Il est rare qu’un représentant de la Réserve fédérale américaine, ou d’une quelconque banque centrale, ne se laisser à des prévisions pessimistes, voire apocalyptiques. Pour qu’il prenne cette responsabilité, il faut que la situation soit vraiment tendue et dangereuse. C’est pourtant à cet exercice que s’est livré Jerome Powell devant la presse ce mercredi. Et ses propos font froid dans le dos.
Pas de reprise en “w” pour la Fed
Lors de son point presse, le président de la Fed , Jerome Powell, n’a pas caché son inquiétude, et même son désarroi vis-à-vis du pire choc qu’il n’ait jamais connu. Pour l’instant, le tableau clinique de la situation est encore enjolivé par les seuls statistiques du premier trimestre. Mais, à la fin juin, l’économie mondiale devrait avoir traversé bien des paquets de mer et offrir un spectacle beaucoup plus dégradé que celui d’aujourd’hui.
Powell ne l’a d’ailleurs pas caché : au deuxième trimestre, les statistiques économiques devraient être terribles. Si certains se sont laissés abuser par les bonnes performances boursières, que ce soit à Wall Street, ou à Paris, nous leur conseillons de lire en détail les propos de Powell, car ils les déniaiseront sur la suite des événements. D’ici là, il faut surtout éviter de se prendre pour un boursicoteur inspiré par les dieux : le pire est à craindre sur les marchés.
La presse française continue à vendre du rêve à ses lecteurs
Selon un système d’optimisme institutionnel contraint, la presse française subventionnée a soigneusement évité de répercuter ce pessimisme apocalyptique exprimé ouvertement par le patron de la Fed. Les titres des grands quotidiens nationaux étaient d’une affligeante et coupable mièvrerie hier. Le Figaro a titré “États-Unis : la Fed dotée de moyens inédits contre la récession“. Le Monde a titré “Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale déterminée à sortir le pays de la récession, quel qu’en soit le prix“. Ces présentations lénifiantes escamotent délibérément la gravité de la situation, et visent à maintenir les Français dans un cocon ouaté comme s’ils étaient de grands enfants à qui il ne faut pas dire les choses.
L’hypothèse du scénario en “L” devient de plus en plus vraisemblable
Nos lecteurs se souviennent que nous faisons écho, depuis longtemps, à l’hypothèse de Nouriel Roubini sur la reprise, qui est extrêmement pessimiste. Selon ce scénario, la récession dans laquelle nous entrons commence par un effondrement de l’offre et de la demande qui débouche sur une très longue stagnation économique, peut-être synonyme de déflation.
Dans ce scénario, l’économie ne connaît donc ni reprise rapide (dite en “v”), comme certains économistes français tentent de la faire croire, ni reprise avec des bonds suivis de rechute jusqu’à une reprise définitive (dite en “w”) comme certains l’espéraient encore. Éventuellement, il est possible d’imaginer une reprise à terme, mais après une longue stagnation.
Se préparer à un long marasme
Pour l’instant, les Français, gavés par le chômage partiel et par la promesse que l’État prendra tout en charge indéfiniment comme si de rien n’était, comme si un papa bienveillant pouvait nous maintenir éternellement en enfance, ne voient rien à venir et ne se préparent pas au pire. Les naïfs croient dur comme fer que la France pourrait vivre en dehors de l’histoire et de la géographie, de son espace et de son temps, grâce à la baguette magique de l’État propulsée par Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen.
La réalité est très différente. Il faut se préparer à une perte définitive de plusieurs centaines de milliards d’euros de richesse, à une longue cure d’austérité, à une diminution substantielle de notre niveau de vie et de notre pouvoir d’achat, et à un chômage massif qui fera d’importants dégâts sociaux.
Apprendre la frugalité et l’agilité
En attendant ses heures sombres qui s’accompagneront probablement de fortes tensions internationales, notamment entre les États-Unis et la Chine, le bon sens est d’apprendre les premiers réflexes de survie dans un monde nouveau beaucoup plus hostile que le précédent. Le premier apprentissage est celui de la frugalité. Il va falloir retrouver le chemin d’un mode de vie simple et sain, où l’on fait avec ce que l’on a sous la main, qui n’est souvent pas si mal.
L’autre apprentissage est celui de l’agilité et de la capacité à saisir les opportunités quand elles passent. Sur ce point, et pour ceux qui voudraient sauver leurs économies, ne manquez pas de nous suivre, car nous nous emploierons à vous donner des conseils (judicieux!)…