Christine Lagarde n’est pas encore formellement arrivée dans ses nouvelles fonctions à Francfort, qu’elle commet déjà d’impressionnants impairs dont la France se repentira rapidement. Alors que la politique d’assouplissement monétaire menée par Mario Draghi suscite de nombreuses critiques, y compris en France, la nouvelle gouverneuse de la banque centrale européenne prône tout ce que l’Allemagne déteste: la dette, et la solidarité financière entre pays de la zone euro. Le ton de son mandat est donné.
Christine Lagarde est intervenue sur RTL pour donner son avis en matière… de politique budgétaire et monétaire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son avis est à la fois sans surprise pour une Française et plein de surprise pour une banquière centrale.
Les politiques de relance étaient « bien coordonnées dans l’immédiate après-crise » mais « depuis, les pays et en particulier ceux qui ont de l’espace budgétaire n’ont pas vraiment fait les efforts nécessaires, on pense évidemment à des pays qui sont de manière chronique en excédent budgétaire comme les Pays-Bas, l’Allemagne, un certain nombre d’autres dans le monde ».
La phrase ne manque pas de piquant, puisque l’on peut penser que l’excédent budgétaire demande plus d’efforts que le déficit budgétaire. Mais, dans la novlangue lagardienne, ceux qui font des efforts sont ceux qui s’endettent plutôt que de réformer, et ceux qui n’en font pas, sont ceux qui réforment pour vivre à la hauteur de leurs moyens.
Celle qui est chargé de la monnaie, et non des budgets, en toute indépendance selon les traités, s’est sentie obligée de sortir de son mandat en donnant son avis sur les politiques budgétaires au sein de l’Union:
Dans la zone euro, « il n’y a pas suffisamment d’éléments de solidarité dans une zone monétaire unique », constate-t-elle. « On partage une monnaie, on ne partage pas beaucoup de politique budgétaire pour le moment », a-t-elle regretté. « Il n’y a pas, et on peut le déplorer – je sais que certains le déplorent, bien évidemment –, un budget commun à la zone euro », même si « les ministres des Finances de la zone euro semblent avoir ancré les éléments d’un budget » qui doit maintenant être approuvé par les chefs d’État et de gouvernement.
Solidarité budgétaire, vertus de l’endettement plutôt que de l’ordo-libéralisme… le mandat de Christine Lagarde promet de donner lieu à quelques séances sportives avec l’Allemagne.
On n’est plus très loin du casus belli, je le dis sans ironie.