la diplomatie américaine n’est pas sans soulever d’importantes questions… voire de grandes inquiétudes.
Mike Pompeo visitera l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Il devrait y répéter un certain nombre de leit-motiv. En particulier, son objectif consistera à cibler le géant chinois Huawei, dont les États-Unis veulent couper les marchés. Officiellement, ce sont des impératifs de sécurité nationale qui dictent cette conduite. Dans la pratique, l’avance de Huawei dans le domaine de la 5G inquiète les Américains et les pousse à préconiser des mesures radicales. Pompeo devrait menacer les Européens de sanctions économiques en cas d’utilisation des technologies chinoises.
Parallèlement, les États-Unis devraient également hausser le ton sur la question iranienne, alors que la Ligue Arabe se réunit pour réclamer des sanctions contre le régime chiite. Là encore, la posture américaine est ouvertement conflictuelle.
Surtout, Pompeo, lors de son escale à Berlin, devrait taper du poing sur la table pour que l’Allemagne prenne une part plus importante dans le financement de l’OTAN. Pour la France, cette revendication peut être intéressante, car, par ricochet, elle peut pousser l’Allemagne à s’engager plus avant dans la défense européenne. Il s’agirait d’une belle bouffée d’oxygène pour l’industrie française de l’armement.
On ajoutera que Pompeo devrait finir de fâcher les Allemands en leur disant tout le mal qu’il pense qui projet NorthStream, ce gazoduc qui reliera directement la Russie au Nord de l’Europe, en évitant l’allié des Américains dans la zone, l’Ukraine.