Le dĂ©part de Castaner est Ă peu près inĂ©vitable aujourd’hui, tant son bilan est calamiteux et son maintien en poste urticant pour l’ensemble du pays, et tout particulièrement pour les policiers eux-mĂŞmes. De longue date, Nicolas Sarkozy pousse la candidature de FrĂ©dĂ©ric PĂ©chenard, lui-mĂŞme flic, et ami de longue date. Mais la candidature de Jean-Michel Fauvergues paraĂ®t bien plus intelligente et plus prometteuse. Voici pourquoi.Â

L’Ă©viction de Castaner paraĂ®t dĂ©sormais inĂ©vitable. Ses sorties mal ajustĂ©es sur les suspensions de policiers en cas de “soupçon de racisme”, corrigĂ©es par Nunez, puis par lui-mĂŞme en “soupçon avĂ©rĂ©”, ont montrĂ© un ministre bien mal assurĂ© après deux ans ou presque passĂ©s place Beauvau. Si l’on se souvient de son soutien sans faille aux forces de l’ordre qui tiraient Ă bout portant Ă coups de LBD sur les Gilets Jaunes dans les manifestations, on ne peut que constater une absence totale de vision de l’ordre public et une incompĂ©tence dĂ©montrĂ©e de Christophe Castaner dès lors qu’il s’agit de maintien de l’ordre.
Mais par qui le remplacer ? Dans l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, nous pensons que la candidature de l’ancien patron du RAID, Jean-Michel Fauvergues, serait bien meilleure que celle de FrĂ©dĂ©ric PĂ©chenard.Â
FrĂ©dĂ©ric PĂ©chenard… un proche de Sarkozy
Depuis plusieurs mois, Nicolas Sarkozy ne cesse de faire de la retape auprès d’Emmanuel Macron pour qu’il nomme FrĂ©dĂ©ric PĂ©chenard ministre de l’IntĂ©rieur. Entre les deux hommes, l’amitiĂ© n’est pas nouvelle. Ils sont connus Ă Neuilly, oĂą ils Ă©taient voisins. PĂ©chenard est donc un proche de Sarkozy et probablement l’un de ceux qui le connaissent intimement depuis le plus longtemps, non seulement sur la scène politique, mais mĂŞme sur un plan personnel.Â
Sans cette proximitĂ©, le commissaire PĂ©chenard aurait-il connu la carrière qui est la sienne ? Impossible de rĂ©pondre facilement Ă cette question. Mais il est un fait que PĂ©chenard est promu contrĂ´leur gĂ©nĂ©ral de la police (le grade suprĂŞme) Ă 49 ans en 2004… alors que Sarkozy est ministre de l’Économie et pas encore ministre de l’IntĂ©rieur.Â
Quelques jours après l’Ă©lection de Sarkozy Ă l’ÉlysĂ©e, PĂ©chenard est promu directeur gĂ©nĂ©ral de la police nationale. Son passage dĂ©finitif en politique se fait ensuite dans le sillage direct de Nicolas Sarkozy, dont il est l’un des plus fidèles lieutenants aujourd’hui.Â
Sans surprise, Sarkozy fait donc sa promotion auprès de Macron.Â
"À chaque fois que vous parlez à un homme politique, il vous met en avant les effectifs en sautant sur sa chaise. Le sujet n'est pas là , le sujet est quelle mission on veut pour la police nationale. Après, en fonction des missions, quels moyens ?"
Frédéric Péchenard, octobre 2019 Tweet
Frédéric Péchenard, un dépensier conservateur sans vision
Depuis de nombreuses annĂ©es, FrĂ©dĂ©ric PĂ©chenard incarne tout ce qui nous fait fuir dans la droite : l’absence de vision et d’audace, un conservatisme dĂ©pensier dĂ©sespĂ©rant, fondĂ© sur l’idĂ©e que la police ira mieux si on lui accorde plus de moyens. Pour que l’État fonctionne mieux, il faut augmenter les dĂ©penses, et ne surtout pas bousculer l’encadrement et la hiĂ©rarchie, cette vieille aristocratie qui gouverne de droit divin.Â
Il est frappant de voir qu’en octobre 2019, PĂ©chenard (qui a toujours Ă©vitĂ© d’annoncer des rĂ©formes de structure, surtout dès lors qu’elles visaient Ă reprendre en main le commandement de la police) se faisait encore l’avocat d’une augmentation des moyens de la police sans Ă©voquer les problèmes d’organisation que celle-ci rencontre.Â
Bref, PĂ©chenard, c’est le discours du toujours plus qu’on connaĂ®t bien avec le SNES Ă l’Éducation Nationale. Et on a un gros doute sur le fait que le personnage, sans le soutien de Sarkozy, soit arrivĂ© Ă ce rang avec ce genre de discours de syndicaliste.Â
Le problème de la police, c’est son commandement, pas ses moyens
Pourtant, plus le temps passe, et plus on s’aperçoit que le problème majeur de la police ne tient pas Ă son prĂ©tendu manque de moyens, mais bien Ă l’incapacitĂ© de la hiĂ©rarchie Ă manager les services. Cette incompĂ©tence profonde des hauts fonctionnaires de la police, tous politisĂ©s comme PĂ©chenard, est apparue au moment de la crise des Gilets Jaunes. Il Ă©tait frappant de voir des milliers de CRS et de gendarmes mobiles mal commandĂ©s, le 3 dĂ©cembre 2018, rivĂ©s au sol, serrant les mains de Castaner et de Nunez, pendant que les Gilets Jaunes prenaient l’Arc de Triomphe d’assaut et le vandalisaient.Â
Quel cerveau insuffisant avait fixĂ© au sol les meilleures troupes autour de l’ÉlysĂ©e, pendant que le maintien de l’ordre Ă©tait confiĂ© Ă quelques brigades mal prĂ©parĂ©es ? Cette police-lĂ est fautive, parce qu’elle n’est pas encadrĂ©e, et ce n’est pas un PĂ©chenard qui va y changer quelque chose.Â
Il faut, pour rĂ©cupĂ©rer le morceau, un rĂ©formateur intelligent.Â
"Si vous ajoutez police et gendarmerie, la France est un des pays les plus fliqués d'Europe. Pourtant, on a des problèmes d'effectifs car ces effectifs sont pris à des tâches de bureau, et car vous avez des unités en double, en triple, en quadruple, avec la préfecture de police de Paris, la direction générale de la gendarmerie nationale, la direction générale de la police nationale. Il faut arriver à mettre de l'ordre dans cette maison."
Jea-Michel Fauvergues, octobre 2019 Tweet
Jean-Michel Fauvergues, le réformateur dont la police a besoin
C’est ici qu’intervient l’ancien patron du RAID. Devenu dĂ©putĂ© LREM en 2017, Fauvergues est l’auteur d’un rapport signalĂ© sur le continuum de sĂ©curitĂ© et sur la sĂ©curitĂ© globale.Â
Ce rapport propose une vraie vision globale de la sĂ©curitĂ© en France et consolide d’authentiques pistes de rĂ©organisation. De notre point de vue, c’est l’une des analyses les plus solides du moment.Â
Surtout, Fauvergues a le bon sens de ne pas se perdre dans le discours habituel du “il faut plus de moyens”, mais de poser le sujet qui compte : la reprise en main et la mise au travail de l’administration centrale de la police. C’est le sens des propos qu’il tenait en octobre 2019, au moment oĂą PĂ©chenard plaidait pour une augmentation des moyens.Â
Comme Fauvergues le disait très bien, le sujet numĂ©ro un de la police, c’est la charge bureaucratique qui pèse du fait de sa suradministration par des directions sclĂ©rosĂ©es.Â
On ne peut pas dire mieux. Ce sujet est le mĂŞme qu’Ă l’Éducation Nationale ou dans les hĂ´pitaux publics.Â
Macron osera-t-il rĂ©former l’État pour le rendre plus efficace ?
In fine, le dĂ©bat que pose Fauvergues est celui de la rĂ©forme de l’État. PĂ©chenard fait partie de ceux qui veulent l’enterrer, notamment par peur d’affronter leurs petits camarades et de perdre ainsi des soutiens. Or cette connivence, cet esprit courtisan, cette dĂ©magogie de la flatterie et de l’entre-soi, qui tuent l’État et dĂ©sespèrent les Français.Â
Macron a toujours promis qu’il s’attaquerait au gouvernement profond qu’est la technostructure, mais il ne l’a jamais fait. Le choix du successeur de Castaner sera un test très Ă©loquent sur ce sujet.
Ce n’est pas tellement la peine de retenir votre souffle.
La tentation de « trianguler » est trop grande. Il va prendre Péchenard pour faire plaisir à la droite.
Certes Jean-Michel Fauvergues est excellent sur papier. Mais Ă ce compte-lĂ Jerry Salomon aussi Ă©tait le meilleur Directeur de la SantĂ© Ă la lecture de son supposĂ© merveilleux rapport de 2016. On a vu la suite. Très vite les rapports sont envoyĂ©s aux archives et la bureaucratie socialo toute puissante s’impose au bras de fer. Seuls les grands politiques comme il n’y en a plus peuvent renverser la table. Clairement ça n’arrivera pas sous maqueron Castafiore pathĂ©tique.