Un terrible carnage social (et entrepreneurial) arrive à une vitesse fulgurante. C’est le ressac causé par la zombification partielle de l’économie que le gouvernement a organisée avec sa pluie artificielle de billets de 500 euros sur le pays. Les aides dispensées depuis plusieurs mois deviennent autant de pièges pour les employeurs, qui risquent de se retrouver dans une situation pire qu’au mois de mars.
Le carnage social arrive, et risque d’être bien pire qu’on ne le redoutait. La faute aux aides distribuées depuis mars pour amadouer l’électeur et calmer le climat social, qui repousser d’autant les ajustements nécessaires et les rendent d’autant plus douloureux.
Le grand carnage social arrive
La rentrée n’est pas encore arrivée, et déjà le pire s’annonce. Le mois de septembre devrait être destructeur pour le pays, piégé par les aides aveugles de l’État qui ont agi comme de la morphine sur un cancéreux : la douleur disparaît, mais les métastases progressent, dissimulées par l’apparent bien-être que procure le médicament.
Ainsi, les prêts garantis par l’État (PGE) se transforment en véritable machine infernale : les entreprises qui en ont bénéficié doivent désormais le rembourser. Mais, trois mois après le déconfinement, l’activité n’a pas repris comme on l’imaginait, et les entreprises n’ont guère les moyens de faire face à cette nouvelle dette.
On lira ici les propos du patron de Brittany Ferries, aux abois, qui explique chiffres à l’appui pourquoi, malgré un prêt garanti de 117 millions, un plan de licenciement collectif est inévitable. Avec une perte de chiffre d’affaires de 250 millions €, la catastrophe est inévitable. Et le remboursement du prêt impossible sans une réduction des cotisations sociales.
Ce qui vaut pour cette grande entreprise vaut également pour une myriade d’entreprises plus petites, voire très petites. Les prêts ont permis de tenir quelques mois. Mais, à l’heure du remboursement, la situation n’a guère changé. La reprise promise n’a pas eu lieu. Et maintenant, l’heure des comptes arrive.
« En juillet-août, nous avons généralement 800 000 passagers. Cette année, c'est moins de 200 000…, explique Christophe Mathieu », directeur général de Brittany Ferries. « La situation était déjà compliquée avant, poursuit-il. Suite au confinement, nous avons bénéficié d'un prêt garanti par l'Etat de 117 millions d'euros. Mais c'est clair, cette dette va être très difficile à éponger sans avoir recours à des mesures drastiques. Voilà pourquoi nous tirons la sonnette d'alarme et attendons une réponse concrète. » Et d'en appeler aux pouvoirs publics pour obtenir un allègement des charges salariales et patronales pendant un temps, afin de pouvoir rembourser ce prêt de l'Etat. « On peut déjà dire que nous allons perdre au bas mot 250 millions d'euros de chiffre d'affaires par rapport à 2019 », ajoute Christophe Mathieu.
Le Parisien Tweet
Dire la gravité des choses
On reconnaîtra au Parisien le courage de dire les choses que le gouvernement, avec ses réflexes propres à la bourgeoisie d’État, cherche à cacher. Ainsi, le patron d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, a-t-il le mérite, dans une interview, de dire la gravité de la situation :
“Être clair et transparent sur les défis à relever, les enjeux économiques, les impacts sociaux et les mesures à adopter pour en limiter l’impact. Ce qui vaudra peut-être parfois de passer par des ajustements d’effectifs, pour s’adapter à une demande en chute libre. Si je prends l’exemple d’Airbus, dont je suis administrateur, le patron Guillaume Faury tient un discours de vérité à ses salariés, en expliquant comment réagir pour être au rendez-vous d’une reprise qui arrivera à un moment ou à un autre.”
Traduction : les licenciements massifs sont inévitables. Mais, en dehors des patrons, personne ne le dit clairement.
Bruno Le Maire à côté de la plaque
De toutes parts, les chefs d’entreprise demandent au gouvernement de réagir par un plan de relance rapide, et surtout par des mesures fiscales ou économiques comme la prorogation des prêts garantis. Face à cette urgence, on mesure brutalement toute l’inconsistance de Bruno Le Maire. Non seulement le ministre de l’Économie n’a pas engagé le bras-de-fer qu’il fallait pour empêcher le report du plan de relance à la semaine prochaine, mais sa compréhension des problèmes de prêts garantis semble faible.
La prorogation des prêts se fera à des taux compris entre 1 et 3%, vient d’annoncer le ministre. Soit les taux du marché. Autrement dit, le gouvernement n’a rien obtenu des banques. Les employeurs qui se sont endettés pour préserver leur activité en ressortent avec une dette de plus.
"Depuis plusieurs semaines, je négocie avec les banques un taux le plus attractif possible au-delà de la première année"
Bruno Le Maire Tweet
Comment les aides du gouvernement aggravent la crise
Plusieurs mois après la fameuse phrase du “quoi qu’il en coûte” d’Emmanuel Macron, la situation des entreprises se voit donc plombée par les aides du gouvernement. Celles-ci reposaient sur la conviction que la crise serait de courte durée et déboucherait sur une reprise rapide.
Comme nous l’avions indiqué depuis plusieurs semaines, il s’agissait bien sûr d’une illusion de technocrate. La reprise n’est pas venue et l’économie française entame un lent mouvement d’effondrement. Nous avons beaucoup répété, à cette époque, aux chefs d’entreprise, que le bon sens commandait de liquider son activité dès la crise, au lieu d’attendre que les pertes et les dettes se creusent.
La suite des événements nous donne malheureusement raison. Ceux qui ont hésité à arrêter leur activité l’ont reprise en perdant de l’argent… et en comptabilisant de nouvelles dettes, sans espoir de “recovery” rapide. C’est l’effet de zombification de l’économie propre à l’intervention de l’État : on maintien artificiellement en vie des entreprises qui accumule les pertes, au lieu d’allouer les moyens publics au service des activités d’avenir.
Des baisses d’impôts qui profiteront aux grandes entreprises
Parallèlement, le gouvernement annonce son intention de maintenir les baisses d’impôts sur la production pour les entreprises. Mais comme l’a souligné le nouveau président de l’U2P, cette mesure profitera essentiellement aux grandes entreprises et sera sans effet notable sur les plus petites d’entre elles. Une fois de plus, donc, Bercy servira la soupe aux plus grands acteurs de l’économie, et passera les plus petits à la trappe.
C’est pourtant eux qui souffriront le plus au moment de rembourser les prêts garantis… s’ils sont encore en place à ce moment-là.
Dans tous les cas, la rentrée devrait donner lieu à ces plans de licenciement dans les grandes entreprises, et à un véritable passage des plus petites à l’eau de Javel. Le décrochage économique de la France sera durable.
Les français ont choisi en 2017 le Mozart de l’économie, le Petit Prince de l’union européenne, comme le leur ont asséné les médias. He bien dans deux ans, ceux qui sont encore debout, pourront changer leur vote. Patience les gars, fallait pas croire au Père Noël en 2017