La bonne tenue des marchés financiers au mois d’avril avait interrogé pas mal d’épargnants sur l’intérêt d’investir en bourse. Nous avions insisté sur le caractère artificiel de ces mouvements, et nous avions déconseillé de retourner à la corbeille. Les cours des derniers jours montrent que l’artifice se dégonfle et qu’une première correction commence.
Nous avons insisté, ces derniers temps, sur le caractère artificiel, au sens propre, de la hausse des cours en bourse au mois d’avril. Des opérations techniques, comme disent les spécialistes, ont permis de maintenir les cours à un niveau complètement déconnecté de la réalité. Mais une première correction devrait commencer, qui sera, de notre point de vue, modérée jusqu’en juin. La vraie correction interviendra à l’automne, et nous maintenons notre pronostic d’un CAC 40 à 3.000 points.
New York trébuche après la FED
Depuis lundi, le Dow Jones a entamé une assez forte décrue qui est en réalité tout sauf une surprise. Au mois d’avril, comme nous l’avons détaillé, les cours ont été portés par des stratégies d’influence bien rodées, profitant à quelques investisseurs.
L’opération était assez simple : une ou deux bonnes nouvelles habilement glissées au milieu des catastrophes permettaient de lancer des mouvements haussiers amplifiés par le comportement moutonnier des investisseurs (cette manie de ne pas vouloir rater une bonne affaire). Grâce à ce système, le laboratoire Gilead a gagné la timbale, et quelques investisseurs ont pu tirer leur épingle du jeu, provisoirement.
Mais les interventions de la FED, ce mercredi, qui a annoncé qu’elle ne recourrait pas aux taux négatifs, et qui pronostique une crise longue, ont commencé à doucher les espoirs. Cette apparente inertie de la Fed (en tout cas son indifférence aux attentes des investisseurs) a amplifié le mouvement de correction commencé lundi.
Mais il faut faire preuve de prudence : tous les impacts de la crise ne sont pas encore connus et quantifiés, il convient donc de ne pas engager des ressources qui pourraient mettre en danger la situation financière des organismes d’assurance.
Bruno Le Maire Tweet
La bourse intègre la réalité avec retard
Sur le fond, le mouvement baissier, insistons sur ce point, est logique et incontournable. L’économie mondiale sera dans une récession sévère en 2020. De nombreux défauts et de nombreuses défaillances devraient intervenir cette année, notamment aux États-Unis. Une correction boursière est donc naturelle. Toute la difficulté est de savoir quelle en sera l’ampleur.
Personne ne dispose d’une boule de cristal capable de voir l’avenir avec une précision parfaite. Mais de nombreux experts sont pessimistes, et nous sommes intimement persuadés que le CAC 40 passera, à l’automne, sous la barre des 3.600 points. Dans les prochains mois, au fur et à mesure de la dégradation des indicateurs économiques, cet effondrement paraîtra naturel.
Un maintien en trompe-l’oeil jusqu’à l’été
L'agence de notation (Fitch), rappelant avoir déjà abaissé les notes de 29 pays depuis le début de l'année, souligne que le record de 2017 est déjà égalé puisque trois pays - le Liban, l'Equateur et l'Argentine - sont déjà en situation de défaut.
Dépêche Tweet
La saison des dettes souveraines va commencer
La correction sur les marchés devrait être amplifiée par l’autre crise qui se tapit dans l’ombre et devrait surgir dans les mois à venir : celle des dettes souveraines. Les pronostics vont bon train sur cette autre pandémie qui devrait sévir prochainement. Pour l’instant, les pays de l’Union Européenne ne sont pas directement concernés, et les défauts qui se multiplieront dans le monde pourraient paradoxalement faire de nos dettes des valeurs refuges, même si elles sont risquées.
Il n’en demeure pas moins que la tempête devrait souffler cette année, et que les investisseurs devront choisir entre la peste et le choléra. Ce n’est pas la posture qui incite le mieux à agir, ni à prendre des risques haussiers.
Rester à l’écart du marché actions
En attendant, donc, cette année mouvementée (déjà bien entamée…), la prudence est de ne pas céder à une prise de risque inconsidérée en se positionnant sur le marché actions. Les cours devraient être chahutés dans les semaines à venir, et le pire est à craindre.
Placer ses liquidités sur les marchés mobiliers est un exercice hautement risqué par les temps qui courent.