Dans l’affaire Benalla, le Parquet a classé sans suite les signalements du Sénat imputant de fausses déclarations à trois hauts fonctionnaires de l’Élysée, dont le Préfet Patrick Strzoda, directeur de cabinet du Président (lequel Strzoda demande désormais d’hallucinantes excuses au Sénateur Bas qui présidait la commission d’enquête qui l’a chargé). Mais au-delà de cette anecdote qui ne manquera pas de nourrir le soupçon de politisation du Parquet que nous alimentons régulièrement dans nos colonnes, le feuilleton Benalla pourrait repartir de plus belle cet été. En mettant cette fois-ci en cause celle qu’on appelle parfois (et à tort) la première Dame.
Dans l’affaire Benalla, je demande cette fois Brigitte Macron. Selon des révélations du Parisien, le téléphone portable que Benalla a prétendu avoir perdu a connu en réalité un destin un peu plus compliqué que le garde du corps du Président n’a bien voulu le dire. Il semblerait que, lors de son audition par la police judiciaire, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, ait livré le numéro de téléphone à partir duquel Alexandre Benalla lui a révélé s’être mis en difficulté le 1er mai 2018. Grâce à cette révélation, les enquêteurs ont pu remonter une bien étrange piste:
Grâce au numéro fourni par le bras droit d’Emmanuel Macron, les enquêteurs retracent l’historique du téléphone personnel de Benalla. Ils découvrent que le portable prétendument égaré émet le matin même de sa garde à vue, dans le XVIe arrondissement de Paris. Un appel est détecté vers le numéro de Ludovic Chaker, conseiller de l’Élysée, puis l’appareil est coupé. Celui-ci est ensuite rallumé le lendemain soir, à l’heure de la fin de garde à vue de Benalla.
Là, un appel est émis vers le numéro du directeur de cabinet de Brigitte Macron. Selon les expertises techniques, Alexandre Benalla change ensuite à deux reprises de modèles de téléphones portables ces derniers mois, une fois chez sa mère dans l’Eure, une autre au Maroc, mais conserve la carte SIM associée à son numéro personnel.
Nos lecteurs ne sont pas surpris d’apprendre que Benalla a écrit à Ludovic Chaker durant sa garde à vue. Ce conseiller de l’ombre est celui qui, en 2016, avait proposé à Macron de recruter Benalla. Il est possible que, tôt ou tard, les relations entre Chaker, qui appartiendrait aux services secrets, et Benalla, soient éclaircies.
Mais on s’étonne que, à l’issue de sa garde à vue, Benalla ait pris soin d’appeler le directeur de cabinet de Brigitte Macron. Le nom de la femme du Président n’avait jamais été cité jusqu’ici, et il apparaît pour la première fois dans cette affaire. Nous interprétons cette mise en avant comme l’annonce d’une nouvelle série de révélations embarrassantes pour le pouvoir au coeur de l’été.