Les Frères Musulmans sont-ils en passe de noyauter les élites françaises, notamment les milieux de la banque et de l'assurance ? Selon la journaliste franco-marocaine, l'affaire ne fait pas de doute. Les accusations portées sont lourdes, et, pour l'instant, le principal accusé s'est défendu sans réellement convaincre.
Les Frères Musulmans sont-ils aux portes de la finance française grâce à un cheval de Troie nommé Hakim El-Karoui, banquier d’affaires et accessoirement président de l’association musulmane pour un Islam de France (AMIF) ? C’est ce qu’a prétendu la journaliste franco-marocaine Zineb El Rhazoui devant la commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation. Selon elle, Hakim El Karoui le banquier qui préside l’AMIF, est le visage rassurant d’une entité qui cache une stratégie d’infiltration des élites françaises par les Frères Musulmans.
Que dit cette charia ? Infiltrons, formons des élites, ne braquons pas forcément sur le voile. Les choses se feront par étapes (…) Le plus important c’est de marquer de l’empreinte de l’islam, toutes les institutions (…) de former des élites qui placent l’idéologie de l’islamisme au-dessus des valeurs républicaines tout en intégrant ces valeurs républicaines ». « Je pense que ce serait une très grosse erreur historique de livrer les Français de confession musulmane à l’AMIF
Or il se trouve qu’Hakim El Karoui bénéficie d’une certaine reconnaissance de la part des milieux financiers français. Il avait notamment produit un rapport sur l’Islam pour le compte de l’institut Montaigne, porté par Axa. Ce rapport montrait que les 2/3 des Musulmans de France étaient favorables au port du voile, et qu’environ un tiers d’entre eux plaçaient la charia au-dessus des valeurs républicaines.
Dans quelle mesure ces prises de position d’intellectuels cachent-elles une idéologie d’affirmation progressive d’un Islam rigoriste en France, y compris au coeur même des milieux financiers ? La question est posée cash par Zineb, et n’a pas reçu de réponse particulièrement convaincante de la part d’Hakim El Karoui.
La construction du débat public demande de la rationalité. La question de la radicalisation islamiste, c’est quelque chose de compliquée et doit se passer de slogans de haine et de théorie du complot » lui répond ce vendredi Hakim El Karoui contacté par publicsenat.fr. « Je sais que Zineb El Rhazoui ne veut pas de structuration du culte musulman en France. C’est son droit. Après, il y a des limites à ne pas franchir comme l’amalgame et le mensonge. Elle a un problème avec Tarek Oubrou (imam de Bordeaux, dirigeant de l’AMIF et proche des Frères musulmans par le passé). Son passé est bien connu et je ne vois pas pourquoi quand on est musulman, on n’aurait pas le droit de changer d’avis. Ça me fait penser au Maccarthysme, on pointe du doigt quelqu’un parce qu’il connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un… Notre objectif est d’avoir un système de financement du culte qui rende service aux fidèles, de lutter contre la radicalisation et l’antisémitisme de certains musulmans. Je ne sais pas si c’est que proposent les Frères musulmans.
Dont acte, donc. L’un des dirigeants de l’association présidée par El Karoui a été proche des Frères musulmans, et l’AMIF entend lutter contre la radicalisation, mais pas pour la laïcité. On a connu plus engageant comme discours.