Certains musulmans de Seine-Saint-Denis conçoivent-ils leur engagement religieux comme une participation au terrorisme salafiste ? C'est ce que la cour d'assises spéciale de Paris va tenter d'élucider dans le procès qui s'ouvre de deux filières djihadistes organisées l'une à Sevran, l'autre à Aulnay-sous-Bois. Ce procès mérite d'être suivi, car il brise le grand tabou imposé par la bienveillance : celui du "pas d'amalgame" entre l'Islam de France et le terrorisme. Un tabou dont les faits démontre l'approximation.
Des musulmans de Seine-Saint-Denis ont activement participé ou aidé à la commission des attentats de 2015. Cette réalité taboue (officiellement aucun musulman de France ne peut être suspecté de sympathie vis-à-vis de ceux qui ont assassiné à tour de bras cette année-là) est au centre des débats que la cour d’assises spéciale de Paris va mener pour comprendre comment des petites racailles de Sevran ou d’Aulnay-sous-Bois ont pu, tôt ou tard, et partiellement ou complètement, basculé dans le terrorisme.
Des musulmans de Seine-Saint-Denis recrutaient pour le djihad
Loin du discours lénifiant sur l’Islam religion de paix et de tolérance tenu par les responsables politiques français, la réalité des banlieues est bien différente, n’en déplaise aux Pharisiens qui nous somment de ne jamais dire que le roi est nu. Le procès qui s’ouvre à Paris le montre.
À Sevran, Iliès B. (29 ans) jouait le rôle de convoyeur. Il accompagnait ses copains à Roissy pour faciliter leur départ vers le Jihad. Il restait ensuite en contact avec eux, prenait de leurs nouvelles. Il suivait leurs projets d’attentat, et en projetait peut-être lui-même un. L’acte d’accusation le lui reproche en tout cas.
À Aulnay-sous-Bois, les frères Belhoucine faisaient partie des gens sur lesquels les candidats au djihad pouvaient compter. L’un des frères a d’ailleurs accompagné la femme de Coulibaly dans sa fuite en Turquie, pendant que Coulibaly
Le garçonnet a expliqué que son père possédait une kalachnikov et un pistolet et qu'il lui avait fait visionner des vidéos d'égorgement. Ce dernier aurait trouvé la mort sur place dans des circonstances inconnues. Quant à sa mère, son frère et sa sœur, il a raconté qu'ils avaient succombé à un bombardement nocturne à Mossoul.
Parfois, c’était des familles entières qui étaient convoyées, dont certaines sont aujourd’hui portées disparues. Au fond, la filière de Sevran et celle d’Aulnay étaient comme des essaims d’abeilles : l’activité y était intense, pour aider à la construction d’un État Islamique fondé sur la terreur.
Le commanditaire de l’attentat contre l’Hyper-Casher toujours manquant
On notera que la famille Belhoucine devrait passer un moment encore plus dur au printemps. Les deux frères seront jugés pour leur implication dans l’attentat contre Charlie Hebdo. L’un des deux frères, Mohamed, aurait fourni à Coulibaly des adresses mail pour recevoir des instructions de la part du commanditaire de l’attentat contre l’Hyper-Casher.
Assez curieusement, ce commanditaire est toujours inconnu et ne semble intéresser personne. Il serait pourtant bigrement utile de savoir qui il est, et quels ont été les dessous de cet attentat commis dans la foulée du massacré de Charlie Hebdo. Pendant de nombreuses années, toute interrogation sur le déroulé des faits a été proscrit au nom de la lutte contre le complotisme. Reste qu’il y avait bien au moins un commanditaire, quelque part, de ces attentats qui se sont appuyés sur une logistique beaucoup plus large qu’on avait le droit de le dire en 2015. Et on ne sait toujours pas qui il est ou qui ils sont.
Quoiqu’il en soit, la thèse, longtemps imposée par les médias, de terroristes quasi-solitaires agissant de façon isolée et sans soutien est bien morte.