Les chiffres du CAC 40 ont de quoi surprendre. Alors que les mauvaises nouvelles économiques s’empilent, l’indice monte, dans la foulée de Wall Street. Certains petits épargnants pourraient se laisser surprendre par cette hausse inattendue, en s’imaginant que la tendance est haussière et que le moment est venu de faire de bonnes affaires en plaçant en bourse. On tient évidemment à leur expliquer en quoi ils se trompent, et dans quelle mesure leurs anticipations sont erronées.
La séance de mardi et des délits d’initiés ?
On le sait, la situation économique est d’une gravité à peu près inconnue depuis la Peste Noire de 1348. Beaucoup d’analystes tentent de se raccrocher à un paradigme pour l’expliquer, l’anticiper, la comparer. Mais on ne connaît guère de précédent à cet effondrement simultané de l’offre et de la demande.
Malgré cette immense inquiétude qui arrive, le CAC 40 réagit de façon inverse. Hier, mardi, il a flambé de 4,7% dans la journée, comme si c’était l’euphorie pour l’économie réelle.
Certains n’ont donc pas tardé à parler de délits d’initiés. Il faut sur ce point absolument lire le papier du Cercle Finance qui explique cash ce qui s’est passé.
Selon le Cercle Finance, quelques investisseurs auraient eu vent pendant le week-end des décisions qui seront annoncées par les banques centrales jeudi à 13h30. Il suffira de les suivre ce jeudi pour vérifier si ce pressentiment est juste ou pas.
Une erreur en tout cas serait de croire que le petit épargnant qui boursicote dans son coin joue à armes égales avec les grands investisseurs initiés de la place.
Mais qu’annonceront les banques centrales ce jeudi ?
La question est ouverte, bien entendu, mais certains ont déjà leur réponse prête. On lira précieusement l’avis du Cercle Finance sur le sujet : « La FED pourrait annoncer qu’elle ‘réfléchit’ aux avantages et inconvénients des taux négatifs, la BCE qu’elle va prendre le contrôle total de la courbe de taux, ‘à la japonaise’ en achetant tout, aussi longtemps que nécessaire. »
Autrement dit, la BCE annoncerait qu’elle devient l’équivalent d’un prêteur en dernier ressort. Nous avons eu l’occasion de dire combien ce scénario est dangereux pour les équilibres systémiques, et combien, à de nombreux égards, il est annonciateur de la crise finale du capitalisme. Cette prise de risque, qui peut être qualifiée de « la dernière chance » doit inciter les épargnants à se tenir à l’écart de la bourse et à lui préférer des placements immobiliers.
Quand la panique à la hausse sévit…
Ce mouvement haussier entamé lundi a continué jusqu’à ce mercredi, alors même que l’économie américaine est KO et que le pire, selon les analystes américains, est devant nous et non derrière nous. Les experts ont donc parlé de « panique à la hausse », traduite en anglais par « Fear of missing out ». Autrement dit, tout le monde se précipite à l’achat, de façon moutonnière, par peur de ne pas saisir le bon coup que certains sont soupçonnés d’avoir flairé.
Si l’on admet que les premiers acheteurs sont passés à l’achat grâce à un délit d’initié, le calcul n’est pas absurde à court terme. Mais seulement à court terme.
Comment Gilead manipule les cours
Nous avons déjà évoqué les profits boursiers que Gilead réalise sur les marchés grâce à une guerre de l’information sans merci qui vise à discréditer l’hydroxychloroquine et à préjuger des résultats du Remdesivir. Dans cette guerre de propagande (qui coûte cher à Gilead), la publication de communiqués optimistes au bon moment permet de donner un prétexte à quelques acheteurs pour justifier des mouvements haussiers qui sont contre-intuitifs.
Après une première opération de ce type la semaine dernière, Gilead a recommencé aujourd’hui, en annonçant la réussite de son produit. En grattant un peu, on s’aperçoit que ces informations sont largement bidonnées et qu’elles peuvent difficilement contrer les annonces chinoises de la semaine dernière sur l’inefficacité du traitement. Mais il est de bon ton, sur les marchés, de croire à la réussite de ce produit qui s’était déjà révélé inefficace contre la fièvre Ebola, et dont Gilead a déjà annoncé qu’il ne serait pas capable de le produire en grandes quantités avant l’année prochaine.
Comme la semaine dernière, les promesses de Gilead font paravent à des opérations techniques, qui anticipent, comme nous l’indiquions plus haut, les annonces des banques centrales dont certains ont d’ores et déjà dû être informés.
Les petits épargnants doivent se mettre à l’abri…
Une erreur (malheureusement largement répandue) consisterait à donc à croire que la bourse est un marché transparent où tous les acteurs jouent à armes égales. C’est particulièrement vrai dans les périodes où les cours sont manifestement déconnectés du monde réel et des grands indicateurs économiques.
Nous avions affirmé il y a quelques semaines que le CAC 40 finirait à 3.000 points. Nous confirmons ce pronostic. Simplement, nous avons la conviction que le CAC 40 sera, comme le Dow Jones, maintenu artificiellement au-dessus des 4.000 points jusqu’au 4 sorcières de juin. Le pire arrivera ensuite, particulièrement à l’automne.
D’ici là, les rebonds de la bourse seront purement « techniques » et un petit épargnant n’y a pas sa place.