Les banques doivent-elles ou non verser des dividendes ? L'EIOPA, le superviseur européen dépendant de la BCE, a appelé les banques de la zone euro à s'abstenir de rémunérer ses actionnaires. Cette position se fait officiellement au nom de considérations morales. Mais elle cache une réalité bien plus embarrassante...

Les banques sont officiellement appelĂ©es, par le superviseur europĂ©en, Ă ne pas verser de dividendes avant le 1er octobre 2020. Cette prĂ©conisation est relativement passĂ©e inaperçue dans la presse. Il faut dire qu’elle peut ĂŞtre comprise de deux manières diffĂ©rentes.Â
Les banques doivent-elles se préparer à la tempête ?
La façon la plus simple d’interprĂ©ter cette recommandation de la BCE en date du 27 mars tient Ă la morale : on demande aux actionnaires de se serrer la ceinture par solidaritĂ© avec les petites gens. Cette reprĂ©sentation morale distrait toujours le public.Â
En lisant le communiquĂ© de la BCE, on comprend qu’il s’agit de tout autre chose, très diffĂ©rent du coronavirus :
it is therefore essentiel that credit institutions conserve capital to retain their capacity to support the economy in an environment of heightened uncertainty caused by COVID 19….
En creux et entre les lignes, on mesure la portĂ©e de la recommandation de la BCE. Face au coup de tabac qui arrive, la BCE craint que les banques ne gaspillent un cash prĂ©cieux en rĂ©munĂ©rant leurs actionnaires immĂ©diatement, ce qui les privera d’une bouĂ©e de sauvetage pour Ă©viter la faillite le moment venu.Â
Il se trouve que, contrairement aux affirmations (suspectes) qui tournent en boucle sur la bonne santĂ© des banques, celles-ci nĂ©gocient depuis des mois un assouplissement des règles prudentielles qui pèsent sur elles. Encore cette semaine, elles ont exigĂ© un changement des normes comptables IFRS pour desserrer la contrainte des fonds propres dont elles doivent disposer.Â
La BNP envoie un message sur sa solidité
Les observateurs auront notĂ© que la BNP s’est fait tirer l’oreille avant de suspendre le versement de ses dividendes. Cette rĂ©ticence ne s’explique pas seulement par un manque de civisme des banquiers français, mais très largement par le souci de montrer aux marchĂ©s que la banque a les reins assez solides pour payer des dividendes, mĂŞme en situation de crise.Â
Ce roulement de mĂ©canique si ostentatoire peut d’ailleurs ĂŞtre interprĂ©tĂ© de façon très contradictoire…
Dans tous les cas, les banques sont probablement beaucoup moins solides qu’elles ne le prĂ©tendent.Â
Â
Vous ĂŞtes exposĂ© au coronavirus du fait de l’inaction de l’État (pas de masques, de protections, de tests, de mĂ©dicament, etc.) ?
Laissez votre tĂ©moignage dĂ©taillĂ© sur le groupe Facebook #RendezVousAuProcès. Et prĂ©parez une action de groupe avec nous.Â
Commentaires 1