Les banques doivent-elles ou non verser des dividendes ? L'EIOPA, le superviseur européen dépendant de la BCE, a appelé les banques de la zone euro à s'abstenir de rémunérer ses actionnaires. Cette position se fait officiellement au nom de considérations morales. Mais elle cache une réalité bien plus embarrassante...
![](https://lecourrierdesstrateges.fr/wp-content/uploads/2020/04/Capture-decran-2020-04-04-a-15.26.02-1024x915.png)
Les banques sont officiellement appelées, par le superviseur européen, à ne pas verser de dividendes avant le 1er octobre 2020. Cette préconisation est relativement passée inaperçue dans la presse. Il faut dire qu’elle peut être comprise de deux manières différentes.
Les banques doivent-elles se préparer à la tempête ?
La façon la plus simple d’interpréter cette recommandation de la BCE en date du 27 mars tient à la morale : on demande aux actionnaires de se serrer la ceinture par solidarité avec les petites gens. Cette représentation morale distrait toujours le public.
En lisant le communiqué de la BCE, on comprend qu’il s’agit de tout autre chose, très différent du coronavirus :
it is therefore essentiel that credit institutions conserve capital to retain their capacity to support the economy in an environment of heightened uncertainty caused by COVID 19….
En creux et entre les lignes, on mesure la portée de la recommandation de la BCE. Face au coup de tabac qui arrive, la BCE craint que les banques ne gaspillent un cash précieux en rémunérant leurs actionnaires immédiatement, ce qui les privera d’une bouée de sauvetage pour éviter la faillite le moment venu.
Il se trouve que, contrairement aux affirmations (suspectes) qui tournent en boucle sur la bonne santé des banques, celles-ci négocient depuis des mois un assouplissement des règles prudentielles qui pèsent sur elles. Encore cette semaine, elles ont exigé un changement des normes comptables IFRS pour desserrer la contrainte des fonds propres dont elles doivent disposer.
La BNP envoie un message sur sa solidité
Les observateurs auront noté que la BNP s’est fait tirer l’oreille avant de suspendre le versement de ses dividendes. Cette réticence ne s’explique pas seulement par un manque de civisme des banquiers français, mais très largement par le souci de montrer aux marchés que la banque a les reins assez solides pour payer des dividendes, même en situation de crise.
Ce roulement de mécanique si ostentatoire peut d’ailleurs être interprété de façon très contradictoire…
Dans tous les cas, les banques sont probablement beaucoup moins solides qu’elles ne le prétendent.
Vous êtes exposé au coronavirus du fait de l’inaction de l’État (pas de masques, de protections, de tests, de médicament, etc.) ?
Laissez votre témoignage détaillé sur le groupe Facebook #RendezVousAuProcès. Et préparez une action de groupe avec nous.
Commentaires 1