Un gouvernement allemand pourrait voir le jour plus vite que prévu. La plupart des commentateurs connaissent mal l'Allemagne et courent après les événements. Certes le résultat a été très serré, hier. Malgré tout, la logique des choses veut que Olaf Scholz, tête de file du SPD, devienne le premier chancelier. Le FDP et les Verts, avec lesquels il constituera une coalition, étant faiseurs de roi, n'ont pas intérêt à faire traîner la négociation. d'autant plus que se profile, à partir de janvier la présidence française de l'Union Européenne. Et le système politique allemand ne voudra pas prendre le risque de voir Emmanuel Macron faire cavalier seul face à une Allemagne sans gouvernement.
Il est de bon ton, depuis hier soir, dans les médias français, de s’étonner du résultat électoral allemand et de dire que l’Allemagne va mettre longtemps à constituer un nouveau gouvernement. Après l’élection législative de septembre 2017, en effet, il avait fallu six mois à une Angela Merkel affaiblie pour constituer un nouveau gouvernement. Cependant, nous ne pensons pas que cette histoire va se répéter. Pour cinq raisons.
Les cinq raisons pour lesquelles l'Allemagne aura un gouvernement début novembre
- Le système politique allemand a envie de sortir, collectivement, de l’immobilisme des années Merkel. Il n’y a qu’en france qu’on croit que la Chancelière fait l’unanimité en Allemagne. Elle a été mal réélue en 2017 et beaucoup d’Allemands se sont déplacés aux urnes (participation en hausse de 77%) pour relancer la vie politique.
- Olaf Scholz est arrivé en tête, avec le SPD, parce que sa personnalité plait plus aux Allemands que celle d’Armin Laschet, tête de liste de la CDU. Scholz a la réputation d’un homme énergique. il n’a pas intérêt à perdre cette image.
- Le FDP et les Verts, qui constitueront le gouvernement avec soit la CDU soit le SPD, n’ont pas intérêt à perdre le levier que leur donne leur position de “faiseur de roi” ou plutôt de Chancelier. Là aussi, leur image pourrait se détériorer s’ils trainaient trop. Evidemment, cela veut dire qu’ils s’entendent entre eux, malgré tout ce qui oppose un parti libéral, proche de l’industrie, et un parti écologiste qui possède son aîle idéologique. Néanmoins l’intérêt devrait l’emporter.
- La CDU d’Angela Merkel, et son allié bavarois, ont clairement perdu l’élection du fait de leur chute de 8 points tandis que le SPD montait de 5 points. Même si Armin Laschet se bat pour imposer l’idée qu’il pourrait constituer une coalition avec les Verts et les Libéraux qui soit plus naturelle que celle des mêmes avec le SPD, néanmoins, la dynamique n’est pas de son côté et des voix commencent à s’élever dans son propre parti qui appellent à sa démission.
- L’Allemagne ne voudra pas être sans gouvernement alors que la France s’apprête à la fois à entrer en campagne présidentielle et à prendre la tête de l’Union Européenne. Les Allemands voudront qu’il y ait un gouvernement allemand capable de résister aux tentations qu’éprouvera Emmanuel Macron de pousser à des dépenses européennes (qui serviraient son ambition électorale en France).
Pour toutes ces raisons, nous pensons que le prochain gouvernement allemand émergera plus vite que prévu des pourparlers entre partis.
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