La BCE (Banque Centrale Européenne) a pris sa dernière décision sous la direction de Mario Draghi cette semaine. Ce partisan de l’assouplissement monétaire a décidé de persévérer dans une voie qui agace les pays du Nord mais permet à Emmanuel Macron de financer son déficit à faible prix. La fronde gronde désormais, avec des propos peu amènes de Jens Weidmann, le représentant de l’Allemagne au directoire. L’avertissement pour Christine Lagarde est limpide…
Le Conseil des gouverneurs de la BCE a rendu son oracle jeudi. Par cette décision, la BCE a réduit son taux de dépôt de 10 points de base à -0,5%, a promis que les taux resteraient bas longtemps et dit qu’elle reprendrait le 1er novembre ses rachats d’actifs obligataires – autrement dit son programme d’assouplissement quantitatif (QE) – au rythme de 20 milliards d’euros par mois.
Ce nouveau programme autorisera en particulier le rachat d’obligations corporate à un rendement inférieur au taux de dépôt. Précédemment, seules les obligations du secteur public pouvaient être rachetées en deçà du taux de dépôt.
La BCE et sa politique contestée
Dès jeudi, des rumeurs indiquaient que trois voix au moins s’étaient élevées contre cette décision: Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, de François Villeroy de Galhau, celui de la Banque de France, et de Benoît Coeuré, l’un des membres du directoire. On notera que, s’agissant de François Villeroy de Galhau, la pilule macronienne est un peu amère, puisque l’intéressé à longtemps cru prendre la présidence de la Banque Européenne, avant de découvrir qu’elle revenait finalement à Christine Lagarde. Cet imprévu à empêcher Benoît Coeuré de remplacer Villeroy de Galhau. Quant à Benoît Coeuré, il a préféré renoncer à candidater à la direction générale du FMI libérée par le passage de Christine Lagarde à la BCE… Tout ce petit monde de technocrates français n’a en tout cas aucune raison de faire des cadeaux à la dispendieuse politique économique macronienne, financée par les taux faibles.
On notera que Weidmann a tenu des propos très carrés sur la décision de la BCE, considérant que l’assouplissement envisagé était disproportionné. Klaas Knot, président de la Banque Centrale Néerlandaise, a tenu le même discours dans la presse.
Macron finance son déficit grâce aux taux négatifs de la BCE
Tout le monde comprend que, derrière cette fronde, émerge une critique de la politique budgétaire macronienne, fondée sur un recours à la dette pour financer des mesures dépensières qui achètent la paix sociale. Et ce recours est facilité par les taux négatifs, qui enrichissent les emprunteurs. Hors effet CICE (qui aggrave le déficit cette année, mais n’existera plus en 2020), on découvre que le déficit budgétaire français sera stable, contrairement à nos engagements communautaires. Facialement, il tombera certes à 2,2% du PIB, ce qui peut paraître positif par rapport à la norme française en vigueur.
Mais la France s’était engagée à tomber à 2% de déficit. La dépense publique continue d’augmenter fortement.
Ces écarts par rapport aux règles et aux promesses, rendus possibles par la politique de Mario Draghi, devraient devenir de plus en plus difficiles à justifier par Emmanuel Macron devant ses partenaires européens.
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