Edouard Husson s’interroge aujourd’hui sur l’avenir du couple franco-allemand, et sur l’instrumentalisation consciente de cette relation au service de l’industrie et de l’économie d’Outre-Rhin. Ces éléments cyniques sont dévoilés par les documents stratégiques du patronat industriel allemand, qui ne cache pas son intention d’utiliser la relation avec la France pour augmenter ses profits et son emprise sur l’Europe.
Le patronat allemand cadre, sept mois avant les élections, la politique économique du successeur d’Angela Merkel.
Le BDI, puissante fédération du patronat allemand, fixe, à sept mois du départ de Madame Merkel, le cadre de politique économique dont le prochain gouvernement ne devra pas sortir. L’Allemagne doit s’affirmer plus que jamais comme une nation industrielle.
La priorité doit être donnée (i) à des investissements massifs dans les infrastructures, le digital, l’énergie verte et l’espace ; (ii) une priorité donnée aux PME et aux ETI (iii) à un engagement plus efficace de l’Allemagne dans les institutions européennes ; (iv) à une réforme de l’OMC et un engagement sans faille pour la mondialisation.
Nos dirigeants devraient prendre le temps de lire ce document qui indique discrètement que la France n’est plus aussi indispensable à l’Allemagne en Europe.
Tourner la page de l’ère Merkel
Nous ne sommes pas habitués, en France, à ce mode de relations entre le patronat et le pouvoir politique. A sept mois des élections législatives, qui auront lieu le 26 septembre 2021, la très puissante Fédération de l’Industrie allemande (Bundesverband der Deutschen Industrie) publie un document-cadre dont le titre contient un hashtag significatif : #WirMachen, qui peut se comprendre à la fois comme « Nous fabriquons » et « Nous agissons ».
Il faut y voir une critique implicite à Madame Merkel, chancelière depuis 2005, qui a décidé de ne pas se représenter, au terme d’un quatrième mandat. Beaucoup de représentants du patronat allemand considère l’ère Merkel avec des sentiments mitigés. La Chancelière aurait largement vécu des réformes de son prédécesseur, Gerhard Schröder (dont l’un des surnoms était justement le « Macher », celui qui agit). Le BDI avait modérément apprécié la manière dont, en 2011, la Chancelière avait décidé sans consulter les entreprises, de sortir de l’énergie nucléaire. Plus récemment, le patronat allemand a reproché à Madame Merkel de ne pas chercher plus activement, tout au long des négociations, un moyen d’empêcher le Brexit.
Les messages envoyés sont donc extrêmement clairs, à l’adresse du successeur de Madame Merkel et du gouvernement qu’il dirigera.
Oui, disent les auteurs du document, l’Allemagne s’engage à réaliser, avec ses partenaires européens, une économie décarbonée d’ici 2050. Mais cela ne peut pas se faire, désormais sans l’industrie.
Plus généralement, sur l’ensemble des sujets abordés, le message est martelé, il faut investir massivement, en centaines de milliards. L’Allemagne a pris du retard, sous le gouvernement de l’actuelle Chancelière : ses autoroutes et infrastructures sont vétustes, son économie digitale est encore embryonnaire, son investissement dans la recherche fondamentale et appliquée est encore insuffisant pour que l’Allemagne puisse réaliser ce qui doit être son ambition : « être un pays des leaders technologiques et des innovateurs ».
Mieux se servir de l’outil « Union européenne » au service de l’ambition industrielle allemande
La Fédération de l’Industrie allemande sait bien que la seule façon pour l’Allemagne de mobiliser les sommes nécessaires à ses investissements, c’est de garder une économie réalisant des surplus massifs à l’exportation. D’où la nécessité de se battre pour maintenir une économie mondiale ouverte aux exportations des Entreprises de Taille Intermédiaire, qui sont les champions exportateurs allemands. L’Allemagne doit être motrice dans une réforme de l’OMC, à la fois pour en simplifier les procédures et pour veiller à ce qu’aucun pays n’ait la tentation de revenir au protectionnisme. Berlin, en l’occurrence, n’agira pas seule mais au sein de l’Union Européenne, pour peser plus.
Les dirigeants français feraient bien de lire attentivement ce texte. On n’y parle pas de « souveraineté européenne » mais de « souveraineté allemande » et de « puissance européenne », à renforcer sans cesse pour permettre à l’Allemagne de remplir ses objectifs.
Il est amusant que le site « Euractiv », en traitant du document du BDI, ait insisté sur la partie écologique, alors que c’est la partie consacrée à un meilleur fonctionnement de l’Union Européenne, qui devrait attirer l’attention. La Fédération du l’Industrie allemande est très claire sur son désir de « débureaucratiser » beaucoup des procédures au sein de l’UE. Elle souhaite que le gouvernement allemand se serve moins de la Commission et plus du Conseil. Berlin devrait se focaliser plus, expliquent les auteurs, sur la construction de majorités efficaces au sein du Conseil Européen, que les gouvernements de Madame Merkel auraient trop négligé. Il est recommandé, en particulier, de passer à la majorité pour les décisions concernant la politique étrangère commune de l’UE. Charge à Berlin de constituer les majorités nécessaires à ses thèses.
Aide toi, l’Europe t’aidera !
Les dirigeants français feraient bien de méditer l’une des phrases insérées en passant dans le document : « Une étroite concertation franco-allemande reste centrale pour arriver à des décisions dans l’UE. Mais elle doit être complétée par d’autres Etats-membres de diverses tailles et de différentes régions ». Une façon diplomatique d’indiquer que l’Allemagne doit se préoccuper de constituer des majorités conformes à ses intérêts avant de se préoccuper du point de vue français.
Le document du BDI devrait servir d’avertissement : puisque nos gouvernements successifs aiment se référer au « modèle allemand », sont-ils prêts à copier, pour la France, la stratégie recommandée par le patronat allemand : tout faire pour investir massivement dans l’industrie et pour peser dans le sens des intérêts nationaux au sein des institutions de l’UE. « Aide toi, l’Europe t’aidera ! »
La triste réalité française=
-La chute de l’agriculture française et ce n’est pas fini (France2 12 janvier 2018), « Historiquement, la France était la grande puissance agricole européenne […], aujourd’hui elle a rétrogradé en 5e place ». cliquez pour écouter la suite : https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/video-l-angle-eco-la-chute-de-l-agriculture-francaise_2548377.html et sur Facebook = https://www.facebook.com/france2/videos/10156996423347598/UzpfSTk1NzUwOTQ3NTk3OlZLOjEwMTU2OTk2NDIzMzQ3NTk4/
– « L’abandon de notre industrie se poursuit avec un cynisme inqualifiable » cliquez pour lire la suite= https://www.entreprendre.fr/labandon-de-notre-industrie-se-poursuit-avec-un-cynisme-inqualifiable/
– Enquête sur Livre de Vincent Jauvert journaliste « Les voraces » de la République – C à Vous – 16/01/2020 cliquez pour écouter la suite : https://www.youtube.com/watch?v=cO4KBsQl_2Y&feature=youtu.be&fbclid=IwAR0tz05IXwIfVGojetRxhp-TfiUHI4oH_ofGS7npXxL91-eBxVpe8J9Nl5U
La réponse des élus devrait passer par la valorisation de solutions basées sur l’innovation et l’investissement, les économies de gestions à réaliser et non, par le traditionnel ‘nouvelles taxes’ et arrosages de subventions fiscales, et non par le développement de la peur. Pour les dirigeants d’un pays le temps long doit primer sur les solutions de court terme
La sélection naturelle est en train de s’opérer, comme dans la nature !
La France en déclin, maillon faible de l’Europe, va être abandonnée à son destin, comme un animal affaibli, malade, qui ne peut plus suivre le groupe !
Les prédateurs de ce monde l’ont bien compris et ce n’est pas avec les pitres et traîtres qui “nous gouvernent” que l’on s’en sortira !
Alors le patronat allemand sera le fossoyeur de l’Europe s il pense que les peuples le suivront dans ses desiratas politique. A l’image de son souhait décisionnel a la majorité, cela ne passera jamais aupres des peuples car c’etait une des conditions sine qua none de la construction européenne..
J’ai travaillé pendant de nombreuses années avec les Allemands : ils nous méprisent (nous, les Français) au plus haut point et ne s’en cachent d’ailleurs pas. “Vous les Français, vous n’arriverez jamais à rien” se plaisait à dire le directeur de l’usine à qui, pourtant, je donnais du travail. Mais, de son point de vue, je devais déjà être heureux qu’il accepte de travailler pour nous. Et notez bien que l’allemand ne fait jamais d’erreur. Jamais. Quand il se trompe, il ne le reconnait pas et la note est pour vous. CQFD. Aujourd’hui nous ne travaillons plus avec eux. Notre partenaire britanique nous respecte, nous écoute et fait en sorte de nous satisfaire au mieux. Il est aussi bien plus performant qualitativement parlant. Bref, c’est le jour et la nuit avec les Allemands. Et malgré le Brexit, nous ne reviendrions certainement pas en arrière.
De mon coté, cela fait 15 ans que je travaille en Allemagne, pour une entreprise allemande, et je ne vois aucun problème d’attitude envers les Francais.
Alors oui ils nous considèrent (ce que je vois autour de moi) comme étant bordéliques (on peut aussi regarder comment les Francais considèrent leurs voisins Européens).
Mais une fois au boulot ca se passe bien.
Ils ont aussi du respect pour les Francais, qui ne se laissent pas faire et manifestent.
Je dois dire que j’ai aussi eu des contacts avec des entreprises allemandes extremement arrogantes, mais elles l’étaient avec tout le monde (Allemands inclus).
Madame, Monsieur,
Votre revue est intéressante mais un effort en faveur de l’adoption de termes français en lieu et place des anglicismes que vous employez serait appréciable. Quelques exemples :
“digital”, pourquoi ne pas privilégier le mot français “numérique”. Même chose pour “hashtag”, dont l’équivalent français est “mot-dièse”.
Une newsletter en français c’est au choix : une ‘lettre d’informations” ou en plus court une “lettre infos” ou une “infolettre”.
Quant à votre rubrique “great reset”, pourquoi ne pas utiliser à la place l’une des 2 expressions suivantes : “grande réinialisation” ou “grande relance” selon celle qui vous semblerait la plus appropriées.
Bonjour, et pour compléter ce qu’écrit « Mansuy » abandonnons Google, Bing … au profit du français Qwant que notre ministre chargé du numérique n’est pas capable de valoriser.
Pour qui sait voir, tout est signe. Depuis 1871, les “élites” française, du moins une partie notable, a presque toujours fricoté avec l’Allemagne. L’histoire dite “européenne” est scandée par les mauvaises relations avec l’Allemagne, surtout quand on veut à – tout prix – qu’elle soient bonnes … Le ton aura été donné quand les “élites” françaises apprécièrent que l’armée allemande puisse les aider à se débarrasser des Communards, c’était en 1871. Le ton était donné, à quelques exceptions près pour, aujourd’hui ça fait 150 ans de relations française suspectes et fourbes avec l’Allemagne.
Cette courte vidéo de François Asselineau tombe à pic et rappelle quelques faits récents dans ce type d’affaire toujours au dépens de la France et ses médias aux ordres et évidemment muets …
https://www.upr.fr/actualite/150-ans-apres-lecrasement-de-la-france-et-la-creation-du-iie-reich-lallemagne-renove-la-statue-colossale-de-bismarck/