Allez, y’ a pas de raison, pousse-toi de là que je m’y mette ! Le 2 mars, la présidente Géorgienne annonce sa volonté de demander une adhésion accélérée à l’union européenne et hier, la Moldavie a officiellement signé sa demande de candidature. Mais quelle est cette procédure dont personne n’a jamais entendu parler mais dont tout le monde veut bénéficier ? Le problème quand on accorde une exception, c’est souvent que le voisin s’estime en droit d’en faire une généralité. Il ne faudrait cependant pas négliger les liens complexes qu’entretient la Russie avec ces nouveaux candidats.
Je vous rappelais récemment les procédures très lentes d’adhésion à l’UE. L’état actuel du droit européen nous fait dire qu’il n’est pas possible de créer une procédure d’urgence mais la Commission est en train de tenter un nouveau coup de force.
Réalités économiques
Pendant mes cours de droit européen mes professeurs m’avaient expliqué qu’il était pratiquement impossible de sortir de l’UE, et il y a eu le Brexit. J’ai appris des tonnes de procédures bien longues (et bien chiantes) – et voilà qu’on en a plus besoin. Je ressens une certaine frustration, je ne vous le cache pas !
Blague à part, je perçois ces demandes de candidature comme des effets d’annonce pour l’instant, l’unanimité des 27 pays membres étant requise pour accueillir un nouveau copain – et il y a tout de même une certaine réalité économique que des pays contributeurs nets de l’UE (l’Allemagne, pour ne citer personne) vont finir par rappeler à Ursula en allant lui taper sur l’épaule (même si je n’exclus pas qu’on devienne tous fous entre temps).
A titre d’exemple, les salaires moyens des pays candidats sont les suivants :
Bonjour le Dumping social et la directive travailleurs détachés !
Dans le cadre du Partenariat oriental, l’Ukraine, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine ont signé des accords d’association et des accords de libre-échange avec l’Union européenne, mais sans garantie d’adhésion cependant.
Réalités géopolitiques
La Moldavie et la Russie, tout comme l’Ukraine, sont des territoires où se mélangent les influences pro-russes et pro- UE (on comprend aisément pourquoi) qui sont difficile à mesurer.
La Moldavie entretient des liens très forts avec la Roumanie, 2/3 de sa population parlent roumain et des passeports roumains sont très facilement accordés aux citoyens moldaves qui le demandent. Cependant, la représentation de la ligne pro-russe au parlement n’est pas négligeable, on ne peut pas parler d’une minorité en tout cas.
Néanmoins en 2018, le président sortant (pro-russe) a perdu face à Maya Sandu (pro-UE) aux élections présidentielles.
Quant à la Géorgie, dès 1992 les régions pro-russes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud font sécession (l’appartenance de ces deux territoires sont à l’origine du conflit avec la Russie en 2008).
Là aussi il serait un peu rapide de parler d’une influence Russe minoritaire – même si ces deux territoires séparatistes ne sont pas très étendus – au nom de la survie économique du pays, la Géorgie ne s’est pas associée aux sanctions européennes à l’encontre la Russie.
Tout cela pour dire que le travail de déconstruction des liens avec la Russie ne se fera pas en un jour, malgré les effets d’annonce de l’UE.
Le risque pour nous de l’accession à l’UE de ces 3 pays reste la clause d’assistance mutuelle entre pays de l’UE prévue à l’article 42 § 7 du traité sur l’Union européenne. Avec 21 pays membres de l’OTAN dans l’Union nous serions potentiellement entrainés dans un jeu d’alliance militaire UE/OTAN contre la Russie en cas d’agression sur un territoire UE de cette dernière.