Sur le front du coronavirus, la FFA et les assureurs peinent toujours autant à se mobiliser de façon lisible, audible, compréhensible et coordonnée. On note deux initiatives tardives qui dénotent une certaine bonne volonté, mais qui exposent la profession au risque de donner l’image de combats d’arrière-garde et de mauvaise volonté.
Deux initiatives contre le coronavirus et ses effets sont à noter dans le domaine de l’assurance. On les mentionne pour nourrir le catalogue de cette communication dispersée dans la tourmente qui risque, nous le répétons, de jouer un vilain tour à la profession.
Crédit Mutuel et CIC brisent l’unité du front sur la perte d’exploitation
On a appris hier que le Crédit Mutuel et le CIC brisaient finalement la solidarité de la place sur la question du risque d’exploitation. Ces deux assureurs ont décidé de verser 200 millions à leurs assurés. Voilà qui contrevient à la doctrine en vigueur, énoncée par la FFA et répétée comme un mantra : indemniser la perte d’exploitation nous conduirait à la faillite.
Il faut dire que le Crédit Mutuel est fortement implanté en Alsace, voisine de la Bavière où Allianz a décidé d’indemniser… On voit comment l’idéologie européenne tant prônée en France par l’élite financière oblige à s’aligner sur les pratiques allemandes. N’en déplaise à l’état-major de la FFA qui s’est barricadé dans une position politiquement intenable.
En attendant, des mouvements patronaux comme la CPME en font des gorges chaudes. Dans un communiqué, celle-ci indique :
“Plusieurs compagnies soucieuses de la nécessité d’accompagner et de soutenir leurs clients professionnels dans une période plus que difficile, se sont en effet engagées dans cette voie. Ainsi, le Crédit Mutuel et CIC Assurances verseront à leurs clients ayant souscrit une assurance multirisque professionnelle avec perte d’exploitation, « une somme correspondant à une estimation forfaitaire de perte de revenus de chaque secteur économique pendant cette période ». La Confédération des PME salue ces engagements exemplaires et appelle les autres compagnies à mettre en place rapidement des dispositifs similaires.”
Voilà qui sent l’assaut final sur la ligne arrêtée depuis le 13 mars.
L’annonce floue de la FFA de 150 millions pour le tourisme
Parallèlement, la FFA annonçait 150 millions € d’investissement dans le tourisme, sous la contrainte du gouvernement. Les conditions de ces investissements sont encore floues. Par ailleurs, elles paraissent un peu hors sol dans la mesure où le secteur du tourisme sera sans doute sinistré pour deux ans du fait de l’épidémie.
Dans tous les cas, on voit mal quel bénéfice la profession peut tirer de cette annonce, présentée par des sites pourtant complaisants comme le “Boursier” comme des réponses forcées à des injonctions gouvernementales. Depuis un mois, la communication des assureurs est cataclysmique.