La France (et ses grands investisseurs institutionnels) est-elle incapable de gérer une crise économique comme celle que nous traversons, faute d’une vision d’avenir et d’un dépassement du court-termisme conformiste de ses dirigeants ? Les incertitudes qui pèsent sur le groupe Comexposium et sur ses 900 salariés en constituent la meilleure illustration.
Comexposium est le leader français du marché de l’événementiel (c’est ce groupe qui organise le Salon de l’Agriculture, notamment), et le numéro trois mondial, ce qui constitue une performance intéressante. Cette place de l’événementiel français dans la concurrence internationale devrait justifier une attention particulière portée notamment par les « zinzins », les investisseurs institutionnels, à l’avenir de ce champion lourdement endetté. En l’espèce, le capital est aujourd’hui détenu par Predica, filiale assurance du Crédit Agricole, et par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris.
Pour réaliser une croissance rapide avant que le coronavirus ne vienne bouleverser la donne et torpiller l’activité de ce secteur, Comexposium a en effet largement sollicité une quarantaine de banques pour satisfaire sa boulimie d’achats externes. Avec une perte de chiffre d’affaires de 75% due au confinement, le groupe fait face, depuis un an, à un délicat problème de trésorerie. Le recours à une procédure de sauvegarde, déjà prolongée une fois, a permis de geler les remboursements de ces 580 millions € qui constituent désormais un fardeau compliqué à porter.
Une solution américaine qui pourrait relancer les affaires
Face au désastre qui s’annonce, les créanciers, à l’exception du Crédit Agricole, ont choisi de céder leur créance à deux fonds américains, qui ont le mérite de proposer un deal d’avenir. Avec les deux prêteurs historiques que sont KKR et Hayfin, ils entendent injecter 175 millions € pour assainir l’activité, et échanger la moitié de la dette contre des titres.
Il s’agit d’une véritable aubaine pour les acteurs de Comexposium, mais qui revient à diluer la part des actionnaires majoritaires. C’est probablement pour cette raison que ni ces actionnaires, ni le management de l’entreprise lui-même n’ont pour l’instant fait part de leurs intentions sur ce projet qui sauverait les emplois du groupe.
Les zinzins français savent-ils investir dans l’avenir ?
Ce silence devient anxiogène, puisque nul ne sait si le management va prolonger pour six mois supplémentaires, à compter de septembre, le plan de sauvegarde qui suspend les remboursements des prêts, ou s’il va entrer dans une phase résolutoire avec un plan social qui serait douloureux. On tient là l’illustration d’une véritable difficulté propre aux investisseurs institutionnels français à prendre la mesure de leur responsabilité sociale.
On comprend bien, en effet, que l’intérêt immédiat des actionnaires ne soit pas de diluer le contrôle du capital. Mais l’intérêt de l’entreprise est manifestement ailleurs. Il consiste bien entendu à pérenniser son activité par un apport d’argent frais et par un rééchelonnement de la dette.
Alors, intérêt de l’actionnaire ou intérêt de l’entreprise ? On retrouve ici un traditionnel dilemme des investisseurs français, qui se satisferaient volontiers de statu quo que la crise a rendus intenables. Et face à la nécessite de sortir de l’ambiguïté, on voit bien la tentation de sacrifier l’intérêt de l’entreprise sur l’autel d’une stratégie patrimoniale à courte vue. À moins, bien entendu, que les actionnaires ne souhaitent mettre eux-mêmes la main à la poche.
Cette affaire est tout à fait emblématique d’un malaise très français, où les investisseurs institutionnels peuvent parfois préférer le chômage et « la casse », plutôt que de lâcher la moindre concession pour résoudre les crises.
C’est une affaire d’algorithmes financiers car si pas de salons, expos…et une économie qui se casse la gueule, ils auront beau retourner les chiffres dans leurs calculettes de pointe
0+0=0 la tête à TOTO
Et personnellement, qu’ils c*…ent, vite et très vite